Document de Stratégie et Cadre des Activités de Social Watch pour 2010 – 2011

Le document de stratégie suivant s’inspire des diverses interventions lors de la 4eme Assemblée générale de Social Watch qui s’est tenue à Accra, du 26 au 29 Octobre, 2009. Le présent document précise et actualise la stratégie adoptée à Sofia (2006) qui a tracé les grandes lignes de nos principes, nos buts et nos objectifs:

1. Contexte

Social Watch a été créé en 1995 en tant que “Cadre de rencontre pour les organisations non-gouvernementales qui interviennent dans les domaines du développement social et de la discrimination basée sur le genre, et sont engagées dans le suivi des politiques qui ont une incidence sur l’inégalité et sur les populations qui vivent dans la pauvreté”.

La méthodologie fondamentale de Social Watch reste inchangée, à savoir: amener les gouvernements à respecter leurs engagements et à promouvoir ainsi la volonté politique de les concrétiser.

Ces engagements sont notamment:

  • Le sommet social de 1995,
  • La conférence de Beijing sur les femmes tenue en 1995,
  • La Déclaration du Millénaire (2000) sur lequel sont basés les objectifs du Millénaire pour le Développement,
  • Les engagements du sommet de Rio de 1992,
  • Le Cadre des droits de l’Homme qui comprend les droits d’ordre économique social et culturel, les droits du travail, les droits des femmes, les droits environnementaux, les droits des populations indigènes et le droit au développement,
  • Les engagements pris au niveau national, tels que formulés dans les constitutions nationales, plans, budgets et législations gouvernementaux dont notamment les droits sociaux, économiques et culturels.

Social Watch estime que l’action principale pour assurer l’éradication de la pauvreté, l’égalité des genres et la justice sociale intervient au niveau local et national, et par conséquent, ses activités et structures internationales doivent être responsables devant et au service des communautés cibles nationales et locales, et pas autrement.

La paix est une condition essentielle pour la réalisation des droits de l’homme et de la femme ainsi que pour l’éradication de la pauvreté. Toutefois, le manque de respect des droits de l'homme et la pauvreté sont à l'origine de nombreux conflits armés. Cela étant, l’impact dévastateur qu’exercent les situations de conflit et de post-conflit sur les populations demeure une préoccupation toute particulière.

La structure de gouvernance de Social Watch est décrite dans un document séparé adopté par l’Assemblée.

2. Déclaration de mission

Lors de sa première Assemblée Générale tenue à Rome en novembre 2000, Social Watch a approuvé une déclaration de mission comme cadre de son action. L’Assemblée de Beyrouth (Octobre 2003) a réaffirmé cette déclaration de mission.

A Sofia, on y a ajouté une focalisation sur l’approche basée sur les droits, à savoir:

Le Social Watch est un réseau international des organisations de citoyens engagés dans la lutte pour éradiquer la pauvreté et ses causes, mettre fin à toute forme de discrimination et racisme pour assurer une répartition équitable de la richesse ainsi que le respect des droits de l’homme. Nous sommes engagés dans la poursuite de la paix et de la justice sur les plans social, économique, environnemental et social et les rapports de genre et nous insistons sur le droit de toutes les populations à ne pas vivre dans la pauvreté.

Social Watch tient les gouvernements, le système des Nations Unies et les organisations internationales responsables pour la réalisation effective des engagements pris au niveau national, régional et international pour éradiquer la pauvreté.

Social Watch accomplira ses objectifs à travers une stratégie détaillée fondée sur les plaidoyers, la sensibilisation, le suivi, le développement organisationnel et l’établissement des relations. Social Watch favorise le développement durable axé sur les populations.

L’Assemblée d’Accra a réaffirmé la déclaration de mission avec les modifications susmentionnées.

