Forum mondial de l’eau : le défi des bidonvilles

Haïtiens au Forum mondial de
l’eau pour témoigner de leur
engagement auprès des populations
des bidonvilles de Port-au-Prince.
(Photo: Jacques Duffaut/SC)

L’eau potable, source de vie, se fait rare. Plus rare encore dans les zones périurbaines où s’entassent un milliard d’êtres humains. Quelques expériences menées au sein de plusieurs bidonvilles ont été présentées à Marseille, au Forum mondial de l’eau où le Secours Catholique était présent. Jacques Duffaut a écrit ce rapport sur la question.

Sur l’esplanade du parc des expositions de Marseille où se tient du 12 au 17 mars le 6ème forum Mondial de l’eau, tout le monde s’accorde pour dire qu’il y a urgence à agir et mettre en œuvre des solutions concrètes pour améliorer l’accès à l’eau potable (884 millions d’humains n’y ont pas accès) et pour irriguer les terres qui, parce qu’elles restent stériles, sont cause que 950 millions d’habitants de la planète souffrent de faim.

Un humain sur sept vit dans un bidonville

En zone urbaine, plus d’un être humain sur sept vit aujourd’hui dans un bidonville. Un chiffre qui devrait doubler d’ici 2030, selon UN-Habitat,. Et 90% des habitants des bidonvilles vivent dans les pays en développement (58% de la population urbaine d’Asie du sud, 72% en Afrique sub-saharienne). Là, les enjeux sanitaires sont majeurs : l’espérance de vie stagne à cause des maladies. Dharavi, à Mumbaï (Inde), le plus grand bidonville d’Asie ou Kibéra à Nairobi (Kenya), le plus grand bidonville d’Afrique, sont autant de zones urbaines qui manquent d’équipements et de services : raccordement à l’eau, toilettes, égouts, équipements sanitaires…

Dans le Village des Solutions du Forum mondial de l’eau, une tente est consacrée aux bidonvilles. Une douzaine d’expériences probantes d’accès à l’eau potable ou à l’assainissement sont présentées par le réseau Projection, une plateforme d’échanges et de réflexion animée par de jeunes professionnels. Les expériences présentées ne proposent pas de réponses universelles mais collent au contexte local et mobilisent les principaux intéressés, des citoyens qui, épaulés par des ONG, suppléent l’absence de services publics.

Des quartiers bâtis illégalement

Mercredi 14 mars, sous la tente des bidonvilles, il était question d’Haïti. Trois habitants de Port-au-Prince engagés dans des comités d’eau étaient invités à parler du programme mis en place bien avant le séisme. La moitié de la population de la capitale, soit 1,5 million d’habitants, vit dans de nombreux quartiers qui se sont bâtis illégalement. A cause du manque d’eau et de toilettes, les maladies s’étaient multipliées.

En 1994, l’ONG Gret a initié ce projet de faire auto-gérer les services de l’eau de façon communautaire. L’idée était de créer des fontaines dans les quartiers privés d’eau en les rattachant au réseau de distribution de la région et de confier la gestion du sous réseau (distribution, facturation, maintenance) à des comités de 5 à 9 membres élus par ces communautés. Depuis 17 ans, cela fonctionne et s’améliore. L’eau est achetée en gros et revendue avec une marge. Le profit sert à rémunérer les vendeurs, à financer l’entretien du réseau, à amortir les équipements et à verser une indemnité aux membres des comités. Les bénéfices servent à réaliser des projets propres à chaque communauté.

Le séisme a détruit un grand nombre de ces fontaines mais elles ont été vite reconstruites. Il y en a plus de 500 dans plus de 50 quartiers. Ce programme a permis à un million d’Haïtiens d’avoir accès à une eau potable est relativement peu coûteuse. Elle coûte cinq fois moins que l’eau directement raccordée aux maisons abonnées. Les avancées se poursuivent. Callixte Tarel, engagé depuis 12 ans dans ce programme, est à l’origine de la fédération des 50 « Komités dlo » qui désormais auront leur mot à dire dans toute décision politique concernant ces zones ignorées des services publics.

Plus d’information
WikiWater : http://bit.ly/GDw2vy

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/x5FeJk