La France : La société civile appelle à un plan d’urgence du logement

Des centaines de personnes ont
dénoncé, en mars, la fin du plan
hivernal d’hébergement.
(Photo: Xavier Schwebel/
Secours Catholique)

Le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement de France, qui regroupe 33 associations et fédérations au niveau national, a appelé à la mise en œuvre d’un plan immédiat, piloté par l’Etat et renouvelle son alerte aux pouvoirs publics du France sur les urgences à prendre en compte en terme d’hébergement.

Les premières mesures doivent être confirmées et renforcées, sachant que de réelles inquiétudes persistent quant aux moyens financiers déployés pour produire 150 000 logements sociaux par an et lutter activement contre l’habitat indigne, selon le Collectif.

La ministre du Logement, Cécile Duflot, a annoncé le 18 septembre sur France Inter qu’un plan d’hébergement d’urgence sera arrêté dans les jours prochains. Le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique du logement, dont le Secours Catholique est membre, en profite pour renouveler son appel d’urgence sur la situation catastrophique de l’hébergement.

« Le baromètre du 115 indiquait récemment que 70 % des demandes d’hébergement n’étaient pas satisfaites », a rappelé Éric Pliez, directeur général d’Aurore et trésorier de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars), lors d’une conférence de presse du collectif, en septembre à Paris.

Les associations et fédérations du Collectif ont décidé en janvier 2008 d’unir leurs forces pour faire de la lutte contre l’exclusion dans le logement une priorité des pouvoirs publics.

Les personnes sans-abri et mal logées ne peuvent plus attendre les effets de réformes qui ne se mesureront que sur le long terme. C’est la raison pour laquelle le Collectif demande un plan d’urgence qui vise à :

■ Décréter un moratoire sur les expulsions locatives sans relogement (avec dédommagement des propriétaires) et sur les démantèlements (sans solution) des campements d’habitat insalubre

■ Evaluer rapidement les besoins grâce à des cellules d’urgence territorialisées sous l’égide du Préfet, avec l’aide des 115, SIAO, DGCS, associations…, qui devront établir dans la foulée un plan d’action ambitieux

■ A partir des besoins recensés, mettre en œuvre des réponses dignes et adaptées, pour appliquer les principes (inscrits dans la loi) d’inconditionnalité de l’accueil et de continuité de la prise en charge :

● Création/pérennisation de places d’hébergement (le président de la République s’est engagé à créer 15 000 places supplémentaires sur 5 ans), recherche de solutions ‘’alternatives’’ transitoires, utilisation de bâtiments et de terrains disponibles et rapidement mobilisables

● Accompagnement individualisé et global des personnes, par un renforcement des équipes de travailleurs sociaux

● Renforcement des équipes mobiles lorsqu’elles sont insuffisantes ou fragilisées, pour aller au-devant des personnes

■ Simultanément, organiser une opération massive d’accès au logement : mobilisation de tous les contingents (Préfectures, Action Logement, collectivités, bailleurs), développement du conventionnement privé à vocation sociale, de l’intermédiation locative, mobilisation des logements vacants, etcetera.

Le pilotage de ce plan doit se faire avec les acteurs de l’urgence et de l’insertion (institutionnels comme associatifs) mais aussi de la Santé, de la Justice, des collectivités et les personnes concernées elles-mêmes. Aujourd’hui plus que jamais, la défense des plus vulnérables doit être la priorité absolue du gouvernement.

« Les Services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO) n’ont pas les outils nécessaires pour répondre aux demandes des personnes à la rue. Cela engendre des tensions pour les salariés de l’urgence sociale mais aussi pour les demandeurs et mène à une rupture de l’inconditionnalité de l’accueil », a dit Pliez.

Et de citer en exemple les 80 refus par jour du 115 de Toulouse, dont une quinzaine concernent des familles, la fermeture quasi totale du dispositif hivernal dans le Val-d’Oise, l’augmentation de 14 % des demandes en Dordogne, dont 60 % ne trouvent pas de réponses, et surtout le droit de retrait exercé pas des travailleurs de l’urgence sociale dans la Somme pour protester contre un possible dépôt de bilan de leur association.

Nathalie Rouxel, travailleuse sociale au Secours Catholique et ancienne salariée d’un SIAO, témoigne de ces difficultés. « Aujourd’hui, sur 70 appels reçus, nous allons pouvoir répondre positivement à seulement cinq d’entre eux. Les travailleurs sociaux sont obligés de mettre en place des critères abusifs pour répondre aux demandes d’hébergement. Il va parfois s’agir de choisir de mettre à l’abri une famille avec un bébé de 4 mois plutôt qu’une autre avec un bébé de 6 mois », déplore-t-elle.

 

Une réponse immédiate par territoire

Le Collectif réclame donc un plan d’urgence « territorialisé ». « Une cellule d’urgence doit être créée pour proposer des réponses immédiates, affirme Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre.

Cette cellule doit être "territorialisée" et doit faire une évaluation rapide et collective (115, SIAO, équipes mobiles, associations, etc.) de l’ensemble des besoins sur son territoire. Il faut pouvoir mettre en œuvre dans quelques semaines des réponses dignes, avec, par exemple, la pérennisation ou la création de places d’hébergement, la recherche de solutions alternatives immédiates et le renforcement des équipes fragilisées.

Par ailleurs, ce plan d’urgence devra poser la question des migrants, des demandeurs d’asile sans solution d’hébergement. Il faut absolument redonner des perspectives aux personnes en situation d’exclusion ! »

 

Pour une loi sur le logement social ambitieuse

Le Collectif salue le vote du Sénat, du 12 septembre dernier, en faveur du relèvement de 20 à 25 % du taux obligatoire de logements sociaux dans les communes (loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, SRU), dans le cadre du projet de loi sur le logement social.

« Ces mesures vont dans le bon sens », commente Christophe Robert. Toutefois. « Le quintuplement de la pénalité pour les communes qui ne respectent pas cette loi n’est pas systématique et dépend du bon vouloir des préfets. Nous plaidons donc pour une systématisation de ce quintuplement. Par ailleurs, il faut établir des plafonds par type de logements sociaux, de manière à ce qu’une commune ne construise pas exclusivement du logement social intermédiaire (PLS), inaccessible aux plus pauvres, sous couvert de faire du logement social. La priorité doit être donnée aux logements très sociaux. »

L’Assemblée nationale doit examiner le projet de loi sur le logement social, dont la loi SRU, à partir du 24 septembre. Son adoption définitive par le Parlement est prévue pour le début d’octobre.

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/WE6wd6