Libéré de la peur et de la nécessité

Chers amis et amies de Social Watch:
Le Rapport 2008 de Social Watch a été lancé dans le Parlement Européen à Bruxelles le 7 janvier. Le sujet principal de la réunion a été celui des droits humains comme clé pour émerger de la crise financière et économique actuelle, et, des membres du Parlement Européen, des fonctionnaires de la Commission Européenne et des journalistes y ont assisté. La réunion a été convoquée par la Vice-président du Parlement Européen, Luisa Morgantini, cependant elle a pu à peine rapidement saluer les participants avant de sortir á toute vitesse pour assister á une réunion urgente sur la situation dans la Bande de Gaza. « J'espère que vous compreniez », elle a dit dans sa salutation. Et nous avons tous acquiescé de la tête.

J'ai argumenté à Bruxelles que les droits de l’homme doivent être la base pour un « paquet d’encouragement » socialement responsable, qui sauve aussi les pauvres et non seulement les banquiers.  Et les droits de l’homme doivent aussi être les piliers sur lesquels on construit la paix dans le Moyen Orient.  Nulle part dans la charte des Nations Unies ou dans la Déclaration Universelle de Droits de L’Homme, on fait une objection qui exclut les palestiniens de Gaza du plein accomplissement des droits de l’homme et du droit « d'être libérés de la peur et la nécessité », que ces documents garantissent pour nous tous.   

Le 8 janvier à  Colombo, la capitale du Sri Lanka, le journaliste Lasantha Wickramathunga a été assassiné, de plusieurs coups de pistolet, dans la rue par des sujets inconnus.  Dans une éditorial qu'il venait de publier dans le Journal Sunday  Leader, il a critiqué son gouvernement pour essayer de mettre en œuvre une solution militaire au conflit qui divise son pays, au lieu de chercher une solution politique.  « Mais (en résolvant le conflit) en violant les droits des citoyens tamiles, en les bombardant et en les tuant sans miséricorde c'est une honte pour les sri lankais (…) Plus encore, l'occupation militaire du nord et  l’est du pays fera que la population tamil de ces régions vivra éternellement comme des citoyens de seconde classe, privés d'auto-estime.  Vous ne vous imaginiez pas qu'il est possible de les calmer, même pas à  travers le « développement » et la « reconstruction » qui leur sera offerte dans l'après-guerre.  Les blessures de guerre laissent des cicatrices durables, et en plus vous devrez faire face à une diaspora avec des haines et de l'amertume.  Un problème qui devrait avoir trouvé solution politique se transformera en blessure fétide qui fera mal éternellement.  Si je parais fâché et frustré c’est  parce que la majorité de mes compatriotes - et la totalité de mon gouvernement - ne voient pas cette simple vérité. » 

Les derniers mots de Wickramathunga sont aussi valables pour Gaza comme ils le sont pour le Sri Lanka.   

Il y a quelques jours, un nouveau Président a eu son investiture dans la Maison Blanche, celui qui a dit qu’il est évident que la torture n'est admissible dans aucun cas, et a promis d'arrêter cette tactique,  pratiquée par les forces dont il est maintenant  le commandant.  Les crimes de guerre ne sont pas non plus admissibles, quelques soient les circonstances ou les excuses dont il s’agit, et le bombardement des populations civiles, écoles, hôpitaux, lieux sacrés, et installations de l'ONU, sont des crimes de guerre sous tout regard.  Si ces signaux ne sont pas encore clairs, nous devrions réaffirmer notre compromis, et déclarer avec plus de force ce qui est écrit sur le portail du dernier Rapport de Social Watch : «  Les Droits de l´Homme sont la seule clé ! » 

Bien à vous, 

 Roberto Bissio
Coordinateur du Secrétariat International de Social Watch