France : La démocratie remise en question

(Photo: Jacques Duffaut/SC)

Les Semaines sociales, manifestation annuelle soutenue par le Secours Catholique, un des points focaux de Social Watch en France, se sont terminées dimanche 27 novembre après-midi après trois jours riches en débats autour de la démocratie et fructueux en propositions pour la renouveler.

 « La démocratie, une idée neuve ? ». La question que posaient les Semaines sociales de France lors de son édition 2011 a reçu une réponse unanime. La démocratie doit être rénovée. La crise est là, grave, multiple, économique, financière, morale. « Nous sommes dans une crise fondamentale de valeurs », disait vendredi dernier Michel Camdessus à notre consœur, Catherine Rebuffel.

Le pouvoir par le peuple

Étymologiquement la démocratie (demos cratos) signifie le pouvoir par le peuple. « Le mode d’exercice du pouvoir politique considéré comme le plus légitime », estime Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui ajoute que « la démocratie est d’autant plus légitime qu’elle est proche de nous ».

Or aujourd’hui la gouvernance est globale et le peuple se sent très éloigné du pouvoir. Il n’a plus l’impression qu’on l’écoute, que son opinion compte, que sa voix a un poids.

Démocratie d’abstention et les « 99 % »

Même observation de la porte-parole d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), Lucile Schmid, qui parle d’« atonie de la population », d’une « démocratie d’abstention ». Un oxymore qui cache une colère, rentrée en France, mais qui s’exprime autrement en Espagne, en Grèce ou aux États-Unis où les « Indignés » et les « 99 % » font entendre leur voix haut et fort.

De son côté, l’élue socialiste d’Indre-et-Loire, Marisol Touraine, qualifie les modèles démocratiques actuels de « décalés ».

« 3e Guerre Mondiale d’ordre économique et moral »

Pour définir la démocratie, François Bayrou reprend à son compte la phrase de Marc Sangnier, chrétien, démocrate et progressiste du début du XXe siècle. « La démocratie, c’est l’organisation sociale qui vise à porter à son plus haut la conscience et la responsabilité du citoyen ».

Quant à Christine Boutin, présidente du Parti chrétien démocrate, elle déclare que « la démocratie est menacée » et que « nous allons être obligés très bientôt de regarder la réalité en face ». Pour elle, la crise que nous traversons est une « 3e Guerre Mondiale d’ordre économique et moral ».

250 groupes de réflexion

Pour répondre aux questions que soulève ce constat, les représentants des partis politiques ont, plus ou moins habilement, énoncé leur propre programme électoral. Mais la veille, quelque 2 000 participants à ces Semaines sociales avaient recherché eux-mêmes des réponses.

Réunis en 250 groupes de réflexion, ils ont échafaudé des pistes et proposé des solutions. Après en avoir fait la synthèse, le journaliste René Poujol a présenté le fruit de ces travaux d’où ressortaient « deux impressions fortes : le poids du contexte de crise et la nécessité de redynamiser la vie politique locale ».

Répartir les richesses de façon plus juste

La plupart des participants à ces travaux de réflexion ont estimé urgent de réduire la dette de la France. Selon eux, il est inacceptable de la laisser en héritage à nos enfants, et il est impératif de répartir les richesses de façon plus juste. Pour cela, ils exigent une réforme fiscale compréhensible, juste et transparente.

D’autres ont demandé que l’échelle des rémunérations soit réduite. D’autres encore ont invité à vivre autrement, à chercher d’autres formes de croissance. Les autres propositions concernaient la santé, le logement ou l’éducation. Mais toutes avaient en ligne de mire la dignité humaine.

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/jaOByR