La pauvreté cause la faim même si les aliments abondent

Indice de la faim
dans le monde 2012

La proportion de personnes sous-alimentées dans la population mondiale a été réduite très lentement dès la dernière décennie du XXe siècle, une lenteur qui contraste avec la croissance rapide du commerce international et le revenu global par habitant durant cette même période. La faim n’a rien avoir n’on plus à la quantité de nourriture, puisque des pays qu'ont des faibles taux ont plus de ce qu’ils ont besoin.

« Des décennies d'efforts et de rhétorique ont échoué dans la tentative d'éradication de la faim dans le monde. » C'est la triste conclusion de l'Indice de la Faim, publié par l'Institut International de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), dont le siège est à Washington, avec la Welthungerhilfe allemande et l'organisation irlandaise Concern.

"L'indice de la faim est un nombre qui résulte de la moyenne pour chaque pays des trois indicateurs : la malnutrition (mesurée par la consommation de calories en moins du nécessaire), la mortalité infantile  (qui est la combinaison de la mauvaise alimentation et des conditions sanitaires insuffisantes) et le faible poids chez les enfants de moins de cinq ans. »

En l'an 2000, plus de 100 présidents, rois et premiers ministres du monde entier ont signé la déclaration du millénaire qui a promis de n'épargner aucun effort pour, entre autres, « réduire à la  moitié, avant 2015, la proportion de personnes qui souffrent de la faim ».

Cet objectif ne sera pas atteint. Plus de 1 milliard de personnes iront au lit affamés ce soir. Il y a plus de personnes qui souffrent de faim de nos jours qu'au début du siècle. La proportion a diminué, car entre-temps, la population mondiale a augmenté, mais elle n'a pas encore diminué suffisamment.

Au niveau mondial, le taux de la faim est descendu lentement dès la dernière décennie du XXe siècle et est passée de 19,8 en 1990 à 16,3 en 2001, une progression des trois points et demi. Dans la première décennie du XXIe siècle, malgré les déclarations solennelles, la progression s’est ralentie encore plus et l'indice mondial a avancé  à  peine un point et demi en 11 ans, pour atteindre un 14,7 en 2012.

Cette atteinte tellement frustrante contraste avec le bon fonctionnement de l'économie. Entre 1990 et 2011 le commerce mondial s’est multiplié par quatre et le revenu moyen mondial s’est doublé pour s'établir à présent dans l'environ de la somme annuelle de 10 000 dollars par habitant. Une prospérité très mal répartie.

L'Inde est un exemple dramatique. Son économie prospère et le revenu annuel moyen est passé de 1 460 dollars par habitant dans le milieu des années 1990 à 2 850 en 2010. Toutefois, la faim à peine a été réduite et son indice s'élevait à 23, parmi les pires au monde.

La région  de l’Asie du sud (le Bangladesh, l’Inde, Népal et le Pakistan) est la pire en termes de taux de la faim, avec 22,5, pendant qu’en Afrique subsaharienne a améliorée ces dix dernières années et s'élève actuellement à 20,7. Toutefois, les situations les plus dramatiques sont encore dans les pays africains, en particulier ceux touchés par des conflits : l'Éthiopie, l'Érythrée, le Burundi et la République démocratique du Congo, où on ne peut même pas calculer l'indice due au manque de données fiables.

L’Haïti est le seul pays d'Amérique latine parmi les dix pires au monde avec un taux de 30 points. Ensuite il y a le Guatemala (12,7), la Bolivie (12.3), le Nicaragua (9.1), l’Honduras (7,7), l’Equateur (7,5) et le Pérou (7.4). À l'opposé, l’Argentine, le Chili, le Costa Rica, l'Uruguay et Cuba étaient déjà en 1990 dans la catégorie « faible » (moins de cinq points de l'indice). Le Brésil, le Mexique, la Jamaïque et le Nicaragua (qui, en 1990, avaient un taux de plus de 20 points) comptent parmi les pays ayant le plus progressé dans la lutte contre la faim dans le monde. En revanche, en Côte d'Ivoire, Corée du Nord,  Burundi et  Haïti, la situation s'est aggravée.

Selon le rapport qui accompagne ces chiffres, la faim n'a rien à voir avec la disponibilité de la nourriture, mais avec la possibilité des pauvres  d'accès à la nourriture. Les pays du Sahel qui ont les pires taux de faim ont plus de nourriture que nécessaire entre ce qu'ils produisent et ce qu’ils importent et cela sans compter l'aide alimentaire.

« Le problème ce n’est plus les famines épidémiques, mais la vulnérabilité chronique de certains secteurs de la population », conclut le rapport.

Plus d’information
Indice de la faim dans le monde 2012 : http://bit.ly/ShxOCV

Source
Agenda Global: http://bit.ly/VDZ8MC