Monde arabe: Vingt mesures pour consacrer l'égalité entre hommes et femmes
Published on Thu, 2012-03-08 14:14
A l’occasion de la journée internationale des femmes, la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et 14 organisations du monde arabe ont demandé aux autorités nationales et aux parlements de la région de mettre en œuvre 20 mesures pour consacrer l’égalité entre hommes et femmes. Les femmes, aux côtés des hommes, ont été actrices des mouvements contestataires qui ont secoué le monde arabe en 2011, selon la FIDH. Avec les hommes, elles ont demandé l’avènement de sociétés démocratiques fondées sur la liberté, l’égalité, la justice et le respect des droits humains. « Pour cet engagement en faveur de la démocratie, les femmes ont elles aussi payé le prix fort, elles doivent aujourd’hui participer pleinement à la vie politique de leur pays » , a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Nous n’aurons d’ailleurs de cesse de rappeler que la participation égale des hommes et des femmes dans toutes les sphères de la société demeure une condition essentielle à la démocratie et la justice sociale, revendiquées par l’ensemble des manifestants » , a-t-elle ajouté. « Alors que tous les efforts se focalisent aujourd’hui sur la chute des régimes et le démantèlement des anciens appareils d’État, les revendications relatives aux droits des femmes ont tendance à être marginalisées. Cela nous inquiète au plus haut point » , a déclaré Sophie Bessis, Secrétaire générale adjointe de la FIDH. « L’histoire récente montre que la présence massive des femmes dans l’espace public pendant les révolutions ne leur garantit en aucun cas un rôle dans la vie politique. Nous savons que ces moments d’effervescence peuvent même conduire à un véritable recul de leurs droits » , a-t-elle poursuivi. « Dans ce contexte de transition, où l’on observe déjà une montée en puissance des forces conservatrices, il est plus que jamais nécessaire de prendre des mesures pour consacrer l’égalité entre hommes et femmes, fondement indispensable d’une société démocratique. Nous voulons alerter les gouvernements, les opinions publiques et la communauté internationale et leur adresser ce message : les droits des femmes sont une priorité qui doit être au cœur des réformes politiques » , a conclu Khadija Chérif, Secrétaire générale de la FIDH.
« 20 mesures pour consacrer l'égalité » « Les femmes, aux côtés des hommes, ont été actrices des mouvements contestataires qui ont secoué le monde arabe en 2011 demandant l’avènement de sociétés démocratiques fondées sur la liberté, l’égalité, la justice et le respect des droits humains. Elles ont, comme les hommes, payé et continuent de payer dans plusieurs pays, le prix fort pour cet engagement. Elles devraient aujourd'hui pouvoir participer pleinement à la vie politique de leur pays. En effet, la participation égale des hommes et des femmes dans toutes les sphères de la société demeure une condition essentielle pour la démocratie et la justice sociale, revendiquées par tous les manifestants », selon la proposition des organisations. « Les organisations signataires de cet appel demandent aux autorités nationales et aux parlements de mettre en œuvre les 20 mesures pour l’égalité qui suivent. Elles appellent également les acteurs de la communauté internationale à soutenir la mise en œuvre de ces mesures en soutenant les mouvements nationaux et régionaux de défense des droits des femmes et les organisations de la société civile, en incluant systématiquement les droits des femmes dans les dialogues politiques bilatéraux et/ou multilatéraux avec les pays concernés; en incluant systématiquement la dimension genre avec des objectifs et des indicateurs spécifiques dans tous les programmes de coopération, quel que soit le secteur. » « Nous appelons les autorités nationales à : « 1. Garantir l'accès des femmes à toutes les fonctions politiques « 2. Adopter des lois et politiques instaurant la parité hommes-femmes, ou au minimum des quotas d'au moins 30% de femmes au sein des instances de décision politiques et des assemblées élues. « 3. Assurer la participation effective des femmes aux élections au sein de l’administration électorale et durant le déroulement des scrutins. « 4. Mener des campagnes de sensibilisation civique pour expliquer aux femmes leurs droits en tant qu'électrices et candidates, le processus électoral, le scrutin, le bulletin de vote, etc. « 5. Adopter des mesures visant à augmenter la représentation des femmes au sein des instances judiciaires. « 6. Inscrire dans leur constitution, le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes et l'interdiction de toute forme de discrimination à l’égard des femmes. « 7. Abroger toutes les dispositions législatives discriminatoires à l'égard des femmes, en particulier dans le domaine de la famille : mariage, divorce, tutelle, garde des enfants, héritage, de la transmission de la nationalité au conjoint et aux enfants et de la capacité juridique ; et assurer leur mise en conformité avec les instruments internationaux, notamment la Convention sur l'élimination de toutes les formes des discriminations à l'égard des femmes (CEDAW). « 8. Adopter des dispositions législatives sanctionnant toutes les formes de violences à l'égard des femmes et notamment les violences domestiques, les violences sexuelles et le harcèlement sexuel. « 9. Mettre en place des structures d'accueil et des services de soutien médical et psychologique adéquats pour les femmes victimes de violences. « 10. Lutter contre l'impunité de tous les auteurs de violences commises à l'égard des femmes en assurant la poursuite et la sanction de ces crimes. « 11. Garantir un accès plein et entier des femmes à la justice, notamment en assurant l'accès à l'assistance juridique et en établissant des voies de recours efficaces. « 12. Assurer la formation du personnel de la justice (police, magistrats, avocats) à la mise en œuvre des dispositions législatives sanctionnant les violences à l'égard des femmes et à la prise en compte spécifique des victimes de ces crimes. « 13. Prendre des mesures préventives, notamment des programmes d'information et d'éducation pour éliminer les violences à l'égard des femmes. « 14. Etablir des politiques pour assurer l’accès des filles et des femmes à l’éducation et lutter contre l’illettrisme ; « 15. Adopter des mesures législatives et des politiques visant à réduire le taux de chômage particulièrement élevé des femmes, à garantir que les femmes et les hommes reçoivent un salaire égal pour un travail égal, lutter contre la division du travail fondée sur le genre et mettre en œuvre toutes les mesures afin que les femmes aient un accès égal aux ressources économiques, y compris dans les zones rurales ; « 16. Promouvoir la représentation des femmes au sein des instances de prise de décision des syndicats. « 17. Renforcer les mesures visant à améliorer l'accès des femmes et des filles à des services adéquates de santé et plus particulièrement dans le domaine de la santé reproductive. « 18. Lever toutes les réserves à la CEDAW. « 19. Ratifier l'ensemble des Conventions internationales relatives aux droits des femmes, notamment le Protocole facultatif à la CEDAW. « 20. Coopérer avec les mécanismes des Nations unies de protection des droits des femmes (notamment le Comité CEDAW, le Groupe de travail sur les lois et pratiques discriminatoires à l'égard des femmes et la Rapporteur spéciale sur les violences à l'égard des femmes) et mettre en œuvre leurs recommandations. » Premiers signataires Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) Sources
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