Paraguay : des radios communautaires font pression sur le Parlement

Ruben Ayala, Voces Paraguay,
(Photo: SPP)

Source: Campaña por la Expresión Ciudadana

L'avant-projet de Loi de Télécommunications à étude du Parlement du Paraguay ne réussit pas a consacrer la communication comme un droit citoyen universel, mais il la conçoit comme un produit de marché, entre d'autres raisons pour limiter la puissance des organisations de la société civile et lui empêcher la recherche de financement à travers la vente de publicité, a soutenu le coordinateur de l'Association de Radios Communautaires et Médias Alternatifs (Voces Paraguay), Rubén Ayala, à travers le portail de la Campagne pour l'Expression Des citoyens, point focal de Social Watch dans le pays latino-américain. 

Le « plus préoccupant » de l'initiative est « qu’elle ne promeut pas l'accès égalitaire de tous les secteurs aux médias, en particulier à la radiodiffusion », donc « la liberté d'expression est réduite aux possibilités économiques du secteur patronal » et « les secteurs sociaux ne peuvent pas exercer ce droit par manque d'accès à des moyens d'expression », a soutenu Ayala.

« Dans la première et seule réunion a laquelle nous participons » dans la Commission Science et Technologie de la Chambre de Députés « nous encourageons le concepteur (le législateur Héctor Ocampos) à ce que cette nouvelle initiative soit le produit d'un débat vaste et démocratique avec les divers secteurs de la société civile, les organisations sociales, le secteur privé et les institutions étatiques qui s’occupent des politiques de communication. Nous avons réclamé une nouvelle loi de télécommunications qui garantit la communication comme un droit de tous et de toutes et non comme un produit du marché. Qui assure la diversité de voix, l'accès des secteurs sociaux aux médias et aux sources informatives plurielles. Cette demande n'a malheureusement pas eu écho favorable et les discussions ont continué avec les secteurs des entreprises invités ", a regretté l'activiste.

En principe, il a signalé, « la réforme totale de la Loi de Télécommunication est incontestablement une réussite et une nécessité », parce que la norme en vigueur « a déjà plus de 15 ans et des graves limitations en termes de droit et démocratie », en plus d'être « décalée » face « aux avances technologiques et les nouveaux paradigmes de la communication ».

« Toutefois, l’ébauche du projet nous fait soupçonner que ce que l’on essaye est de consolider les intérêts de secteurs hégémoniques de la communication, et d’encourager, contre la diversité et la pluralité, à la production de contenus et d’information qui promeuvent une seule vision la société et du monde. Ceci est une politique sectaire et discriminative ", a déclaré Ayala.

Le projet « n'empêche pas le monopole et l'oligopole des médias » non plus, dans ce qui constitue un vide « nuisible pour la construction d'une culture démocratique et pour la consolidation même de la démocratie », il a ajouté.

Tout comme l'ancienne loi, celle-ci contient « des articles qui restreignent et discriminent les radios communautaires et en conséquence les Communautés et les organisations sociales, en accordant seulement entre 50 et 30 watts de puissance et en interdisant totalement toute forme de soutien à travers des spots (publicitaires) tant du secteur privé comme du public ».

Pour illustrer cette « terrible discrimination et attentat à la liberté d'expression », Ayala a imaginé, avec sarcasme, un discours dans le Parlement pour l'avant-projet : « Vous chefs d'entreprise, messieurs de l'argent, vous pouvez parler, vous pouvez vous exprimer et vous pouvez le faire de 1.000 à 50.000 watts de puissance… et vous Communautés, organisations, peuple en général, vous pouvez parler, vous exprimer, dire ce que vous pensez, très doucement, de 50 et 300 watts. »

L'activiste a lu un rapport de la Commission Interaméricaine des Droits Humains (CIDH) selon lequel « les États ont l'obligation de garantir, protéger et promouvoir le droit à la liberté d'expression dans des conditions d'égalité et sans discrimination, ainsi que le droit de la société de connaître toute sorte d’information et des idées ». 

Ayala a considéré nécessaire que le Parlement consulte dans le processus de débat de l'avant-projet au Syndicat de Journalistes du Paraguay, aux universités publiques et privées avec des facultés de communication, à des organisations de droits humains, sociaux, paysannes, culturels et artistiques et a celles qui analysent les questions de communication par rapport aux problèmes des femmes, des enfants et des adolescents et des peuples indigènes, entre autres.

« Nous prétendons une Loi de Télécommunications et de services de communication audiovisuelle que reconnaît le droit à la communication et garantit, protège et promeut la liberté d'expression dans des conditions d'égalité et sans discrimination, ainsi que le droit de la société de connaître tout type d’informations et d’idées. Elle devrait éviter le monopole public ou privé dans la propriété et le contrôle des médias et promouvoir l'accès de différents groupes aux fréquences et licences de radio et de télévision, quelle que soit sa modalité technologique. Une des conditions fondamentales du droit à la liberté d'expression est la nécessité qu'il existe une vaste pluralité dans l'information ", a résumé l'activiste.

« La démocratie a besoin de la confrontation d'idées, du débat, de la discussion. Quand ce débat n'existe pas ou est affaibli par le fait que les sources d'information sont limitées, on attaque directement le pilier principal du fonctionnement démocratique ", a conclu Ayala.