Le Nord industriel force la monoculture du Sud en développement

Cafeto in La Carona, Nicaragua.
(Photo: A Look Askance/Flickr)

La croissance économique « à tout prix » a conduit beaucoup de pays en développement, spécialement ceux de l'Amérique latine, à concentrer leur production agricole dans une variété limitée de cultures, et fréquemment dans une seule, forcés par la demande de nations industrialisées et en risquant la souveraineté et la sécurité alimentaires, selon le Rapport de Social  Watch 2012, que sera présenté vers la mi-décembre à New York.

La monoculture dans de vastes secteurs, les exploitations extractives et les grands projets énergétiques sont quelques aspects de la priorité qu'assignent les gouvernements à la croissance économique, a écrit Roberto Bissio, coordinateur de Social Watch et rédacteur responsable de l'étude.

« Les biocarburants, fréquemment considérés `verts', sont une grande cause de perturbation environnementale en Colombie, où le soutien gouvernemental à la monoculture agro-industrielle est la cause du déplacement de populations complètes de paysans de petite échelle », a expliqué Bissio dans le rapport, intitulé « le droit au futur ».

« Au Guatemala, la monoculture est de canne de sucre, une grande source aussi de biocarburants, et son exploitation industrielle a aussi conduit au déplacement de populations, à des violations de droits de l’homme et à la  déforestation », a ajouté. « Le café est le coupable au Nicaragua. Le pays dépend de son exportation, et l'expansion de cette culture épuise la fertilité du sol, en contaminant les ressources d'eau et en promouvant la déforestation, tandis que les paysans sont déplacés de leurs terres traditionnelles. »

Les explications de la croissance de ce modèle agricole dans une grande partie du monde en développement ont un exemple clair dans le rapport national de la Finlande dans cette édition de l'étude mondiale de Social Watch : « Il y a plusieurs exemples d'importantes entreprises finlandaises qui déclarent être des leaders mondiales en viabilité et ont établi des monocultures à une grande échelle d'eucalyptus (Stora Enso, UPM) et plantations de palmier d'huile (Neste Oil) dans le Sud global, ceux qui contribuent au déplacement de Communautés et l'appropriation de terres à une grande échelle », indique l'étude écrite par Otto Bruun, du Service Centre for Development Cooperation Finland (KEPA).

 

Ensuite quelques passages des apports nationaux au Rapport de Social Watch 2012 sur les causes et les conséquences des monocultures :

 

Argentine : Le royaume du soja et les oléagineux

 

L'agriculture est un des piliers principaux de l'économie argentine. L'augmentation internationale des prix de produits du secteur a favorisé l'approfondissement du modèle de production agricole à l'échelle industrielle, dans lequel règne actuellement la monoculture de soja et les oélagineux. Mais dans le présent les conséquences négatives de ce processus sont évidentes.

L'agriculture est la deuxième source en importance d'émissions de gaz d'effet serre après le secteur industriel. Les émissions de CO2 par habitant sont presque le double du niveau moyen dans la région. En outre, l'utilisation sans restriction d'agrochimiques a eu un impact négatif dans l'atmosphère et dans la santé de la population. L'Atlas de risque environnemental de l'enfance a indiqué qu'en Argentine « approximativement trois millions d'enfants vivent dans une situation de risque environnemental causée par  les agrochimiques ». Selon le Rapport Carrasco, le glyphosate – l’agrochimique plus utilisé dans le pays peut causer des difformités et est dangereux pour plusieurs espèces animales et végétales.

 

Pendant ce temps, la production agricole a étendu sa frontière, en envahissant les forêts indigènes. Cette invasion a affecté les Communautés campagnardes et agricoles, qui sont obligées de s'incorporer à des schémas de production qui contredisent leurs coutumes et traditions, sans qu'il existe aucune forme de consentement préalable et informé. [Rapport national élaboré par la Fondation Environnement et  Ressources Naturelles, FARN.]

