La France : Le logement en situation de crise humanitaire

Manifestation contre le mal
logement, le 5 août dernier à Paris.
(Photo : Yann Foreix/Le Parisien)

Le collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées, dont est membre le Secours Catholique (un des points focaux de Social Watch en France), interpelle le Premier ministre, François Fillon, sur la situation de crise humanitaire et sanitaire provoquée par les problèmes de mal logement.

 « Les associations ne sont plus en capacité de répondre aux besoins des personnes », a averti Christophe Robert, délégué adjoint de la Fondation Abbé Pierre (FAP), lundi 26 septembre, lors d’une conférence de presse du Collectif des associations unies pour le logement, dont le Secours Catholique est membre. 

« Le gouvernement français n’a pas conscience de l’état de précarité de certaines personnes. L’État et nous, les associations, ne voyons pas la même France ! », il a dit.

Une crise humanitaire confirmée

Le collectif affirme sans hésitation que la France est en crise humanitaire. Les associations soulignent le fait que leurs équipes ne sont en capacité de répondre qu’à une demande d’hébergement sur deux. 

« Les travailleurs sociaux ne sont pas formés pour laisser des personnes à la rue ! », s’exclame Christophe Robert. Pour Médecins du Monde France (MdM), qui intervient auprès des personnes à la rue, cette crise humanitaire est aussi une crise sanitaire. 

« Les familles et les malades ne veulent plus être ballotées d’hébergement en hébergement où ils ont la plupart du temps un manque d’intimité et d’hygiène », a affirmé Jean-François Corty, directeur des programme humanitaires de Médecins du Monde France. Nous sommes aujourd’hui dans un dispositif qui n’est plus fonctionnel, entraînant ainsi la dégradation des indicateurs de santé. 

L’année dernière, l’association a recensé un grand nombre de cas de rougeole et a noté le retour de maladies typiquement liées à la pauvreté comme l’hépatite A ou la tuberculose. 

Bernard Schricke, directeur Action France et Europe au Secours Catholique, a quant à lui insisté sur « la précarisation croissante des plus fragiles » et « le discours de plus en plus sécuritaire » du gouvernement. « La situation est très tendue. Les gens n’arrivent plus à joindre les deux bouts ! » a-t-il commenté.

Abandon du sujet par gouvernement

Pour les associations, cette triste situation est le résultat de « la démission de l’État » sur ce sujet. Elles tirent un bilan peu positif des mesures prises depuis 2008 pour la refondation du secteur. 

Si les associations relèvent quelques progrès tels que l’humanisation des centres d’hébergement, la création de services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO) qui ont pour vocation de simplifier les démarches d’accès à l’hébergement et au logement, le rapport réalisé par Étienne Pinte et la nomination d’un délégué interministériel, le préfet Alain Régnier, elles dénoncent un sentiment d’abandon de la part du gouvernement, « comme si l’État avait débranché la prise. » 

« On a vu le délégué interministériel peiner à réunir tous les acteurs autour de ce sujet, les SIAO désorganisés, le dialogue se tendre entre les acteurs du terrain et les services et un pilotage budgétaire à vue », affirme Matthieu Angotti, directeur général de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars). 

Source

Secours Catholique : http://bit.ly/6qHus4