La France : « Le système de santé solidaire est malade »

Centre hospitalier de Calais
dispense gratuitement les soins
de santé aux migrants.
(Photo : Stephan Norsic/IP3)

« Le système de santé solidaire français est malade et ce sont les personnes précaires qui en souffrent le plus », affirme Médecins du monde dans un communiqué. L’association invite les candidats à l’élection présidentielle à appliquer un « traitement d’urgence » pour répondre à « l’urgence sanitaire ». De leur côté, les délégations du Secours Catholique tentent de répondre aux besoins de santé des personnes les plus démunies.

 « Démarrée bien avant la crise, la remise en cause d’un accès équitable aux soins s’est amplifiée depuis 2008 », affirme Médecins du monde (MdM) dans un communiqué. L’association « prescrit un traitement aux candidats pour mettre fin aux politiques qui rendent malades ».

Parmi les personnes reçues par les équipes de MdM, un patient sur quatre vient se faire soigner trop tardivement et 85 % des patients n’ont aucune couverture maladie. Par ailleurs, deux tiers des enfants ne sont pas suivis par une PMI (protection maternelle et infantile) et deux tiers de ceux de moins de 6 ans ne sont pas à jour dans leurs vaccinations. De plus, 68 % des femmes enceintes n’ont pas accès aux soins prénataux et plus de la moitié présentent un retard de suivi de grossesse.

 

« Il y a des politiques qui rendent malades »

« La santé est devenue un produit de luxe » pour les plus démunis, qui retardent leurs soins ou y renoncent, affirme MdM. Le droit aux soins des étrangers pâtit de la récente instauration d’un droit d’entrée de 30 euros pour l’accès à l’aide médicale d’État (AME), alors que cette aide était gratuite jusqu’en juin 2011.

« Les personnes vulnérables subissent une politique de harcèlement systématique qui les éloigne du soin. Stigmatisées, elles se retrouvent dans une logique de survie. Approches financières du soin, approches répressives des situations de détresse : il y a des politiques qui rendent malades, affirme MdM. Les enjeux de santé publique passent en second plan derrière les impératifs sécuritaires. »

L’ONG prescrit notamment aux candidats d’instaurer une couverture maladie unique pour les plus précaires et de supprimer les 30 euros d’accès à l’AME.

 

La santé n’est pas un bien comme les autres

« Faut-il revoir le système pour qu’il soit soutenu par davantage d’assurance privée où chacun recevrait selon sa capacité de contribuer ? C’est ce qui est lentement en train de se passer, affirme Bernard Schricke, directeur France-Europe du Secours Catholique. La "sécu" rembourse de moins en moins, les mutuelles couvrent une bonne partie du différentiel à condition de pouvoir y accéder. Certes, un filet de sécurité est mis en place pour les plus pauvres, avec la création de la couverture maladie universelle. Mais beaucoup renoncent à se soigner. »

Préoccupées par cet état « fiévreux » du système de santé français, plusieurs délégations du Secours Catholique interviennent auprès des personnes qu’elles accueillent pour améliorer leur accès aux soins de santé. Plusieurs d’entre elles négocient avec les mutuelles afin d’obtenir des tarifs plus avantageux pour les familles en difficulté. D’autres ont mis à disposition leurs locaux pour y installer des permanences de santé hebdomadaires.

Enfin, dans certains cas, comme à Calais, le Secours Catholique fait partie du comité de pilotage de la permanence d’accès aux soins de santé (Pass). « La santé n’est pas un bien comme les autres. Une logique de solidarité globale doit continuer à prévaloir », rappelle Bernard Schricke à l’attention des candidats à l’élection présidentielle.

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/AB9HW3