La Suisse : 135285 personnes demandent des règles contraignantes pour les multinationales

Photo: Philipp Rohrer /Alliance Sud

Plus de 135000 personnes ont signé la pétition « Droit sans frontières », qui a été remise le mercredi au Parlement Suisse. La campagne dont Alliance Sud (point focal de Social Watch) est membre, demande au Conseil fédéral et au Parlement de faire en sorte que les entreprises dont le siège social est en Suisse soient obligées de respecter les droits humains et l’environnement partout dans le monde.

Parallèlement, des membres de différents partis ont déposé des interventions parlementaires sur les questions des droits humains et entreprises. Avec ces signaux forts, le débat sur des règles contraignantes pour les multinationales a enfin pris pied aux Chambres fédérales, a rapporté Alliance Sud dans son web.

Selon l’organisation, Xstrata et Glencore, mais aussi Syngenta, Nestlé, Danzer, Triumph ou Holcim sont des multinationales basées en Suisse mais qui ont de nombreuses filiales à l’étranger. Ces entreprises portent atteinte aux Droits de l’Homme et à l’environnement sans que les maisons mères responsables n’aient à répondre de ces violations.

Le pouvoir et l’influence des multinationales ont fortement augmenté avec la mondialisation. Le droit cependant n’a pas suivi : il manque des règles contraignantes pour les obliger à respecter les Droits de l’Homme et l’environnement. La création de telles règles sont urgentes en Suisse, qui abrite sur son sol de nombreuses multinationales

« Droit sans frontières » est une campagne de Solidar Suisse, Action de Carême, Alliance Sud, Amnesty International, Brücke - Le Pont, DB - Déclaration de Berne, E-CHANGER, Greenpeace International, Groupe de travail Suisse-Colombie, Guatemalanetz Bern, Helvetas Swiss Intercooperation, Section suisse de la Commission internationale des juristes, Multiwatch, Pain pour le prochain, Société pour les peuples menacés, Swissaid, Terre des Hommes Suisse et d'autres organisations.

Alliance Sud gère le secrétariat de la campagne.

Large alliance

La pétition « Droit sans frontières » entend précisément résoudre ces problèmes de respect des Droits de l’Homme mais aussi de l’environnement. Elle a été lancée en novembre dernier par une large coalition de plus de 50 organisations de développement et de droits humains, associations d’environnement et de femmes, syndicats et groupes critiques d’actionnaires.

La pétition montre également que la Suisse doit se conformer aux décisions du Conseil des droits de l’homme de l’ONU. Il y a un an jour pour jour, ce dernier a adopté à l’unanimité des Principes directeurs élaborés par son ancien représentant spécial pour les questions droits humains et entreprises, John Ruggie.

Ces principes affirment le devoir de tous les Etats de protéger les Droits de l’Homme contre les violations commises par les entreprises. Ils tiennent également comme responsables les entreprises de toutes dérives liées à ces droits inaliénables.

Des interpellations dans le parlement

Les Etats ont maintenant le devoir de mettre en œuvre ces principes. Alors que l’Union européenne a déjà exigé de ses membres qu’ils développent des stratégies à cette fin, les initiatives tardent à émerger en Suisse. Tiana Moser (Verts libéraux), Anne Seydoux-Christe (PDC), Ursula Haller (PBD), Maja Ingold (Parti évangélique), Alec von Graffenried (les Verts) et Carlo Sommaruga (PS) ont déposé pendant la session en cours des interventions parlementaires sur les questions des Droits de l’Hommes au sein des entreprises.

Lors de la remise de la pétition, Manon Schick, directrice de la section suisse d’Amnesty International, a cependant affirmé que l’autorégulation des entreprises au moyen de mesures volontaires ne suffit pas à empêcher des atteintes aux Droits de l’Homme et à l’environnement. Des mesures plus contraignantes complémentaires doivent à présent être imposées pour éviter de telles violations.

Pour Peter Niggli, directeur d’Alliance Sud, la communauté de travail des organisations d’entraide a pointé du doigt la responsabilité particulière de la Suisse en tant que siège du plus grand nombre de multinationales par habitant au monde. Quantité de ces firmes sont actives dans des secteurs problématiques. Sans des règles contraignantes, la Suisse s’expose à une possible condamnation d’une partie de la communauté internationale ce qui engendrerait indéniablement un problème d’image.

Kaspar Schuler, directeur de campagne de Greenpeace Suisse, a rappelé que les violations des Droits de l’Homme vont souvent de pair avec le non respect de l’environnement. Les récents exemples de Xstrata au Pérou ou de Glencore en République Démocratique du Congo montrent que les dommages environnementaux ont toujours des effets négatifs sur la population locale.

Le travail de la coalition « Droit sans frontières » ne va cependant pas s’arrêter après la remise de cette pétition. Il va poursuivre son engagement pour imposer aux multinationales peu soucieuses des Droits de l’Homme et de l’Environnement des règles pour respecter les hommes et la nature.

Plus d’information
Campagne Droit sans Frontières va collecter les signatures jusqu’au 31 Mai : http://bit.ly/KV6njQ
Des règles contraignantes pour les multinationales suisses : http://bit.ly/KKStPU
Pétition (format PDF) : http://bit.ly/KAJRYA
Campagne « Droit sans frontières » : http://bit.ly/vkVB3o
Amnesty International Suisse : http://bit.ly/zzLa2b
European Coalition for Corporate Justice : http://bit.ly/JC8QIR
Geneva Business News : http://bit.ly/LnO9Vg

Source
Alliance Sud : http://bit.ly/LU9rIu