3. Social Watch dans un environnement évolutif

Depuis l’Assemblée de Sofia, plusieurs changements sont survenus dans le contexte où nous intervenons, à savoir:

  • La crise économique et financière qui sévit dans le monde depuis 2008, entrainant ainsi l’appauvrissement, le chômage et l’effondrement intellectuel des politiques économiques qui prédominaient jusque-là;
  • La stagnation des négociations commerciales de l’OMC et la prolifération ultérieure des accords de libre échange au niveau régional et bilatéral;
  • La reconnaissance du changement climatique comme une menace à la survie même de notre planète Terre ainsi que la réticence des pays développés à reconnaitre leur responsabilité pour avoir crée cette situation, et ainsi accepter la notion de la justice climatique;
  •  Compte tenu de l’élection du gouvernement d’Obama et les indications d’une évolution vers le multilatéralisme dans la politique étrangère des Etats-Unis et une retraite dans la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme/militarisme;
  • L’émergence des BRIC: le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine comme un nouveau bloc de puissances (un défi de la capacité et la légitimité de la règle du G7 sur l'économie mondiale);
  • L’élargissement et le renforcement de l’intégration européenne;
  • L’intégration économique et politique accrue de l’Amérique latine (et dans une moindre mesure l’Amérique et le Sud-Est Asiatique);
  • La formation et le renforcement des coalitions et des mouvements des pays les moins développés comme le G33 et le G77;
  •  Les succès récent des mouvements populaires à l’échelle mondiale;
  • La méfiance populaire croissante envers les institutions politiques et financière;
  • L’inégalité croissante des genres à travers le monde.

Dans son discours principal lors l’ouverture de l’Assemblée, Dr. Yao Graham a tenu à rappeler ces tendances qui sont considérées comme le nouveau cadre de définition de la présente stratégie (se référer au vidéo de son discours)

4. Influer sur la prise de décision au plan mondial et régional:

    4.1 L’ONU en tant qu’institution légitime mondiale est la principale institution cible de Social Watch. SW met particulièrement l’accent sur les processus et événements intergouvernementaux qui ont une certaine pertinence pour les principaux objectifs du réseau, notamment, les instances sur le genre et les droits de l’homme et les processus complémentaires sur le financement pour le développement et la conférence des Nations Unies sur la crise financière et économique. Nous participerons également au processus de réforme du système de l’ONU.

    4.2 A la lumière des crises et des réponses suscitées, nous reconnaissons le plus grand rôle assumé par le G-20 et les efforts pour renforcer le rôle du FMI et de la Banque Mondiale. Cependant, Social Watch s’oppose au renforcement du pouvoir d’action de ces forums et institutions ou bien à l’accroissement de leur mandat et appuie la création et le renforcement des structures alternatives régionales qui reflètent les aspirations des populations pauvres et marginalisées.

    4.3 Social Watch prendra une part active au Sommet de l’ONU sur les OMD (Septembre 2010 à New York) et à sa préparation en mettant en exergue la faillite des approches adoptées actuellement pour l’éradication de la pauvreté et en plaidant pour les alternatives basées sur les droits de l’homme.

    4.4 Se fondant sur la notion de justice environnementale, Social Watch apportera sa contribution aux négociations engagées actuellement sur le climat, c’est-à-dire, une approche basée sur ses principes de justice sociale et justice hommes-femmes.

    4.5 Social Watch apportera sa contribution aux forums mondiaux sur le genre tels que Beijing +15 validation, grâce à l’actualisation, l’élaboration et la diffusion de son indice sur l’égalité des sexes ainsi que la richesse des expériences et des analyses de ses membres.

    4.6 Social Watch participera activement aux travaux de la Conférence de l’ONU sur les pays les moins avancés (Istanbul 2011) ainsi qu’à sa préparation et ce, en liaison avec LCD Watch.

    4.7 Social Watch prendra part aux discussions sur les sources innovantes de financement, y compris l’examen des questions relatives à la migration.

Stratégies de plaidoyer

En août 2009, Social Watch a mis sur pied un bureau permanent à New York, en vue d’avoir une présence continue aux Nations Unies et de coordonner les actions de plaidoyer auprès des missions des pays à l’ONU, des institutions internationales et d’autres réseaux d’ONG. Il soutiendra la participation de ses membres aux processus de prise de décision au niveau mondial, et donnera régulièrement des informations là-dessus aux coalitions nationales.

Les plaidoyers, les communications et les stratégies de campagne se complèteront pour permettre de réaliser nos objectifs. Les principaux événements retenus au titre des plaidoyers pour les années à venir sont énumérés dans le calendrier ci-joint.

5. Renforcer et élargir le réseau

5.1 Améliorer nos instruments de travail

Les principaux instruments de Social Watch sont:

  • Le rapport annuel élaboré dans plusieurs langues, en plus des rapports de pays et des rapports régionaux.
  • Le site web.
  • Les indices sur l’égalité des genres et les capacités fondamentales.

