Épuisement de l'eau ternit l’avenir du monde arabe
Published on Mon, 2011-12-05 07:59
La mauvaise utilisation de l'eau épuise cette ressource vitale et déjà faible dans la région arabe, ce qui empêche le développement des pays et fait perdre les espoirs d'une vie meilleure pour la population, selon le Rapport de Social Watch 2012, qui sera présenté cette semaine à New York. « Parmi toutes les ressources naturelles, l'eau est la plus stratégique et sa mauvaise administration menace la population mondiale. L'efficience énergétique, ainsi que la sécurité alimentaire et celle de l'eau sont étroitement liées et elles ne peuvent pas être analysés de manière séparée. Le sujet est urgent dans l’aride région arabe, où l'approvisionnement d'eau de la majorité des pays dépend de processus coûteux qui exigent l'utilisation intensive d'énergie », a signalé le Réseau d'ONG Arabes pour le Développement (ANND) dans un chapitre du Rapport, intitulé « le développement soutenable et le rôle renouvelé de l'État dans la région arabe ». « L'économie mondiale souffre déjà les résultats des modèles de production et consommation qu'exploitent les ressources naturelles de manière non soutenable, ce qui cause des problèmes environnementaux et écologiques sérieux et accentue les inégalités entre les peuples du monde », a ajoute l'étude de l'ANND. « Ce pillage continue à régner de nos jours et des problèmes comme le changement climatique, la dégradation des sols et la pénurie d'eau, sont apparus en constituant des menaces mondiales à la bio-diversité, la souveraineté et la sécurité alimentaire, les moyens de subsistance de plusieurs Communautés partout dans le monde et le droit général au développement. » « Il s'avère fondamental d'évaluer les politiques existantes de l'utilisation de l'eau et de la génération d'énergie, pour garantir que les ressources non renouvelables soient utilisées de manière juste et soutenable » dans le monde arabe, conclut le rapport d'ANND Quelques passages des apports nationaux au Rapport de Social Watch 2012 relatifs à la pénurie d'eau dans la région arabe, sont reproduits ci-dessous
Bahreïn : En épuisant des ressources, en dégradant l’avenir Toute prétention d'atteindre du développement soutenable dans ce royaume insulaire heurte l’inévitable et chaque fois plus proche effondrement de son approvisionnement d'eau. L'utilisation irresponsable de ce bien non renouvelable, et la pollution croissante des affluents étant donné l'industrialisation qui accompagne l'exploitation du pétrole […]. Cette situation, à laquelle le Gouvernement ne trouve pas de réponses adéquates, approfondit et aggrave les iniquités et le malaise social. […] Dans la liste de pays avec des problèmes d'approvisionnement d'eau effectuée par le bureau britannique d'analyse de risque Maplecroft en 2011, Bahrein se situe en premier, suivi par Qatar, le Koweït, l'Arabie Saoudite et la Libye. Cela signifie que, au niveau mondial, c’est la nation avec un plus grand risque de voir totalement interrompu son approvisionnement à court ou moyen terme. La pénurie d'eau est le principal problème du pays et le principal obstacle pour son développement soutenable. Selon l'Indice de Pauvreté Relatif à l'Accès à l'Eau, un pays souffre de la pénurie d'eau si son approvisionnement par habitant annuel est sous les 1.000 mètres cube. En 2007, l'approvisionnement par habitant d'eau a Bahreïn a été de 470.3 mètres cube […]. Rehan Ahmed, expert en environnement de la Commission Publique Pour la Protection de Ressources Marines, Environnement et Faune, a admis que, malgré la faiblesse de l'approvisionnement, le citoyen moyen de Bahreïn consomme environ 400 litres d'eau par jour, comparés avec les 256 de moyenne mondiale, ou les 60 du Japon. La croissance du taux de consommation d'eau est de 8 à 10% annuel […]. Selon une estimation de 1998, 204 millions de mètres cube de l'aquifère Dammam, on été consommés que pour l’irrigation des récoltes, quand des études environnementales estiment que les niveaux d'extraction sûre ne devraient pas dépasser les 100 million annuels, puisque les pluies en moyenne dans le pays ne dépassent pas les 80 millimètres annuels. [Rapport national élaboré par Social Watch Bahreïn.]
