Enfin libérée de ses chaînes, la LTDH a tenu son Congrès

Le président sortant de la LTDH,
Mokhtar Trifi, et le chef du
gouvernement de transition Beji
Caïd Essebsi. (Photo : TunisiaLive)

Sources: Leaders, Agence Tunis Afrique Presse, Associated Press

La Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH, un des points focaux nationaux de Social Watch) a tenu à Tunis son premier congrès depuis 11 ans, après des années d'interdiction sous le régime de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali.

Le congrès a élu à sa présidence, un de ses fondateurs, le Dr Saadeddine Zmerli.

« Plus qu’un succès, c’est un véritable triomphe qui consacre notre capacité à réussir, dans la diversité des convictions et appartenances, des élections démocratiques, libres et indépendantes, que personne ne peut contester et qui nous renforcent pour l’avenir, » a dit le président sortant, Me Mokhtar Trifi, à le portail Internet tunisienne Leaders.

« La Ligue vient de démontrer que nous sommes en mesure de réussir un scrutin transparent, de transcender nos différences pour converger vers un vote indépendant qui exprime notre volonté collective. C’est là un message clair est fort : nous pouvons nous opposer entre nous, mais nous faisons arbitrer les urnes et nous respectons leur verdict, » a ajouté

Selon Trifi, « la Ligue sort aujourd’hui dotée d’une nouvelle direction qui jouit de l’unanimité et capable d’être utiles à toutes les forces pour servir la transition démocratique. Nous venons de franchir une première étape, bien significative pour les autres échéances qui nous attendent. »

Trois jours durant, depuis vendredi, les 184 congressistes ont pu tenir leur 6ème congrès, après 11 ans d’oppression, ont longuement débattu du nouveau rôle que la Ligue doit réinventer et entreprendre dans la Tunisie nouvelle.

Les travaux du sixième congrès  de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH) se ont été ouverts vendredi, à Tunis, onze ans après son dernier congrès empêché de se tenir en raison des restrictions exercées par l'ancien régime contre l'organisation.

Lors de la séance d'ouverture à laquelle a pris part le Premier ministre du gouvernement de transition Béji Caid Essebssi, Trifi a indiqué que la tenue de ce congrès intervient après le déclenchement de la Révolution « qui a libéré le pays de la dictature et de l'oppression et permis  à la LTDH d'ouvrir une nouvelle page dans son parcours militant ».

Des défenseurs des droits de l'hommes invités ont appelé à la vigilance pour protéger la révolution tunisienne. Ils ont souligné le rôle essentiel de la LTDH dans la défense des droits individuels et collectifs, rappelant sa lutte aux côtés des composantes de la société civile malgré la répression exercée contre ses militants particulièrement tout au long de la dernière décennie.

Les invités du 6eme congrès de la LTDH ont souligné que les expériences précédentes à travers le monde ont confirmé que la transition démocratique est l'une des étapes les plus difficiles que connaissent les pays et les peuples après la révolution.

« La Tunisie a donné espoir aux peuples du monde entier que l'avenir sera celui des droits universels », a soutenu le président de la Ligue française des droits de l'homme, Jean-Pierre Duboid indiquant que la démocratie « est un acquis de la volonté des peuples ».

La révolution tunisienne était imprévisible y compris pour les défenseurs des droits de l'Homme eux-mêmes bien qu'ils soient les mieux informés des abus de l'ancien régime,  a soutenu Michel Tubiana, représentant du Réseau euro-méditerranéenne des droits de l'Homme.

Cette opinion est partagée par la présidente de la FIDH Souhir Belhassan qui a mis en avant les efforts déployés par la LTDH pour dévoiler la face cachée de l'ancien régime. Il est impératif aujourd'hui pour les défenseurs des droits de l'homme de rechercher de nouveaux mécanismes pour poursuivre la lutte et pour former une nouvelle génération de militants et de militantes, a-t-elle estimé.

La démocratie et la liberté sont des valeurs auxquelles tous les peuples aspirent, a affirmé pour sa part le président de l'Organisation arabe des droits de l'homme Raji Sourani. Il est impératif, a-t-il dit, d'être vigilant pour protéger la révolution tunisienne de ceux qui cherchent à entraver son processus.

Des défenseurs marocains des droits de l'homme ont affirmé la nécessité de promouvoir les valeurs de liberté et de démocratie dans les différents pays de la région.

Plusieurs représentants d'organisations et d'associations tunisiennes ont pris la parole pour évoquer le rôle leader de la ligue dans la lutte contre le régime dictatorial. Il s'agit notamment de l'UGTT, de l'association des Magistrats Tunisiens, de l'Ordre des avocats et de l'ATFD.