Régler les instruments pour calculer la durabilité

Helen Clark. (Photo : ONU)

Un forum de haut niveau qui s'est tenu dans le cadre de la Conférence des Nations Unies pour le développement durable (Rio2012) est venu dans le bon moment pour discuter cette semaine la façon de mesurer les progrès sociaux des pays et du monde entier sans avoir recours uniquement aux indicateurs économiques, de sorte d'évaluer également les dommages causés par les activités humaines au bien-être des générations futures.

L’administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Helen Clark, qui a animé le débat, a décrit les éléments fondamentaux d'un futur « Indice du développement humain durable ». « Équité, dignité, bonheur, durabilité – ces facteurs sont d’importance fondamentale dans notre vie, et pourtant ils ne sont pas pris en compte dans le PIB [produit intérieur brut] », a dit Clark. « Le progrès doit être défini et mesuré en tenant plus largement compte du développement humain et de son contexte. »

Conçu il y a 22 ans par le PNUD, l'indice du développement humain (IDH), qui combine des indicateurs de la santé, l'éducation et le revenu, est devenu une alternative au PIB pour évaluer le progrès des pays. « Le PNUD est convaincu que l’indice de développement humain peut constituer un outil de mesure plus complet du développement durable », a déclaré Clark dans le forum, qui s’est tenu mercredi sous la consigne « Au-delà du PIB : mesurons l’avenir que nous voulons ».

Le Président de Zambia, Michael Chilufya Sata, et la Première ministre du Danemark, Helle Thorning-Schmidt, ont participé au débat, suivis par Roberto Bissio, Coordonateur de Social Watch; Mary Barton-Dock, Chef du Département de l’environnement à la Banque mondiale, et Enrico Giovannini, Chef de l’Office national italien de statistique et ancien chef statisticien à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Khalid Malik, Directeur du Bureau du Rapport sur le développement humain du PNUD, a examiné les avantages et les inconvénients que présente la mesure de la durabilité selon une conception du développement humain fondé sur les personnes. Le cadre conceptuel pour une évaluation de la durabilité fondée sur l’IDH reflète la notion d’équité intergénérationnelle comme un élément du développement humain reposant sur des principes de justice mondiale, étant entendu que les choix d’aujourd’hui ne doivent pas limiter les choix qui se présenteront aux gens à l’avenir. Cette approche englobe aussi le concept de limites planétaires, et elle montre comment le changement climatique en particulier pose de graves risques à long terme pour le développement humain, surtout dans les nations et les communautés pauvres.

Dans son commentaire, Bissio a rappelé qu’« il y a déjà 20 ans, le chapitre 40 d'Action 21 indiquait que le PIB n'est pas l'outil pour mesurer la durabilité et que nous avions besoin d'indicateurs de développement durable. Et en 20 ans ces indicateurs n’ont pas été convenus, malgré tout le travail effectué par des experts de l'ONU, ce qui n’a pas été la faute des statisticiens, mais des politiciens. Quand on accepte des indicateurs, on accepte des responsabilités, et c’est ce qui rend difficile un accord. »

« Dans son intention de contrôler le respect des engagements internationaux, la société civile a appris que, tout d'abord, il n'y a pas d’autonomisation sans des responsabilités, et deuxièmement, qu'il n'y a pas de responsabilité sans des chiffres », a déclaré Bissio. « Si à un moment nous ne pouvons pas mettre des chiffres sur la table, le débat devient idéologique et stérile. Les chiffres peuvent rendre les gens autonomes en leur permettant d’exiger des redditions de comptes sur de nombreuses questions et aussi d’exiger la justice pour les générations à venir, qui dépendent du fait que la durabilité soit mesurée. »

« Notre grande demande à l'ONU est qu’elle produise les chiffres qui pourraient nous permettre d’appeler nous gouvernements à la responsabilité. Ceci est vraiment essentiel et exige de l'autorité, par exemple, du Bureau de statistique de l’ONU, afin que ces chiffres soient vraiment crédibles », a dit Bissio.

Le projet de déclaration finale de Rio2012 affirme : « Nous reconnaissons qu’une conception du progrès moins étroite que le PIB est nécessaire afin de mieux saisir les grandes orientations, et à cet égard nous demandons à la Commission de statistique des Nations Unies de mettre en route un programme de travail dans ce domaine, en consultation avec les entités pertinentes du système des Nations Unies et autres organisations appropriées et en s’appuyant sur les initiatives déjà en place ».

Sources
PNUD : http://on.undp.org/MLZdIU
Commentaire de Roberto Bissio (son en anglais) : http://bit.ly/Man3Rn