Banque Interaméricaine de Développement : 50 Années en Finançant l'Inégalité et l'Insoutenabilité

Auteur: 
Jana Silverman

Les organisations de la société civile de l'Amérique latine et les Caraïbes organisent une contre- assemblée pour visualiser les coûts humains et environnementaux des politiques de la Banque Interaméricaine de Développement qui ont résulté dans l'extraction de ressources naturelles non renouvelables, la privatisation de services publics et la construction de projets d'infrastructure à grande échelle.

Cette année la Banque Interaméricaine de Développement (BID) célèbre un important anniversaire : ses 50 années de vie. À cet effet on organise différentes fêtes pour la semaine de du 27 à au 31 mars pendant l'Assemblée Annuelle de Gouverneurs, qui sera réalisée à  Medellín,  Colombie. Cependant, au lieu de célébrer, les organisations de la société civile de l'Amérique latine et les Caraïbes organisent une contre-assemblée pour visualiser les coûts humains et environnementaux des échecs politiques en matière de « développement » de la banque, orientées principalement sur la promotion de mégaprojets écologiquement nuisibles qu'offrent très peu de bénéfices aux populations locales les plus défavorisées et ils ne respectent pas les droits des Communautés indigènes et d'autres groupes ethniques traditionnels.

La BID a été fondée en décembre 1959 pour contrebalancer les demandes en faveur d’ un plus grand développement social et une démocratie qui apparaissaient dans la toute Amérique latine dans le contexte du succès de la révolution cubaine, avec un mandat explicite de « contribuer à accélérer le processus de développement économique et social, individuel et collectif, des pays membres régionaux en voies de développement ». Cinq décennies plus tard, les contributions que la Banque a fait pour obtenir ces objectifs, sous forme de prêts, subventions et assistance technique, n'ont pas eu regrettablement un impact significatif dans une région qui souffre encore une pauvreté persistante et les niveaux  les plus hauts d'inégalité de revenues du monde. Concrètement, selon des statistiques de 2007, plus de 34% des latino-américains vit encore sous la ligne de pauvreté, et dans la majorité des pays de la région, les revenues par habitant du 10% le plus riche sont environ 20 fois plus grandes que ceux de 40% plus pauvre.

Au lieu d'améliorer ces injustices sociales avec des projets de développement du bas vers le haut qui donneraient du pouvoir aux Communautés locales et favoriseraient la viabilité économique et environnementale, beaucoup des initiatives de la BID ont eu l'effet contraire, parce qu'elles impliquent l'extraction de ressources naturelles non renouvelables, la privatisation de services publics et la construction de projets d'infrastructure à  grande échelle. Par exemple, en 2003, la Banque a approuvé le projet Camisea pour faciliter l'extraction et la distribution de gaz naturel dans l'Amazonas péruvien. Ce projet a provoqué la déforestation, l'érosion des sols et l'épuisement de la population des poissons et d’animaux de chasse, affectant ainsi le bien-être des Communautés indigènes qui habitent la région et en menaçant sa riche biodiversité  En outre, la BID finance intensément l'Initiative pour l'Intégration de l'Infrastructure Régionale sud-américaine (IIRSA), un projet énorme qui essaye d'unir le transport, les communications et les routes de l'énergie dans tout le continent afin d'augmenter les flux commerciaux, en ce qui concerne les groupes de la société civile craignent que cela provoquera un déplacement massif des Communautés rurales et la destruction d'écosystèmes fragiles comme l'Amazonas et le bassin de l'Orinoco.

La crise économique et financière actuelle a démontré l'insuffisance du modèle de développement néolibéral que la banque promeut ; toutefois, au lieu d'utiliser cette occasion pour repenser sa mission institutionnelle, la banque a décidé de profiter de la crise pour obtenir encore plus d'endettés en créant en octobre 2008 un fonds de liquidité d'urgence d'USD 6 milliards dont le Costa Rica, El Salvador et Jamaïque font déjà usage. En même temps, la liquidité de la banque elle-même est en doute, avec un portfolio qui a perdu plus de USD 1.900 millions en valeur dans les derniers 18 mois étant donné ses grands investissements dans des « actifs toxiques » dans le secteur de biens immeubles. Ceci a provoqué la chute de beaucoup d'autres institutions financières ce qui nous mené á nous demander si la BID sera la première IFI á se déclarer en cessation de paiements à la suite de la crise.

Luis Alberto Moreno, le président de la BID, utilisera les célébrations du 50éme anniversaire á Medellín pour essayer de démontrer la solvabilité et l'importance de l'institution. D'autre part, les nombreuses organisations la société civile et les réseaux nationaux et internationaux qui se réuniront á Medellín deux jours avant l'inauguration de l'Assemblée officielle, qui profiteront de l'occasion pour réclamer une réforme fondamentale de l'institution met en  lumière les impacts négatifs vérifiés sur les droits humains, sociaux et environnementaux qui ont eu leurs projets. « L'Assemblée des Peuples : Alternatives de Développement », organisée par les différents de groupes de droits humains, de travail, environnementaux et communautaires entre lesquels on inclut Social Watch, présentera les témoignages des personnes directement touchées par les projets de la BID et inclura aussi des débats conduits par des experts et des activistes de la société civile sur les alternatives au modèle de développement destructif propagé par les projets de la banque. L'objectif de cette contre-assemblée est d'articuler et de fortifier des stratégies viables pour transformer ces alternatives en réalité, de sorte que les travailleurs, les paysans, les femmes, les indigènes, et les pauvres de l'Amérique latine et les Caraïbes ne doivent pas souffrir encore 50 années inégalité croissante et dévastation environnementale, quelque chose qu'il vaudrait réellement la peine célébrer.

Pour plus d'information sur la campagne « BID. 50 Années en Finançant l'Inégalité » et le programme de l'Assemblée des Peuples, visitez : http://www.frentebid2009.org/.