Société civile propose des mécanismes pour défendre les générations futures

(Photo: Gabby DC/Flickr/CC)

Les générations futures ne peuvent pas contrôler le présent. Elles ont besoin d’institutions internationales qui les défendent, telles que les Ombudsperson, (Défenseur) et la Conférence de l’ONU sur le Développement Durable (Rio +20) offrira l’année prochaine l’opportunité de les fonder; une idée partagée par les représentants de la société civile du monde entier exprimée dans leurs apports au Rapport de Social Watch 2012, qui sera présenté vendredi à New York.           

La proposition est en étroite relation avec le concept de développement durable défini par la Commission Brundtland comme l’ensemble des politiques qui “répondent aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre à leurs propres besoins". Ce principe a été adopté en 1992 par la conférence antérieure à Rio de Janeiro, connue sous le nom de Sommet de la Terre.

“Le ‘droit à un avenir’ est la tâche la plus urgente du présent”, a écrit Roberto Bissio, coordinateur de Social Watch et rédacteur responsable de cette vaste étude. “Il s’agit de la nature, sans aucun doute, mais il s’agit aussi de nos petits-enfants et de notre propre dignité, des attentes relatives à 99% des 7.000 millions d’hommes et de femmes dans le monde, de filles et de garçons auxquels la durabilité avait été promise il y a deux décennies et qui ont vu, par contre, leurs expectatives se transformer en un jeton d’un casino financier mondial dont ils n’ont pas le contrôle”. 

“Les citoyens du monde entier réclament un changement et le présent rapport n’est qu’un moyen pour que leurs voix soient écoutées. Le message ne peut être plus clair: les personnes ont droit à un avenir, et l’avenir commence aujourd’hui même”, a ajouté Bissio dans le prologue.   

“Nous appuyons la recommandation d’instituer un défenseur de la justice intergénérationnelle et des futures générations”, a déclaré, dans un autre chapitre du rapport, le Groupe de Réflexion sur les Perspectives Globales de Développement, constitué de membres de Social Watch, Friedrich Ebert Stiftung, terre des hommes, Third World Network, Dag Hammarskjöld Foundation, DAWN et le Global Policy Forum.

“La désignation de défenseurs (Ombudsperson) pour les générations futures peut placer l’agenda de la durabilité juste au cœur des gouvernements”, a ajouté le Groupe. “Le défenseur pourrait participer directement à la formulation de politiques et évaluer leurs effets sur le long terme. Seul un organisme indépendant qui n’exige pas d’être réélu par ses contemporains peut se centrer entièrement sur l’analyse à long terme et le représenter sans hésitations.”

La proposition suit la lignée des conférences mondiales des années 90 sur les droits humains, l’équité sociale et l’environnement dont le point culminant a été la Déclaration du Millénaire (2000), dans laquelle les pays membres de l’ONU se sont engagés à “défendre les principes de la dignité humaine, l’égalité et l’équité à l’échelle planétaire” comme “un devoir à accomplir à l’égard de tous les habitants de la planète, en particulier les plus vulnérables et, plus spécialement, les enfants du monde, auxquels appartient l’avenir”.

Ce qui a été promis par les chefs d’Etat et de Gouvernement lors du Sommet du Millénaire suppose de changer “les modèles actuels de production et de consommation non durables […] au bénéfice de notre bien-être futur et celui de notre descendance”, a affirmé le Groupe de Réflexion dans sa déclaration.

“L’avenir du monde, de ses 7.000 millions de personnes et des générations à venir sera déterminé par les réponses que nous donnerons aux défis significatifs auxquels fait face la planète. Nos pratiques actuelles mettent en danger notre propre existence”, a souligné Eurostep, un réseau d’organisations non gouvernementales européennes pour la promotion du développement et qui est présent dans plus de 100 pays.

“Le développement durable signifie accorder un plus grand bien-être aux générations aussi bien présentes que futures et se soucier non seulement de la justice environnementale mais aussi sociale, économique et intergénérationnelle, a observé Eurostep dans un chapitre du rapport.

C.J. George, coordinateur régional pour l’Asie méridionale de terre des hommes, a expliqué que “la justice intergénérationnelle fait partie intégrante de concepts tels que développement durable, justice sociale, droits des enfants et des jeunes gens, le réchauffement global et le changement climatique”, ainsi que du principe d’ “équité de droits entre les générations d’enfants, de jeunes gens, d’adultes et de survivants et aussi entre les générations présentes, passées et à venir”.    

Même si la Convention relative aux Droits des Enfants, ratifiée par presque tous les pays, garantit “un traitement juste et équitable” pout tout(e) enfant et “comprend les générations futures” dans sa formulation, George a averti que “cet engagement est encore loin d’être le plus adéquat”.  

“Dans une certaine mesure, la génération présente exerce du pouvoir sur celle à venir et peut utiliser les ressources au moyen de procédés pour lesquels elle nie à cette dernière ses droits”, a-t-il ajouté. “L’avenir n’a pas les moyens de contrôler le présent. Et la génération actuelle a du pouvoir sur l’existence même des générations futures.”      

“Aujourd’hui le défi n’est pas seulement de réitérer l’engagement avec les générations à venir depuis une perspective de justice, mais aussi de rééquilibrer les intérêts économiques et sociaux”, a écrit George. “Ce rééquilibre implique pour l’État de retourner vers les sphères sociales et normatives d’action politique et d’assumer ses responsabilités, aussi bien pour agencer l’accès équitable aux services que pour régler la portée du libre marché. Les marchés sont par nature compétitifs et le fait de suivre la logique de la survie du plus apte contredit le concept d’équité, une condition nécessaire de la durabilité.”

Le coordinateur général de terre des hommes a rappelé “la proposition du Conseil pour l’Avenir du Monde de nommer une ‘représentation légale ou un tuteur’” afin de protéger les génération à venir. “Certains pays disposent déjà d’institution de ce genre. Créer un Ombudsperson international ou le promouvoir au niveau national peut être le résultat concret de Rio+20 vers la durabilité de l’avenir, ce qui équivaut à garantir la justice intergénérationnelle.”

Plus d’information
Rapports annuels antérieurs de Social Watch: http://bit.ly/tHR8So

Source
Social Watch: http://bit.ly/sFZPcK