La France : la crise frappe durement les plus faibles

Un sans domicile fixe à Paris.
(Eric Pouhier/Creative Commons)

Le niveau de vie des Français a quasiment stagné en 2009 à cause de la crise, qui a d’abord touché les plus modestes, selon une étude de l’Insee publiée le 4 juillet. Des chiffres qui viennent conforter les observations des équipes du Secours Catholique.

« En 2009, le niveau de vie médian augmente modestement, de 0,4% en euros constants, contre +1,4 % par an de 1996 à 2008 », écrit l’Institut de la statistique dans Revenus et Patrimoine des ménages 2012, publié mercredi 4 juillet.

Le niveau de vie se calcule en divisant les revenus du ménage par le nombre de personnes qui le composent mais en tenant compte des économies d’échelle (un seul réfrigérateur...) et du fait que les enfants consomment moins que les adultes. Cette notion, qui permet de comparer des ménages de taille différente, ne doit pas être confondue avec le revenu ou le salaire.

Il atteignait en 2009 en métropole 19 080 euros soit 1590 euros par mois. Concrètement, la moitié des Français vivait avec plus que cette somme, l’autre moitié avec moins.

 

8,2 millions de pauvres

Si la crise de 2008 a atteint l’ensemble de la population, les 10% les plus modestes ont été "les plus touchés" : leur niveau de vie moyen a reculé de 2,1%, « plus fortement que lors du ralentissement économique du début des années 2000 ». Cela est dû selon l’Insee « en premier lieu à la dégradation du marché du travail » : le taux de chômage est passé de 7,4% à 9,1% entre 2008 et 2009.

La France comptait en 2009 8,2 millions de pauvres, vivant avec moins de 954 euros par mois (60% du revenu médian), soit 13,5% de la population (contre 7,8 millions et 13% en 2008).

À l’autre bout de la chaîne, le niveau de vie des 10% les plus aisés a également diminué, (-1,2%) en raison « d’un recul des revenus d’activité des indépendants et des revenus du patrimoine ». Entre 1996 et 2008, leur niveau de vie avait progressé plus rapidement que celui des autres.

 

Les jeunes davantage impactés

Enfin, entre 2004 et 2008, 36% des Français de plus de 16 ans ont connu la pauvreté au moins une année, que ce soit la « pauvreté monétaire » (moins de 954 euros mensuels) ou « en condition de vie » (problèmes de logement...).
Près de 10% des plus de 16 ans ont même connu une pauvreté « persistante » de quatre ou cinq ans.

L’Insee relève aussi le creusement des inégalités de patrimoine (immobilier, biens financiers...), surtout au profit des propriétaires fonciers, qui ont bénéficié de l’explosion des prix de l’immobilier. En 1998 et 2010, la masse du patrimoine immobilier a crû de 156%.

La masse de patrimoine détenue par les ménages les mieux dotés a crû de 131% depuis 1998 tandis que celle des moins bien dotés n’a pris que 20%.
Les 10% les mieux dotés détenaient chacun 552 000 euros d’actifs tandis que les 10% les moins bien dotés moins de 2.700 d’euros.

Les plus dotés détiennent majoritairement des biens immobiliers quand les moins pourvus possèdent en général des actifs financiers peu risqués (Livret A...) ou des « biens durables souvent achetés à crédit ».

 

Près de 4 millions de Français subissent la précarité énergétique

Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE) Jean-Paul Delevoye a prévenu de son côté qu’une hausse brutale des prix de l’énergie pourrait plonger des familles dans l’impasse, en plein débat sur les tarifs du gaz.

« La hausse annoncée des coûts en matière d’énergie m’inquiète pour une frange de la population déjà en situation de précarité », explique l’ex-médiateur de la République dans la lettre du Médiateur national de l’énergie à paraître mercredi.

« Pour 12 à 15 millions de Français les fins de mois se jouent à 50 ou 150 euros près », fait-il valoir.

« Dès lors, la moindre hausse brutale d’un poste de dépense peut précipiter des foyers dans l’impasse. Ceci est à mettre en parallèle de la hausse du coût du logement ou de la santé qui annonce des comportements de renoncement à certains soins ou à certains conforts qu’on considérait comme acquis », a ajouté le président du CESE, assemblée qui représente la société civile.

Le Médiateur national de l’énergie tire lui-même régulièrement la sonnette d’alarme contre la montée de la précarité énergétique, qui s’est accrue avec la crise et la flambée des prix du gaz et de l’électricité. Selon l’Insee, ce phénomène (défini comme le fait de consacrer plus de 10% de ses revenus à l’énergie) frappe 3,8 millions de ménages en France.

Cette thématique est également largement relayée par le Secours Catholique auprès des pouvoirs publics, et notamment du Médiateur de l’énergie.

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/RigwGi