 

Brésil : En développant la frontière agricole

 

Pendant les dernières années, le Brésil a défendu et a étendu un modèle de développement qui concentre les recettes et le pouvoir dans une élite politique et économique, liée aux grands capitaux agro-industriels et financiers. Ce modèle est affirmé dans plusieurs bases : l'exploitation agricole, spécialement de monocultures comme le soja et la canne (pour la production du sucre et éthanol) qu'utilisent des semences transgéniques et elles abusent des  agrotoxiques commercialisés par des entreprises transnationales. […]

À plusieurs reprises on a essayé de flexibiliser la législation environnementale. L'attaque contre le Code Forestier est le meilleur exemple de la force des intérêts liés aux exploitations agricoles dans cette campagne de flexibilisation et de sa stratégie d'expansion de la frontière agricole amazonienne.

Une des mesures que prétendent les propriétaires ruraux, au moyen du projet de réforme qui est traité dans la Chambre de Députés,  est la réduction de 80% à 50% de la surface de réserve forestière qui doit maintenir toute propriété rurale de l'Amazonie. [Rapport national élaboré par l'Institut d'Études Socio-économiques, INESC.]

 

La Colombie : Production de biocarburants déplace des populations complètes

En Colombie, la production de biocarburants a aggravé l'économie des campagnes, déplacé des populations complètes et détruit des écosystèmes naturels. […] Pendant les dernières années le soutien gouvernemental aux activités basées des monocultures agro-industrielles au-dessus de l'agriculture campagnarde de petite échelle a été approfondie, en provoquant le déplacement de populations complètes. […]

La production de biocarburants requiert de grandes monocultures de sucre, maïs, palmier ou soja, et cette pratique productive érode le sol et épuise ses nutriments. […]

L'utilisation du soja et du maïs pour la production de biocarburants, par exemple, affecte le prix de ces produits sur le marché d'aliments. L'élan donné par les Etats-Unis à l'utilisation de l'éthanol a fait que le maïs ait dépassé des prix historiques. [Rapport national élaboré par la Corporation Cactus, Coordination Nationale de la Plate-forme colombienne de Droits Humains, Démocratie et Développement.]

 

 

Nicaragua : le café épuise le sol et contamine les eaux

Le pays n'accédera pas à un modèle de développement soutenable à moins qu'il ne dépasse l'actuel appauvrissement de ressources. Les sols sont surexploités, les ressources de pêche sont au bord de l'épuisement, la déforestation est croissante étant donné la coupe non-discriminée et des pratiques agricoles insoutenables, et la dépendance de la culture du café endommage, entre autres, les ressources hydriques. […] Le principal problème du pays quant à la détérioration environnementale est sa dépendance de la culture de café. 26% des établissements agricoles nicaraguayens se consacrent à cette culture, en occupant le 15% de la terre cultivable, et 25% du secteur consacré à des cultures exportables.

Selon América Economía: « Le Centre de Démarche des Exportations du Nicaragua (Cetrex) a informé que le café a produit USD 154 millions dans les cinq premiers mois de la récolte 2010-2011 (octobre-février), ce qui représente   85 millions d’USD plus que la même période de la récolte 2009-2010 ».

Le problème est que la culture intensive de café est extrêmement agressive pour l'environnement, en entraînant la déforestation, la perte de la bio-diversité, la pollution agrochimique, l’érosion du sol et surtout l'épuisement des ressources hydriques, étant donné la grande quantité d'eau utilisée dans sa culture et traitement. L'environnement nicaraguayen, attaqué et dilapidé depuis plus de un siècle par l'exploitation agricole fruitière, ne peut pas supporter indéfiniment la croissance et l'expansion de la culture relative au café si on n'applique pas de politiques agricoles qui règlent les techniques de culture et permettent la récupération du sol. Aucune croissance soutenable ne peut s'attendre d'un terrain stérile et épuisé. [Rapport national élaboré par la Coordinadora Civil.]

Plus d’information

Rapports annuels antérieurs de Social Watch: http://bit.ly/vKpFWU

Source

Social Watch: http://bit.ly/c4YjjZ