France : L’accès à la cantine scolaire remis en cause pour les enfants de chômeurs


(Photo : Guillaume Bonnefont/IP3/Maxppp)

Source: Le Secours Catholique

Le droit des enfants à la cantine et aux manuels scolaires est mis à mal par des municipalités et par l’Éducation nationale. Le Secours Catholique et d’autres associations protestent contre ces discriminations.

L’affaire du refus de la ville de Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) d’accueillir des enfants dans les cantines scolaires prend de l’ampleur. Il s’agit des enfants dont les parents au chômage ne peuvent justifier d’un entretien d’embauche ou d’une formation. Plusieurs autres villes imposent aux parents le même type de conditions pour accepter leurs enfants à la cantine scolaire.

La FCPE, qui est la plus importante fédération de parents d’élèves, a menacé le 12 septembre de saisir le tribunal administratif si le maire de la ville ne revient pas sur cette décision. Pour la fédération de parents d’élèves, « l’égalité de tous devant les services publics est un droit » et « la restauration scolaire doit être accessible à tout enfant dont les parents en font la demande ».

La justice rejette l’interdiction de restaurant scolaire

« En la matière, la jurisprudence est constante et confirmée par le Conseil d’État pour l’affaire d’Oullins (Rhône) », poursuit la FCPE. À chaque fois que des parents ont saisi la justice, celle-ci a « rejeté l’idée que l’on puisse interdire l’accès à un restaurant scolaire sous prétexte d’une situation personnelle particulière », souligne la fédération de parents d’élèves.

Les droits des enfants mis en cause

À Thonon, le Secours Catholique qualifie la décision de la ville de « discriminatoire » car « elle risque de priver des mères seules d’un service dont elles ont besoin ».

Fabrice Molliex, en charge de l’accès aux droits au siège du Secours Catholique, estime que de telles pratiques contredisent la politique visant à inciter les chômeurs à se consacrer à la recherche d’emploi. « Les droits des chômeurs et les droits des enfants sont en cause », estime Fabrice Molliex.

Pour ces enfants, « cela peut être stigmatisant, ajoute-t-il, et si on fait des discriminations dès l’enfance, quel message envoie-t-on à ces jeunes pour l’avenir ? ».

Collégiens privés de manuels scolaires

Une autre affaire met en cause l’Éducation nationale. Deux collégiens de Saint-Herblain, près de Nantes, se sont vu reprendre leurs manuels scolaires le jour de la rentrée. En cause, pour l’un des deux collégiens, une dette de cantine scolaire de 20 euros. « J’avais reçu la facture pendant les vacances mais mon mari est très malade, il a une leucémie et c’est vrai que j’avais oublié », a reconnu la mère du collégien. « L’assistante du directeur nous a dit que c’était le seul moyen qui avait été trouvé pour recouvrer les dettes et que plusieurs écoles faisaient cela », a-t-elle témoigné.

Le directeur du collège s’est justifié en expliquant que « d’habitude, on interpelle les parents par ce moyen le jour de la rentrée et le lendemain, les élèves ont leur livre. Là, la maladresse est que les livres n’ont pas été rendus », a-t-il avoué.

L’inspecteur d’académie, Bernard Javaudin, a contredit le directeur en affirmant qu’« il n’y a pas de lien entre une dette de cantine ni même une dette pour des manuels abîmés et la distribution de ces derniers. L’école est obligatoire, les livres sont gratuits et doivent être distribués à tous », a-t-il encore souligné.