D’autres instruments de plaidoyer seront notamment les “documents de référence” recueils d’exposés (séries SW ou exposés périodiques) et documents de position élaborés souvent et publiés conjointement avec d’autres organisations et réseaux.

Social Watch essayera de publier le rapport dans d’autres langues et formats qui permettent d’atteindre une plus grande audience. En outre, nous allons diversifier notre utilisation des nouveaux outils de communication.

5.2 Renforcement des capacités et soutien des actions au niveau national

Social Watch a entamé un programme triennal visant à renforcer la capacité de ses membres dans les pays en développement, notamment par l’organisation d’une série d’ateliers en Afrique, en Asie, et en Amérique Latine. Il y a un programme pour renforcer la capacité de certains membres en Europe.

Le contenu et la méthodologie seront définis par les organisations hôtes et les participants avec l’appui du secrétariat. L’un des domaines de préoccupation sera d’améliorer la couverture médiatique des activités des coalitions nationales.

Social Watch appréciera activement les efforts engagés par d’autres régions et sous régions pour concevoir et mettre en pratique des programmes de renforcement des capacités de ses acteurs.

Dans son plaidoyer, Social Watch va construire des alliances avec les syndicats, mouvements sociaux et autres organisations de la société civile et les réseaux, en particulier ceux qui plaident pour la justice climatique, et il participera au Forum Social mondial.

5.3 Renforcer le réseau au niveau régional et sous régional

Reconnaissant l’importance croissante des lieux de prise de décision au niveau régional et sous régional, Social Watch favorisera l’instauration d’une coopération parmi les membres et avec d’autres acteurs au niveau régional et sous régional pour engager des actions de plaidoyer et des campagnes. Une stratégie organisationnelle sera mise au point avec l’appui du CC et du Secrétariat en vue de soutenir et d’améliorer le travail régional.

5.4 Les nouveaux membres

Dans les années à venir, Social Watch va accroitre son effectif dans les pays en développement, particulièrement en Afrique et engager des actions en vue de publier une version russe de son rapport en tant qu’instrument permettant d’accroitre son effectif dans les pays en transition de l’ancien Pacte de Varsovie et de l’Union Soviétique qui se trouvent en Asie Centrale et en Europe centrale et orientale.

5.5 Evaluation et responsabilité mutuelle

Social Watch a souligné lors de son Assemblée tenue à Sofia, la nécessité« de favoriser les activités susceptibles d’assurer en son sein l’instauration de la crédibilité et de la transparence et de la pratique démocratique des coalitions de Social Watch, mais aussi de se pencher sur l’élaboration des critères de responsabilité».

Le Comite de coordination (CC) a estimé qu’en dernier recours, il peut et doit intervenir dans des situations où des problèmes au niveau d’une coalition nationale risquent d’influer sur l’action du réseau en entier, mais la méthodologie à appliquer en matière de responsabilité mutuelle lorsqu’il n’y a pas de problème majeur, - ce qui est souvent le cas - n’a pas été mise au point et nous perdons des occasions d’apprendre les uns des autres.

L’Assemblée a entériné le concept de responsabilité mutuelle parmi ses membres ainsi qu’au niveau des différentes instances du réseau (Secrétariat, CC). L’un des objectifs de la mise au point des mécanismes de responsabilité est d’améliorer la qualité des rapports nationaux.

Le processus d’évaluation qui sera engagé pour informer la cinquième Assemblée doit être celui de la responsabilité mutuelle. Sans engager pourtant un processus bureaucratique, des mécanismes seront mis en œuvre pour permettre aux membres d’évaluer les résultats de leurs actions menées dans le cadre de Social Watch et de mettre les et les autres au courant de ces résultats.

5.6 Mécanisme de participation

Pour accomplir ces objectifs que nous nous fixons, et pour renforcer notre action, il a été constitué les groupes de travail suivants:

  • Genre
  • Responsabilité mutuelle
  • Justice climatique
  • Méthodologie de la recherche pour la société civile
  • Modèles économiques, crise financière et financement pour le développement
  • Sommet de 2010 sur les OMD
  • Comité consultatif sur les communications
  • Droits humains et analyse budgétaire

Le Secrétariat mettra en place des mécanismes de communication nécessaires et facilitera les activités des groupes de travail et des groupements régionaux.

5.7 L’Assemblée de 2011

L’Assemblée de 2011 se tiendra aux Philippines.