L'Iraq : Le Tigre et l'Euphrate, des égouts à ciel ouvert Après des décennies de guerre, négligence et mauvaise administration, la situation sociale et environnementale d'Iraq est critique. […]Après la Première Guerre du Golfe, le gouvernement de Saddam Hussein a entamé une série d'oeuvres destinées à sécher les Marais de la Mésopotamie, une zone de sols humides situés dans les zones du sud du territoire qui fournissent l’habitat pour des peuples comme les arabes des marais […]. Le drainage des marais, de fait, a été entamé dans les années 50 et a continué jusqu'aux années 70 pour récupérer des terres pour l'agriculture et l'exploration pétrolière, mais, pendant la présidence de Hussein, les oeuvres ont été agrandies et accélérées, surtout comme représailles par le soulèvement échoué des chiites […]. Les opérations de dessèchement ont consisté principalement a l'ouverture de trois canaux (la Troisième Rivière, le Canal de la Gloire et le Canal de la Prospérité, comme on les appelait), construits comme une façon de rediriger les eaux du Tigre à l'Euphrate. Vers la fin des années quatre-vingt-dix, les marais centraux sont arrivés à être totalement desséchés ; pendant l'année 2000 le Programme des Nations Unies pour l'Environnement a estimé que 90% de ces dernières avait disparu. Les dommages environnementaux ont été considérés catastrophiques. Des zones de migration d'oiseaux ont été perdues et plusieurs plantes et espèces animales endémiques de la région ont été éteintes. La salinité du sol a augmenté, ce qui a abouti la perte de production laitière, de pêche et de cultures du riz, et plus de 19.000 Km2 de la région est devenu un désert. La majorité des arabes des marais ont été déplacés à des zones voisines, et on estime qu'entre 80.000 et 120.000 se sont enfuis vers les camps de réfugiés en Iran. Après l'invasion des Etats Unis en 2003, des remblais et des oeuvres de drainage ont été cassés et ont été ouverts, et les marais ont commencé à être récemment inondées, mais la récupération - et la nouvelle croissance correspondante de la végétation des marais naturels a été lente. Les secteurs le plus gravement endommagés des marais n'ont pas encore montré de signes de régénération. […]
Le pays fait face actuellement à une pollution grave du sol, de l'eau et de l'air qui provient des substances toxiques libérées par la destruction d'armement militaire et d'usines. En outre, le Tigre et l'Euphrate - qui fournissent la plus grande partie de l'irrigation et de l'eau potable sont maintenant essentiellement des ponceaux ouverts infestés de résidus industriels et hospitaliers, de l'écoulement des engrais de l'agriculture, et des flaques de pétrole. [Rapport national élaboré par Masarat for Culture & Media Development.]
Le Maroc : Un avenir assoiffé La bio-diversité du pays se trouve en danger étant donné la mauvaise administration des ressources hydriques, ce qui porte à des pertes du 35% de l'eau du système a cause, entre d'autres raisons, aux résidus industriels et urbains. La perte de terre cultivable a cause la pénurie d'eau et l'érosion du sol influence directement la pauvreté rurale […]. Parmi les menaces dont les Marocains font face actuellement il y a celle de l'épuisement des ressources […]. Le déséquilibre entre la croissante demande d'eau et la pénurie de cette ressource, ajouté à la surexploitation des forêts et des sols, a produit une perte de terre utilisable pour l'agriculture. […] La perte de terre cultivable à cause de la pénurie d'eau et l'érosion du sol influence directement la pauvreté rurale. Des quatre millions de Marocains qui vivent sous la ligne de pauvreté, trois millions résident dans le milieu rural. Par ailleurs, 75% de la population rurale pauvre dépend de l'agriculture pour vivre, la majorité a accès à peine à une petite portion de terre non irriguée et, par conséquent, avec un potentiel minimum de culture. […] Les ressources hydriques dont dispose le Maroc sont limitées. On estime de 22.000 millions de m3/an les ressources d'eau renouvelables, c'est-à-dire, un peu plus de 730 m3 par habitant et par an. […] Les cycles de la sécheresse aiguë ont d'importantes conséquences dans l'économie nationale, surtout dans l'agriculture (spécialement dans la chute dans la production de céréales). […] L'utilisation et la gestion peu rationnelles de cette ressource ont aggravé sa pénurie ; par exemple, la détérioration des réseaux d'eau potable dans les villes cause des pertes de 35 % […]. La pollution dépasse la capacité d’auto purification des milieux aquatiques et des cours d'eau, déjà affaiblis par les sécheresses répétées et par les aménagements hydrauliques. La confrontation entre les ressources hydriques disponibles et les nécessités de l'agriculture, l'industrie et la population annonce une situation de crise pour 2020. [Rapport national élaboré par Espace Associatif.]
