Tunisie : LTDH condamne l’extradition de l’ancien Premier ministre de Libye

La décision de l’extradition de l’ancien premier ministre de Mouammar Kadhafi par le gouvernement tunisien est loin de faire l’unanimité au sein de la communauté internationale mais également au sein même du pouvoir exécutif tunisien.

Demandé avec insistance par le Conseil de Transition Libyen pour être jugé, Mahmoudi Baghdadi jusque là détenu en Tunisie a avec l’aval du premier ministre tunisien Hamadi Jebali, été le 24 Juin 2012, extradé vers la Libye malgré les nombreuses condamnations d’organisations de défense des droits de l’homme.

Pour Abdessatar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) « c’est une décision qui viole les principes les plus élémentaires des droits de l'Homme et des conventions internationales que nous avons ratifiées, notamment celles sur la torture » Il apparaît aujourd’hui probable que la justice libyenne ait recours à la torture bafouant ainsi les droits fondamentaux de l’homme pour obtenir des aveux en vue d’un futur procès qui s’avèrerait peu équitable.

La plupart des organisations internationales ont été unanimes à déclarer que les conditions de ce procès se caractériseront par le manque d'indépendance, de sécurité et de stabilité, a-t-il ajouté.

Cette décision d’extradition de l’ancien premier ministre libyen prise par le premier ministre Hamadi Jebali marque le décalage existant au sein de gouvernement tunisien le chef du gouvernement et le président de la république Moncef Marzouki qui n’a pas été tenu informé de cette décision et qui la condamne.

Selon un récent communiqué de la présidence, le chef de l'Etat a dénoncé cette mesure d'extradition de Baghdadi comme « illégale », « unilatérale » et « sans consultation », affirmant que le Premier ministre Hamadi Jebali avait « outrepassé ses prérogatives ».

Tout en soulignant que gouvernement ne s'engagera pas dans le « débat médiatique » et ne répondra pas aux premières déclarations de la présidence, son porte parole Samir Dilou a souligné que « la procédure d'extradition est intervenue après examen de toutes les justifications légales par les autorités judiciaires compétentes statuant sur cette affaire, soulignant que le Premier ministre avait signé l'arrêté d'extradition sur la base des pouvoirs dont il dispose aux termes du décret relatif à la Loi sur l'organisation provisoire des autorités publiques »

L’extradition controversée de l’ancien premier ministre libyen est le deuxième scandale à échelle internationale en moins d’un mois qui secoue la Libye et son Conseil Nationale de Transition pourtant en quête de légitimité depuis la chute de Kadhafi.

Le 7 Juin, des membres des Nations-Unies venus préparer la défense du fils de l’ancien dictateur Saïf Al Islam pour son procès à la Cour Pénale Internationale ont été accusés de transmettre une lettre codée et sont emprisonnés pour atteinte à la sécurité d’Etat.

Ils seront libérés après 25 jours de captivité malgré les désaccords existants au sein même du Conseil National de Transition et du Ministère de la Justice.

Ces deux affaires mettent en lumière la mauvaise coordination des gouvernements que ce soit en Tunisie ou en Libye où les institutions ne semblent pas encore prêtes à encadrer l’exercice de pouvoir dans des pays où le népotisme a longtemps régné en maître et où les prises de décisions ont longtemps dépendu du bon vouloir d’un seul homme.

Sources

Magharebia.com : http://bit.ly/M6vOid

FIDH : http://bit.ly/Ol7ESx