Aux bords de l’Europe : L’externalisation des contrôles migratoires

Migreurop, un réseau européen comptant quelque 42 associations, dont le Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11 1, point focal de Social Watch au Belgique), sort un nouveau rapport qui évalue l’externalisation des politiques migratoires mises en place par les gouvernements de l’Union européenne et ses effets sur les populations.

Pour cette troisième édition de son rapport annuel, le réseau Migreurop poursuit son évaluation critique de l’externalisation des politiques migratoires mises en place par les gouvernements de l’Union européenne et de ses effets sur les populations.

Si ce processus comporte des aspects très divers, allant de l’attribution restrictive des visas aux opérations de l’agence Frontex en passant par les accords de réadmission, ce rapport, rédigé sur la base d’enquêtes originales, est consacré à l’étude de deux visages assez méconnus de la sous-traitance des contrôles migratoires aux portes de l’Europe et même bien au-delà.

Dans une première partie, élargissant les investigations menées précédemment en Turquie, on s’intéresse plus particulièrement à la frontière orientale de ce pays avec l’Iran, dans une région marquée par de nombreuses arrivées d’émigrants en provenance des pays voisins, mais aussi du reste de l’Asie et d’Afrique.

En quête de protection ou de paix civile, la majeure partie de ces hommes, femmes et enfants sont exposés à des traitements inhumains aussi bien de la part des passeurs que des autorités turques, qui les arrêtent et les placent dans des geôles.

Les personnes qui ne sont pas renvoyées vers l’Iran sont assignées à résidence à Van – ville proche de la frontière – et doivent faire face à un système d’asile temporaire mais interminable en fait, très humiliant et source de multiples formes d’oppression, notamment pour les femmes.

En prévision de l’adhésion de la Turquie à l’Union, les autorités européennes demandent au gouvernement de ce pays d’améliorer les conditions d’existence de ces exilés, en construisant des centres d’accueil et de rétention, lesquels s’apparentent malgré tout à des lieux de mise à l’écart et de privation de liberté.

La deuxième partie, divisée en quatre chapitres, montre les diverses facettes du traitement réservé aux « passagers clandestins » à bord des bateaux de la marine marchande et dans les ports maritimes au départ comme à l’arrivée, à partir d’observations et interviews dans une vingtaine de sites portuaires autour de l’Europe. De la prévention à la capture et à l’enfermement puis au renvoi, le régime appliqué à ces passagers demeure discret, opaque et peu respectueux des droits de la personne humaine.

L’application de nouveaux plans de sûreté de plus en plus contraignants et sophistiqués se traduit par un transfert de la responsabilité des États à des sociétés privées, tant pour les contrôles à terre ou en mer que pour la prise en charge des passagers interceptés. Par divers moyens pas toujours légaux, sous la menace financière d’assureurs tout-puissants, l’enjeu est d’empêcher à la source le départ de ces migrants, ou à défaut de créer pour les différents acteurs (armateurs, marins, autorités portuaires) l’obligation de les renvoyer soit vers leur pays d’origine, soit vers les ports d’où ils proviennent.

Le rapport montre ainsi un autre aspect de l’enfermement des étrangers dans des lieux difficilement accessibles, sur les navires et dans les ports, ces derniers espaces soustraits au regard du public venant en quelque sorte compléter la cartographie que Migreurop propose des camps d’étrangers en Europe et dans les pays méditerranéens.

Plus d’information
Aux bords de l’Europe : l’externalisation des contrôles migratoires : http://bit.ly/A4U79q

Source
CNCD 11.11.11 : http://bit.ly/xCqIIG

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