Coup scientifique aux transgéniques alors que la Chine en suspend la semence.
Published on Mon, 2011-10-24 13:22
Loin d’en finir avec la faim dans le monde et d’améliorer la qualité de vie des paysans, les cultures transgéniques aggravent l’insécurité alimentaire et les risques pour la santé et elles sont un échec à l’heure d’augmenter les récoltes, selon des études scientifiques menées les dernières semaines. Ces nouvelles recherches coïncident avec la décision de la Chine de suspendre la commercialisation de riz et de blé génétiquement modifiés, selon l’information fournie par le Réseau du Tiers Monde (TWN). « L’hebdomadaire financier L’Observateur Économique a confirmé la mesure dans son édition du 23 septembre et a fait référence à un informateur lié au Ministère de l’Agriculture », a indiqué TWN dans un mémorandum public concernant cette question. L’interdiction imminente, qui s’étendra sur une période de cinq à dix ans, « semble aller de pair avec la précaution grandissante, à l’égard de la technologie transgénique, qui règne au niveau de la haute direction du gouvernement », a ajouté cette organisation qui a son siège en Malaisie et qui fait partie du réseau de Social Watch. « Lors du Quatrième Atelier International sur la Biodiversité tenu à Beijing au mois d’avril, organisé par divers groupes scientifiques chinois, un haut fonctionnaire du Ministère de l’Environnement a dit que le premier ministre Wen Jiabao a demandé plus de précaution en cette matière, selon le mémorandum. Pour sa part, le journal chinois Global Times a informé sur l’engagement auquel fait référence le fonctionnaire du Ministère de l’Agriculture Chen Xiaohua quant à accepter les appels à la précaution. Par ailleurs, Yuan Longping, connu comme « le père du riz hybride » interviewé par le Journal de Nanfang le 29 septembre, a averti que « les scientifiques ne savent pas si la résistance aux insectes de quelques cultures transgéniques ont un effet sur les êtres humains ». Un mois après, un rapport élaboré par 20 organisations de la société civile du sud-est asiatique, de l’Afrique et de l’Amérique Latine a constaté que les transgéniques ont entraîné une augmentation de l’utilisation de produits chimiques qui polluent l’eau et la terre et la dissémination involontaire et sans contrôle des « supergraines » infertiles dans des parcelles de terrain où elles n’ont pas été cultivées. L’étude, intitulée « L’empereur transgénique est nu : un rapport citoyen global sur l’état des transgéniques » et coordonné par l’organisation Navdanya International et la Commission Internationale pour l’Avenir de l’Alimentation et de l’Agriculture, avec la collaboration du Centre de Sécurité Alimentaire, décrit l’ingénierie génétique comme une « technologie défaillante » dont les « promesses d’augmenter le rendement des récoltes et de nourrir ceux qui ont faim, se sont avérées fausses ». « L’ingénierie génétique n’a augmenté le rendement d’aucune légume. Des recherches de Navdanya en Inde, ont démontré que, même si [la compagnie étasunienne] Monsanto affirme que le coton Bt a un rendement de 1.500 kilogrammes par acre de terre, ce rendement atteint en réalité une moyenne allant de 400 à 500 kilogrammes », a écrit Vandana Shiva, scientifique et activiste de grande renommée et qui a dirigé la recherche avec ses collègues Debbie Barker et Carolina Lockhart. L’étude a permis également de constater que les transgéniques tolérants aux herbicides et résistants aux insectes, sous le prétexte d’avoir à eux seuls la propriété de contrôler les mauvaises herbes et les pestes, « ont fait naître des supergraines et des superpestes », a souligné Shiva. Les défenseurs des transgéniques ont promis de résoudre « de grands défis » comme « les crises alimentaires, la dégradation des ressources naturelles et le chaos climatique », mais cette technologie « n’a pas réussi à nourrir ceux qui souffrent de la faim et a contribué à la destruction de l’environnement et au réchauffement planétaire », a écrit Debbie Barker dans le rapport. Par ailleurs, a-t-il ajouté, ces cultures « ne nourrissent pas ceux qui ont faim » car « dans leur plus grande majorité ils sont destinés à l’alimentation animale ou bien aux biocombustibles ». « Face au très coûteux système industriel transgénique de haute technologie, il y a des méthodes agricoles viables et à faible coût qui offrent une meilleure solution aux problèmes de la faim et de la pauvreté », a affirmé Barker. « L’ingénierie génétique n’est pas seulement une science, une technologie et une question d’affaires. C’est aussi une mode intellectuelle passagère et, en quelque sorte, une bulle économique. Quelque chose se vend, et en excès, comme étant la réponse à tout : la réponse qui va résoudre le problème de la faim et apportera la guérison à toute maladie », a écrit Wendell Berry dans le rapport. « La biotechnologie est aussi énormément chère par rapport à l’agriculture traditionnelle et elle est coûteuse pour les agriculteurs. Quelques compagnies biotechnologiques mendient de l’argent, alors que d’autres en apportent de grandes quantités aux départements universitaires de microbiologie. Hostilité : voilà l’attitude de l’industrie à l’égard des paysans. Les demandes de l’industrie contre ceux-ci et sa recherche du ‘gène Terminator’ en est la preuve. Son attitude vis-à-vis des consommateurs est agressive et de dédain, comme le montre son opposition à l’étiquetage». Le rapport avertit qu’après l’introduction des cultures transgéniques commerciales menées en 1996, celles-ci ont été utilisées dans 29 pays et ont couvert 1.500 millions d’hectares environ. En Chine, ajoute le rapport, l’utilisation de coton résistant aux insectes a multiplié au nombre de 12 la population de ces pestes depuis 1997. Les cultivateurs de soja d’Argentine et du Brésil ont besoin d’une quantité d’herbicide pour leurs parcelles de terrain qui est deux fois supérieure aux modalités traditionnelles. L’utilisation des pesticides sur le coton en Inde s’est multipliée par 13 depuis l’introduction de la variété transgénique Bt. L’étude « Aliments à base d’ingénierie génétique : Une révision », publié le 28 septembre par l’organisation Food and Water Watch, avec son siège à Washington, conclue que la prolifération de ces cultures a provoqué de nombreuses crises environnementales et de santé et a augmenté la pauvreté du moment où elle oblige les paysans à « acheter » des graines brevetées à des prix exorbitants, a informé l’agence de presse IPS. Ce rapport, centré sur la situation étasunienne, indique que trois organismes gouvernementaux (l’Administration d’Aliments et de Médicaments, le Département d’Agriculture et l’Agence de Protection environnementale) sont complices de ces crises, vu leur faible niveau de contrôle, leur faible capacité à imposer les régulations et leur manque absolu de coordination. Un autre rapport, publié ce mois-ci par le Centre Africain de Biosécurité (ACB), s’oppose à l’autorisation du premier essai avec du platane transgénique en Afrique du Sud, non seulement à cause des risques que cela suppose « pour la santé humaine et animale, l’environnement et la société », mais aussi pour le « manque d’intérêt public ou de justification commerciale ». L’ABC considère que le platane résistant aux maladies phytosanitaires ne peut pas mettre fin aux problèmes de possession de la terre ou à ceux relatifs à la concurrence de domaines de production les plus écologiquement adéquats, comme ceux du Mozambique, un processus qui représentera la perte de 24.000 emplois ruraux en Afrique du Sud. Ce rapport est basé sur des données fournies par les sources ci-dessous : |