Accord Ghana-UE, une menace contre l’intégration d’Afrique occidentale

Gyekye Tanoh, de TWN-A.
(Photo : MyJoyOnline)

Sources: BusinessGhana, ThinkGhana, Ghana Business News, MyJoyOnline, GhanaWeb, AllAfrica

Les organisations de la société civile de Ghana ont averti que le renouvellement de l’Accord d’Association Économique provisoire avec l’Union Européenne (UE), endommagerait de manière irréparable l’intégration d’Afrique occidentale et l’économie nationale. Le Réseau du Tiers Monde-Afrique (TWN-A, du sigle en anglais, point focal de Social Watch), le Syndicat Général des Travailleurs de  l’Agriculture et l’organisation pour la défense des droits des femmes Abantu, entre autres, ont élevé leur voix pour signaler les dangers de l’accord.

Les participants d’un forum tenu à Accra ont été unanimes quant au fait que la ratification de l’accord représenterait un délit économique contre l’État. L’instance s’est tenue avant la réunion du Comité Ministériel de la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (ECOWAS, du sigle en anglais) responsable de l’analyse des EPA (acronyme des Accords d’Association Économique, promus par l’UE), programmée pour ce mois dans la capitale de Ghana.

En décembre 2007, ce pays a convenu, en autonomie du reste de l’ECOWAS, d’un EPA provisoire avec l’UE, dans le but de protéger un petit secteur d’exportateurs qui dépend presque exclusivement des marchés européens dont les droits de douane pour y avoir accès se sont accrus à partir du moment où le régime de commerce préférentiel qui bénéficiait auparavant les anciennes colonies d’Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique, est arrivé à terme.

Gyekye Tanoh, directeur de l’Unité d’Économie Politique de TWN-A, a réclamé au gouvernement de désactiver l’EPA intérimaire car il considère que celui-ci représente une menace pour l’économie nationale et pour le processus d’intégration de l’ECOWAS du moment où il mine la position du bloc vis-à-vis de ces accords.

 « Plus de 90 % des exportations manufacturières ayant le plus fort dynamisme de Ghana se dirigent à l’heure actuelle vers d’autres pays d’Afrique occidentale », a affirmé l’expert.

Tanoh a averti que les EPA diviseront la région et provoqueront un déraillement de son harmonisation commerciale. «En conséquence, nous appelons le gouvernement de Ghana à refuser les EPA provisoires et à rejoindre le processus d’harmonisation et d’intégration de l’ECOWAS, car sa perspective actuelle introduit des éléments de confusion dans ce processus », a-t-il souligné.   

L’attitude de Ghana aggrave la menace consistant à introduire en Afrique de l’Ouest des régimes de commerce multiples, ce qui représenterait un pas très dangereux et auquel seraient  en proie la plupart des exportateurs du pays, moins dépendants du marché européen.

Pour Tanoh, l’argument selon lequel quelques entreprises ne disposant pas des avantages de l’EPA  se seraient endommagées est intenable car les droits de douane que l’UE impose à la faible quantité de produits importés provenant de Ghana constituent une charge supplémentaire pour l’économie nationale. 

Le gouvernement a créé un Fonds de Développement des Exportations et des Investissements dans le but d’encourager les ventes. Cependant, le maintient de l’EPA rendrait illégale cette assistance, a-t-il ajouté.

Il est extrêmement dangereux d’ouvrir le marché dans le seul but de protéger un petit nombre de producteurs agricoles, a-t-il souligné.

La directrice exécutive d’Abantu, Rose Mensah-Kutin, qui a présidé le forum, a affirmé que le taux élevé de chômage au Ghana s’aggraverait avec le maintient de l’EPA.

David Persey, conseiller de l’Association nationale des Aviculteurs, a exprimé que le gouvernement doit décider s’il prend parti au nom de la population de Ghana ou au nom de l’UE, vu que l’EPA favorise les intérêts de ce bloc.