France : Mobilisation éclair contre les paradis fiscaux

Photo : Xavier Schewbel/SC

Plus d’une centaine de personnes se sont mobilisées samedi 8 octobre Place Stravinski pour sensibiliser l’opinion à la nécessité d’éradiquer les paradis fiscaux a l’appel du Secours Catholique (un des points focaux de Social Watch en France) et de ses partenaires.

La mobilisation exprès appelant le G20 à stopper les paradis fiscaux a rassemblé une centaine de personnes Place Stravinski à Paris samedi 8 octobre. Une initiative du Secours Catholique et de ses partenaires d’ « Action mondiale Stop Paradis Fiscaux ».

Cela n’a pas duré longtemps. A peine 15 minutes. D’ailleurs, c’est le principe de la « flash mob » : un regroupement éclair pour attirer l’attention du public. Le Secours Catholique et ses partenaires de la coalition «  Action mondiale Stop Paradis Fiscaux  » étaient venus sensibiliser les passants aux effets néfastes des paradis fiscaux et les inviter à faire pression ensemble sur le prochain G20.

Entre l’aile sud du Centre Beaubourg et la fontaine Stravinski, un public curieux malgré le premier vent frais de l’automne a ralenti son pas pour voir évoluer les bénévoles et les salariés du Secours Catholique, d’Oxfam-France, du CCFD-Terre Solidaire et d’autres organisations membres.

Les poches et les mains pleines de billets

Au son d’un petit orchestre de percussions, les participants à la mobilisation ont esquissé un Haka (danse traditionnelle de Nouvelle-Zélande) revu et corrigé à la mode financière. Scindés d’abord en deux groupes, celui de quelques riches les poches et les mains pleines de grosses coupures de billets et celui des nombreux pauvres aux mains nues, tous ont fini par se rejoindre et l’argent a fini par circuler entre tous.

Les paradis fiscaux sont un scandale

Après cette introduction facétieuse, le président du Secours Catholique, François Soulage, a pris la parole au nom de la coalition. Dans un mégaphone, il a expliqué la raison de cette mobilisation. Il a rappelé l’échéance des 3 et 4 novembre prochain, date du prochain G20 à Cannes que présidera la France. Il a expliqué le mal que font les paradis fiscaux aux finances des États, « véritables trous noirs de la fiscalité ».

« Les paradis fiscaux sont un scandale, a-t-il martelé. Ils représentent un manque à gagner pour les États de 125 milliards d’euros par an. Ce sont des refuges pour les dictatures corrompues. (…) En 2009, a poursuivi M. Soulage, le G20 avait promis d’éradiquer ces paradis fiscaux. Aujourd’hui, le G20 doit tenir sa promesse ».

Tout le monde connaît les mécanismes de l’évasion

M. Dereje Alemayehu, président pour l’Afrique de Global Tax Justice Network (Réseau mondial pour la justice fiscale), s’est lui aussi adressé au public pour dire que « tout le monde sait que l’Afrique perd plus d’argent qu’elle n’en gagne ; tout le monde connaît les mécanismes de l’évasion. Or l’Afrique a besoin de ces ressources détournées pour se développer. »

Pour que les paradis fiscaux disparaissent, M. Alemayehu ne voit qu’une seule solution : la pression des citoyens sur leurs hommes politiques, ceux qui participent au G20 notamment.

Pas seulement de petites îles exotiques

C’est également en anglais que John Christensen, fondateur de Global Tax Justice Network, a précisé que la corruption n’est pas simplement cantonnée en Afrique, mais qu’elle est partout, dans tous les pays. Il a invité son auditoire à observer les banques et à se demander pourquoi elles soutiennent la corruption.

« Les paradis fiscaux, a-t-il dit, ne sont pas seulement de petites îles exotiques. Ce sont aussi des pays comme les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Suisse ou le Japon. Il y a aussi des paradis fiscaux en occident. » Et d’en appeler à ceux qui nous dirigent en leur demandant d’arrêter « de nous faire croire que nous aidons les pays pauvres quand vous ne faîtes rien pour arrêter la corruption. »

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/6qHus4