La Palestine : L'occupation israélienne aggrave la pénurie d'eau Les conditions désastreuses des installations d'approvisionnement d'eau, principalement à la suite de lois imposées pendant l'occupation israélienne de 1967, représentent un risque alarmant pour le bien-être des palestiniens. […] L'agriculture consomme 70% de l'eau de la Palestine, suivie par l'usage domestique (27%) et les utilisations industrielles. Selon un rapport de la Banque Mondiale de 2009, l'approvisionnement d'eau résidentielle en Cisjordanie était estimé en 50 litres par jour par personne. En 2009, 60% de la population de la Bande de Gaza n'avait pas accès à l'approvisionnement d'eau courante. En Cisjordanie seulement 13.000 m3 (d'un total de 85.000 m3) d'eaux résiduelles ont été traités en 2009, tandis que pendant la même année 65.000 m3 (d'un total de 110.000 m3) ont été traités dans la Bande de Gaza. Cette même année Amnistie Internationale a informé que dans les Communautés rurales environ 200.000 palestiniens manquaient complètement d'accès à l'eau courante et que l'armée israélienne leur empêchait de reprendre de l'eau de pluie, tandis que les colons israéliens avaient des piscines et des installations d'irrigation pour leurs fermes. En fait, les 450.000 comptabilisés dans ce rapport consomment la même quantité d'eau que toute la population de la Palestine. Pour pouvoir faire face à la pénurie d'eau et au manque d'infrastructure, beaucoup de palestiniens sont obligés à acheter de l'eau de qualité douteuse et très haut prix aux camions réservoirs. En 1993, la Banque Mondiale […] décrivait […] la virtuelle non-existence d'installations de fourniture d'eau et d'élimination de résidus solides et d'eaux résiduelles. […] Quand l'Israël a occupé la Cisjordanie en 1967 a déclaré propriété de l'état d’Israël toutes les ressources hydriques ; depuis lors plusieurs ordres militaires ont diminué le développement de l'approvisionnement d'eau en Palestine au moyen de la fixation de quotes-parts de pompage, de l'interdiction de réhabiliter des puits et de perforer des puits nouveaux sans autorisation, et la confiscation ou y compris la destruction de toutes les stations palestiniennes de pompage sur la rivière Jordan. En même temps, l'Israël a augmenté son exploitation des ressources d'eau de la Cisjordanie avec la perforation de 38 puits. Ensuite, en 1993 les palestiniens pouvaient seulement accéder à 20% de l'eau de l'aquifère du sous-sol de la Cisjordanie. [Rapport national élaboré par le Réseau palestinien d'ONG (PNGO)]
Le Yémen : À la recherche d’énormes investissements pour sauver l'eau L'appauvrissement de la population, la corruption politique, le faible système agricole et de production d'aliments, la dépendance de la production de pétrole et les faibles ressources hydriques, ont été accentués à Yémen par l'état général d'insécurité provoqué par les protestations populaires et la menace d'anomie. […] Le secteur agricole fait face à de nombreux obstacles qui comprennent la pénurie de terres fertiles, qui représentent le 3% de la surface totale, [et] l'épuisement des sources d'eau […]. La croissance modeste du secteur agricole de 3% est une conséquence de l'épuisement des ressources hydriques, du retard dans l'exécution des objectifs du plan pour vidanger la surface de semis du khat [une drogue stimulante] et la laisser dans 10% du total (actuellement il occupe 25% de la surface ensemencée et 30% d'utilisation d'eau), outre la surface limitée de terres agricoles. Le secteur de l'eau a besoin d’environ 4.430 millions de dollars pour les 10 ans prochains […]. Pour satisfaire ces nécessités le gouvernement cherche des ressources de donneurs comme les pays du Conseil de la Coopération du Golfe, mais le bloc exige d'améliorer les capacités administratives des aides, les bonnes pratiques fiables et la gestion de l’eau. […] Le secteur hydrique fait face à des difficultés […] comme la pénurie d'eau douce, et le danger de la croissance du taux de pollution et la présence d'inondations, l'augmentation de la période de la sécheresse accompagnée par l'augmentation de l'extension géographique touchée, outre la compétitivité dans les différentes utilisations l'eau et de l'accès limité à l'eau potable et les services d'assainissement. [Rapport national élaboré par le Centre d'Information et de Capacitation dans les Droits de l’homme.]
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