Démocratie : le rôle "essentiel" de la société civile

Le colloque organisé par le Secours
Catholique avait pour thème :
"La pauvreté exclut-elle l’accès aux
droits ?" (Photo : Gaël Kerbaol/SC)

Dans le cadre de sa campagne d’action internationale, le Secours Catholique, point focal de Social Watch en France, organisait, le 31 mai à Paris, un colloque sur la pauvreté et l’accès aux droits. Des membres du réseau Caritas, auquel appartient le Secours Catholique, ont témoigné du rôle des acteurs locaux dans la construction de la démocratie.

En 1991, l’Arménie, petite république d’Union soviétique, gagne son indépendance. Pour les Arméniens, cela signifie « apprendre à vivre libre », d’après Ophélia Minasyan, porte-parole de Caritas Arménie, venue témoigner de l’importance du rôle de la société civile dans l’instauration de la démocratie, selon un rapport écrit par Clémence Richard, du Secours Catholique.

« Nous avons mis 70 ans à obtenir notre indépendance. Il a donc fallu changer les mentalités pour vivre en liberté, créer une société civile, qui n’existait pas à ce moment là », explique la jeune femme. Caritas Arménie, créée en 1995, participe à l’émergence d’une démocratie, pas toujours facile à mettre en place.

« Notre objectif majeur est de renforcer les capacités des communautés à résoudre leurs problèmes  », explique Ophélia Minasyan. Caritas Arménie a donc travaillé auprès des plus démunis en menant des actions de développement et des actions sociales. L’ONG travaille aujourd’hui à fournir une protection sociale aux plus pauvres, au développement des communautés, à l’accueil des migrants et des Arméniens de retour, à la santé publique et à fournir une réponse d’urgence en cas de crise humanitaire.

« Nous nous sommes aperçu que le meilleur moyen de changer la condition des plus pauvres et de mener la société à des principes de démocratie est la participation active des populations à nos projets de développement, qu’ils en soient les acteurs », conclut Ophélia Minasyan. Une population engagée permet ainsi une meilleure construction de la démocratie.

 

La population, premier acteur de démocratie

Un constat partagé par Mgr Hector Fabio Henao, secrétaire national de Caritas Colombie et président du groupe de travail Colombie de Caritas Internationalis. « Au départ, les communautés indigènes déplacées en raison de la guérilla, demandaient à ce que Caritas plaide leur cause auprès des acteurs politiques, estimant qu’elles n’avaient pas suffisamment de poids pour le faire. Aujourd’hui, après le travail de renforcement des capacités des communautés mené par Caritas Colombie, les communautés sont capables de défendre leur cause seule », raconte Mgr Fabio.

Ce dernier estime que derrière le situation de guerre civile en Colombie, qui a fait plus de 4 millions de déplacés, réside un problème de gouvernance. Grâce au plaidoyer de l’association auprès des différents acteurs politiques locaux, une loi de réparation des victimes et de restitution des terres a été votée l’année dernière.

 

L’éducation de base, fondement de la citoyenneté

Le père Nabil Gabriel est citoyen d’un pays dans lequel la démocratie a été réclamée à corps et à cris à coup de révolution : l’Égypte. Directeur général de la Caritas nationale, le père Nabil estime que l’éducation de base est le pilier fondamental de la conscientisation des citoyens. En Égypte, entre 40 et 50% de la population est analphabète et la majorité de ces personnes sont des femmes.

C’est pourquoi l’association, entre autres actions, alphabétise plus de 10 000 personnes par an. « Si aujourd’hui, le mouvement d’islamisation en Égypte est très fort, c’est aussi grâce à l’analphabétisme », estime le père Nabil. « Comment peut-on réclamer ses droits si on ne sait ni lire, ni écrire ? a ajouté Michel Roy, secrétaire général de Caritas Internationalis. Nous devons reconstruire la société à partir du bas, de la famille, etc. le tout dans une démarche participative qui est essentielle. »

« La société civile est une pièce essentielle pour parvenir à la construction d’institutions et la mise en place de modes de gouvernance avec des règles, a conclu Philippe Copinschi, docteur en sciences politiques de l’Institut d’études politiques de Paris (IEP). Le plaidoyer qu’elle mène doit se faire au niveau local mais aussi au niveau international, et c’est là toute la force du réseau Caritas. »

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/KTqywr