Groupe de réflexion propose des changements requis par « la justice universelle à venir »

Deux semaines avant la conférence de l'ONU à Rio de Janeiro (Rio2012), 18 remarquables activistes de la société et des universitaires du monde entier ont proposé des mesures concrètes pour surmonter efficacement les obstacles qui empêchent la population mondiale de parvenir à un développement durable qui renforce l'équité sociale et protège l'environnement.

Dans son rapport, le Groupe de la Société civile de réflexion sur les perspectives mondiales du développement « décrit les causes profondes des crises multiples » qui subit la planète, « réaffirme le cadre des principes universels et les droits, reconsidère les objectifs et les indicateurs de développement et tire ses conclusions sur l'agenda du développement pour après 2015 ».

Le texte, présenté cette semaine, « vise à stimuler les débats sur des alternatives de développement, des structures de gouvernance participatives et inclusives et des transformations dans la politique et la société que la justice universelle à venir demandera », indique la déclaration présentée cette semaine par le Groupe composé par de membres de Social Watch, la Fondation Friedrich Ebert, Terre des hommes, Third World Network, la Fondation Dag Hammarskjold, DAWN et le Global Policy Forum.

« Les gouvernements n'ont pas réussi à aligner leurs politiques avec les principes qu'ils ont convenu en matière de durabilité et des droits humains. Au lieu de cela, les politiques sont trop souvent fragmentées et erronées, dépendant excessivement de la croissance économique et l'autorégulation des « marchés ». De nouveaux concepts tels que la « croissance verte » sont la meilleure façon d’essayer de traiter les symptômes des problèmes sans aborder leurs causes profondes », a affirmé le Groupe.

Aussi, « trop souvent les politiques nationales et internationales n’ont pas cherché à limer les inégalités », a résume la déclaration qui sera présentée officiellement le 16 juin dans le cadre de la Conférence des Nations Unies pour le développement durable (Rio2012). « Le zèle employé à stimuler la croissance économique a donné toutes facilites pour exploiter la nature, il se fonde sur l’utilisation de combustibles fossiles et il épuise la diversité biologique, minant la prestation de services essentiels. Les femmes, en particulier les pauvres, restent socialement discriminées et dans bien des contrées elles sont privées de leurs droits corporels, reproductifs et sexuels. La biodiversité et la générosité de la nature sont un bien précieux que personne ne respecte, ne protège et n’apprécie. Les communautés et les populations qui cherchent à vivre en harmonie avec la nature découvrent que leurs droits sont bafoués et que leurs moyens de subsistance et leurs cultures sont menacés. »

« Nous avons dépassé les limites écologiques et ignoré les limites planétaires. La menace du changement climatique nous fait vivre déjà sur du temps emprunté. Or, nous refusons de réduire les émissions et d’attribuer les maigres ressources á ceux qui n’ont pas encore bénéficié de leur exploitation », a déclaré le Groupe de réflexion, crée il y a presque deux ans par une alliance d'organisations de la société civile, des réseaux et des fondations pour faire des recommandations spécifiques vers la Conférence des Nations Unies pour le développement durable (Rio2012), entre autres tâches.

Les activistes et les experts ont proposé des « changements fondamentaux à trois niveaux » : « changements au niveau de la mentalité, dans les concepts directeurs et dans les indicateurs de développement et de progrès », « changements au niveau des politiques fiscales et de contrôle (au niveau national et international) visant à surmonter efficacement les inégalités sociales et la dégradation de la nature et à consolider les économies durables », et « changements au niveau des institutions et des mécanismes de gouvernement (au niveau national et international) ».

« Jusqu'à présent, aucune approche holistique de la durabilité n’a été prise pour l’action. Il est nécessaire de redéfinir, pour la politique et la vie publiques, les concepts de développement et de bien-être, avec ses contenus, ses mesures et ses stratégies », a ajouté le Groupe formé par Alejandro Chanona, Barbara Adams, Beryl d'Almeida, Chee Yoke Ling, Danuta Sacher, Ernst Ulrich von Weizsäcker, Filomeno Santa Ana III, George Chira, Josefa 'Gigi' Francisco, Henning Melber, Hubert Schillinger, Jorge Ishizawa, Dasho Karma Ura, Roberto Bissio, Victoria Tauli-Corpuz, Yao Graham, Jens Martens et Wolfgang Obenland.

Ces représentants de la société civile et des universitaires ont souligné que « chaque concept de développement, de bien-être et de progrès des sociétés se fonde sur une série de principes et de valeurs essentiels » qui « sont profondément ancrées dans notre culture, nos idéologies et nos systèmes de croyances ».

Dans ce sens, ils ont proposé « un ensemble de huit principes en vue d’établir les fondements d’un nouveau cadre de durabilité des droits », qui « sont reliés entre eux et ne devraient pas être appliqués de manière isolée ». Il s’agit, ils ont détaillé, du « principe de solidarité », du « principe de ne pas faire tort à autrui », du « principe des responsabilités communes mais différenciées », du « principe pollueur-payeur », du « principe du consentement libre, préalable et éclairé », et du « principe de solution pacifique des controverses ».

La déclaration fait également référence aux « principes fondamentaux qui s’avèrent essentiels pour les sociétés et pour les relations internationales », dont certains ont été inclus dans la Déclaration du Millénaire comme ceux de « liberté, égalité, diversité et respect de la nature ». Mais la plupart des gouvernements « échouent au moment de les traduire dans des politiques exigibles, obligatoires, garanties et spécifiques », signale-t-il.

Le document propose, en outre, « un cadre d'objectifs mondiaux de durabilité », avec une liste préliminaire qui a surgi « d’un remue-méninges des membres du Groupe de réflexion ». La liste comprend « six objectifs clé » : « dignité et droits humains pour tous », « promouvoir l'équité et la justice », « respect de la nature et des limites planétaires », « construire la paix par le désarmement », « encourager des systèmes financiers justes et résilient », et « renforcer la gouvernance démocratique et participative ».

« Il y a 20 ans, le concept de « développement durable » a été adopté au plus haut niveau à Rio de Janeiro avec l'intention simultanée de préserver la planète pour les générations futures et de promouvoir un développement approprié pour répondre aux besoins du présent », a expliqué Roberto Bissio, le coordinateur du réseau international Social Watch.

« Vingt ans plus tard, le volume du commerce international a quintuplé et le revenu mondial par habitant a doublé, passant à environ 10’000 dollars par an. Et pourtant, le développement durable est loin d'être atteint. L'augmentation des ressources n’a pas accéléré la réduction de la pauvreté et, au contraire, les inégalités sociales augmentent dans la plupart des pays du Nord et du Sud, tandis que les modes non viables de production et de consommation ont déjà dépassé plusieurs « limites planétaires », » a ajouté Bissio dans un article.

Le rapport complet du Groupe de réflexion sera publié dans le numéro 59 de la série de publications Development Dialogue de la Fondation Dag Hammarskjöld Fondation, dans un effort conjoint avec Social Watch, Third World Network, DAWN, la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung, le Global Policy Forum et Terre des Hommes.

Pour plus d’informations

Groupe de réflexion : « Nous vivons déjà sur du temps emprunté » : http://bit.ly/sFnyNU

Groupe de réflexion (en anglais) : http://bit.ly/nDtJJ4

Sources

Rapport complet du Groupe de réflexion (en anglais) : http://bit.ly/L71Aq9

Résumé du rapport (en anglais) : http://bit.ly/nDtJJ4