La France : les familles pauvres accèdent aussi à la propriété de leur logement
Published on Tue, 2012-06-05 17:05
Une étude publiée fin mai par l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale révèle que les familles françaises pauvres et modestes sont plus nombreuses qu’on ne le pense à acheter leur logement. Le Secours Catholique, un des points focaux de Social Watch en France, estime que cet accès à la propriété comporte des risques et a besoin d’être mieux soutenu. Les familles pauvres et modestes représentent environ 20% du total des accédants à la propriété, soit 113 000 accessions annuelles (dont 31 000 ménages pauvres). C’est un accès à la propriété « relativement important » comparé aux catégories d’accédants plus aisés, analyse l’auteur de l’étude, Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université de Paris-Ouest. Près de 8 années de revenus Les familles pauvres qui achètent un logement ont un revenu inférieur à 10.410 € annuels par unité de consommation. Pour acheter, les familles pauvres ou modestes consentent des sacrifices beaucoup plus importants que les autres catégories d’accédants à la propriété, en dépit du Prêt à taux zéro (PTZ). Pour tenir compte des économies d’échelle, on calcule un revenu moyen par unité de consommation (UC) en divisant le revenu total du ménage par le total de ses UC. Le premier adulte compte pour une UC les autres personnes de 14 ans et plus, pour 0,5 UC et les moins de 14 ans, pour 0,3 UC. Par exemple, une famille de deux adultes et quatre enfants âgés de 7 à 18 ans, disposant de 1 800 € mensuels, a un peu plus de 600 € par unité de consommation et par mois. L’acquisition d’un logement représente en moyenne 7,9 années de revenus des ménages pauvres, contre 5,2 pour les ménages moyens et aisés. Effort à risques Le taux d’effort de ces catégories (proportion de leur revenu consacré à l’achat) est en moyenne de 36,8% en 2010 (41,4% pour les familles pauvres), contre 30,9% pour les ménages moyens et aisés. De plus ils passent plus de temps à rembourser des crédits plus longs. Charlotte Niewiadomsky, responsable du département « De la rue au logement » au Secours Catholique, attire l’attention sur le risque dû à la tension financière qui préside à ces achats. Souvent étranglées par leurs remboursements, les familles n’ont pas les moyens d’entretenir ou d’améliorer leurs lieux de vie et peuvent tomber dans « le mal-logement ou l’insalubrité tout en étant propriétaires », s’inquiète la responsable. Le phénomène touche notamment de grands immeubles de banlieue en copropriété, très dégradés et que leurs habitants finissent par fuir, déplore Charlotte, selon un rapport de François Tcherkessoff publié par le Secours Catholique. Justice sociale La solution de la location avec ses loyers prohibitifs débouche aussi sur l’appauvrissement des ménages, remarque la responsable, certains y consacrant plus de 50% de leurs revenus. L’accès à la propriété des plus modestes reste aux yeux de Charlotte Niewiadomsky, une « justice sociale » mais sa réussite demande une extension des aides d’accession sociale de l’Etat (garantie de prêts…) et un accompagnement. Paris inaccessible Des restrictions géographiques s’imposent aussi aux moins aisés : 0,2% seulement des ménages pauvres et modestes ont par exemple pu acheter à Paris en 2010, contre 3,6% des ménages moyens et aisés. C’est donc vers les communes rurales et les villes de moins de 20 000 habitants que se tournent les familles les moins riches. Qualité de vie et contraintes dues à l’éloignement y vont de pair. Source |