La République tchèque insiste sur des politiques comme celles qui ont conduit la Grèce à la crise

Les conditions de vie de la population de la République tchèque se sont détériorées l'an dernier, mais le gouvernement insiste sur des politiques comme celles qui ont conduit la Grèce à la crise actuelle, selon le cinquième rapport annuel de la coalition nationale de Social Watch. L’étude remet en question les compressions budgétaires et leur impact sur ​​les familles et l'économie nationale. Autres points critiques, selon le rapport, sont la corruption politique, la fraude fiscale, l'inégalité de genre et la faible protection de l'environnement.

Le titre de l’étude présentée mardi à Prague, « La République tchèque se précipite dans une spirale de mort », est basé sur plusieurs constats : le chômage s’élève à 10 pour cent, les réformes économiques imposées par le gouvernement détruisent l'économie nationale et portent atteinte aux familles et à la société en général, la corruption et la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux s’aggravent, les instruments de protection de l'environnement sont détruits, les médias sont incapables de fournir des informations pertinentes sur les événements locaux, et la coopération aux activités civiles visant à résoudre la crise se réduit.

« La situation ne s'est pas améliorée dans la plupart des secteurs au cours des cinq dernières années. L'économie subit une détérioration importante à cause de l'incompétence du gouvernement et ses conseillers », une situation qui est aggravée par des défauts « dans la communication avec le public, qui se sent de plus en plus impliqué dans la gestion des questions qui le touchent » a déclaré le rédacteur en chef du rapport, Thomas Tožička (Ekumenická akademie).

Selon Tožička, membre lui aussi du Réseau pour la justice fiscale, l'évasion fiscale coûte au Trésor environ 140 000 millions de CZK (plus de 7 000 millions de dollars) et l'utilisation de paradis fiscaux et de centres offshore par 1 300 entreprises autres 40 000 millions de CZK (plus de 2 000 millions de dollars). « Cet argent disparaît de façon irréversible de l'économie tchèque, qui perd ainsi des dizaines de milliers d'emplois », a ajouté l’expert.

Tožička a affirmé que la République tchèque est l'un des pays qui souffre le plus dans le monde du fléau de la fraude fiscale et a calculé que, s’il percevait ce qu’il devrait, le pays pourrait créer 60 000 emplois.
« L'austérité budgétaire sape la demande intérieure et ralentit la croissance du PIB », a déclaré l'économiste et coauteur du rapport Ilona  Švihlíková  (Alternativa zdola). « La république est encore très dépendante de l'environnement économique extérieur. La réduction des dépenses sociales (le gel des pensions, l'élimination des subventions au logement, etc.) et l'augmentation des impôts indirects tels que la taxe à la valeur ajoutée (TVA) ont un fort impact sur ​​les personnes âgées et d’autres secteurs de la population qui sont menacés de tomber dans la pauvreté et la misère. »

« Le gouvernement détruit la demande intérieure, ce qui a un impact négatif sur la perception des impôts », a ajouté Švihlíková, qui a affirmé qu'un processus similaire a eu lieu en Grèce avant le déclenchement de la crise économique actuelle. En maintenant ses dépenses sociales en-dessous de la moyenne de la zone euro, la République tchèque « se dirige vers la destruction totale de son secteur public, dans une spirale de mort », a conclu.

Le terme « spirale de mort » n'est pas « émouvant » mais « technique » car il « décrit une situation d'ajustement budgétaire tellement fort qu’étouffe la demande intérieure, voire la perception prévue de la TVA, à laquelle suivent d'autres réductions. Nous sommes dans une spirale descendante de mort », a déclaré Švihlíková.

L'étude relève plusieurs impacts négatifs des mesures d'austérité fiscale adoptées par le gouvernement « sans bon sens ni vision ». Les auteurs ont estimé que l'augmentation des impôts indirects comme la TVA et la réduction des dépenses sociales frappent les secteurs les plus pauvres. En même temps, ils ont calculé que les embauches publiques défectueuses et d’autres cas de corruption ont représenté des pertes d’environ 100 000 millions de dollars. 

L'inégalité de genre s’est manifestée, entre autres problèmes, dans le manque de crèches, d’emplois à temps partiel ou de plus de flexibilité, et dans la réduction des allocations de maternité et aux familles d'enfants handicapés, a déclaré Marcela Adamusová (Forum 50 %), auteur du chapitre sur cette question. Ces politiques, entre autres, portent plus de préjudice aux mères seules qui ne travaillent pas et restent à la maison pour s'occuper de leurs enfants.

La hausse de la TVA, qui suppose une augmentation du prix des aliments, des médicaments et d'autres articles domestiques, nuisent également au budget des familles avec de jeunes enfants. Aussi, l’année dernière le gouvernement a maintenu inactif son Conseil de l'égalité des chances entre les femmes et les hommes. « L'égalité de genre est devenue une question marginale », a déclaré Adamusová.

Un point positif a été la légère augmentation du nombre de femmes à des postes politiques, ce qui, cependant, n'est pas le résultat d'une action systématique des autorités ou des partis politiques, selon Adamusová.

À son tour, Milán Štefanča (Nesehnutí) a mis en question le licenciement, l’année  dernière, de dizaines d'experts du Ministère de l'Environnement, en même temps que les possibilités pour les citoyens de participer à la prise de décisions sur les infrastructures et la protection de l’environnement devenaient restreintes. Les mesures prises à cet égard par le gouvernement « peuvent être décrites, sans exagérer, comme des efforts systématiques pour détruire la politique de l'environnement », a déclaré l'expert.

Le ministère de l'Environnement a eu « un effet réglementaire limité » et a permis, avec un « grand scandale », la « coupe massive » du Parc National Šumava, la zone qui possède le degré de protection le plus important. Le rapport critique également l'exemption du paiement des taxes sur les activités économiques polluantes.

La coalition de Social Watch en République tchèque comprend les organisations suivantes : Ekumenická akademie Praha, Gender Studies, Fórum 50 %, Masarykova demokratická akademie, Nesehnutí, Trust pro ekonomiku et la société Eurosolar.

Plus d’informations
Rapport de Social Watch République tchèque (en format PDF) : http://bit.ly/NuCsy7
Se necesita un cambio: http://bit.ly/STzRwz
The need for a change: http://bit.ly/Pd1X4Z
Un changement est nécessaire: http://bit.ly/STAfLs

Autres sources (en tchèque)
Ekumenická akademie Praha: http://bit.ly/PxflUr
Česká televize: http://bit.ly/RdzBx6
Český rozhlas: http://bit.ly/NFyftw
České Noviny: http://bit.ly/Nh0LBM
Mediafax: http://bit.ly/NFylBq
Deník Referendum: http://bit.ly/RcGzlW
Parlamentní listy: http://bit.ly/OZXk2t
KSČM: http://bit.ly/R0vspP