Des organisations de la société civile appellent à la dissolution du panel Lamy

Panel sur la Définition de l’avenir
du commerce. (Photo : TAG-Org)

Quelques organisations de la société civile se sont fermement opposées au groupe de réflexion de « parties prenantes de l'OMC » formé récemment par le Directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, chargé d'examiner et d'analyser les défis du commerce mondial au 21e siècle, a rapporté le journaliste Kanaga Raja sur le service d’informations South-North Development Monitor (SUNS).

Dans une lettre à M. Lamy, les organisations disaient que le groupe de réflexion sur la Définition de l'avenir du commerce, dont plus de la moitié est formé par des représentants du secteur des entreprises, « n'a pas la légitimité globale des parties prenantes ̶ ceux qui seront touchés par l'avenir des négociations commerciales au sein du système multilatéral ̶ pour être en mesure de proposer une voie légitime à suivre pour les négociations à venir de l'OMC ».

Les groupes de la société civile ont fait appel à Lamy pour dissoudre le groupe de réflexion, étant donné que toutes les propositions qui en émanent manqueraient de légitimité.

« Nous faisons appel à vous afin de travailler avec les membres pour repérer les changements concernant l'OMC actuelle et les négociations en cours qui sont nécessaires pour veiller à ce que les gouvernements aient l’espace politique pour utiliser le commerce pour le développement durable et inclusif, et pour réglementer dans l'intérêt public », ont déclaré les groupes.

Parmi les signataires de la lettre on trouve les organisations suivantes : le Centre national de coopération au développement (CNCD-11.11.11, Belgique) et l’Observatoire européen des entreprises (CEO), tous les deux de la Belgique ; le Réseau africain sur le commerce; le Centre d’information et de développement alternatif, Afrique du Sud ; le Réseau arabe des ONG pour le développement (ANND) ; le Conseil des Canadiens ; Focus on the Global South ; les amis de la Terre, Etats-Unis ; le Forum international sur la mondialisation, Etats-Unis ; New Trade Union Initiative (NTUI), Inde ; Oakland Institute, Etats-Unis ; le Réseau océanien sur la mondialisation (PANG) ; Public Citizen, Etats-Unis ; Third World Network-Africa ; le Réseau du Tiers-Monde ; War on Want, Royaume-Uni ; et World Development Movement, Royaume-Uni.

Lamy avait annoncé en avril la composition du groupe de réflexion de 12 membres. Dans un communiqué de presse, le Directeur général de l'OMC avait dit : « Les difficultés que nous avons rencontrées ces dernières années, de même que beaucoup d'autres institutions multilatérales, est la preuve incontestable que les solutions d'hier ne peuvent tout simplement pas être appliquées aux problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui. Ce groupe de réflexion comprend des experts de tous les coins du monde et presque tous les domaines d'activité. Leur analyse suscitera le débat et ouvrira de nouvelles voies de réflexion sur comment nous pouvons mieux affronter les difficultés que l'évolution rapide du monde d’aujourd’hui a semé dans notre parcours collectif. »

Les 12 membres du groupe de réflexion sont : Talal Abu-Ghazaleh (Président et fondateur de la Société d’outre-mer Talal Abu-Ghazaleh, Jordanie) ; Sharan Burrow (Secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, Bruxelles) ; Helen Clark (Administratrice du Programme des Nations Unies pour le développement [PNUD]) ; Thomas J. Donohue (Président et Directeur exécutif de la Chambre de Commerce des États-Unis) ; Frederico Fleury Curado (Président et Directeur exécutif d’Embraer SA, Brésil) ; Victor K. Fung (Président de Fung Global Institute et Président Honoraire de la Chambre de commerce internationale, Hong Kong, Chine) ; Pradeep Singh Mehta (Secrétaire général, CUTS International, Inde) ; Festus Gontebanye Mogae (ancien Président de Botswana) ; Josette Sheeran (Vice-président du Forum économique mondial) ; Jurgen R. Thumann (Président, BUSINESSEUROPE, Bruxelles) ; George Yeo (ancien Ministre des affaires étrangères de Singapour et Vice-président de Kerry Group Limited) ; et Fujimori Yoshiaki (Président et Directeur exécutif de JS Group Corporation, Tokyo).

Ensuite, lors d'une réunion du Conseil général de l'OMC au mois de mai, où la question du groupe de réflexion de l’OMC avait figuré, plusieurs pays en développement clés ont exprimé des réserves à propos du groupe de réflexion, tenant à préciser que le groupe de réflexion et son résultat seraient la seule responsabilité du Directeur général.

Dans leur lettre à M. Lamy, les groupes de la société civile ont dit qu'ils trouvaient la composition du groupe de réflexion extrêmement biaisé en faveur du secteur des entreprises, avec une représentation inadéquate de la société civile.

« Une seule ONG, notamment l'une ayant les caractéristiques de CUTS, ne serait pas en mesure de fournir une perspective complète des points de vue des ONG, y compris bon nombre des signataires [de la lettre] ... qui ont été impliquées dans les questions de l'OMC depuis avant ses débuts », disait la lettre.

Bien que les groupes aient remarqué la participation de la Confédération syndicale internationale, ils ont dit qu'il n'y a pas de représentants d'autres secteurs importants de la société civile, tels que les agriculteurs, les peuples autochtones, les groupes des droits des femmes, les consommateurs et les communautés pour les droits humains internationaux et défenseuses de la santé.

« De même, la diversité de la composition de l'OMC est extrêmement mal représentée sur ce groupe de réflexion. Sur les 12 membres du groupe, il n’y a qu’un seul de l'Afrique et un seul de l'Amérique latine, » ont-ils averti. Il n'y a pas de représentants des pays les moins avancés (PMA), « malgré leur importance dans les négociations actuelles », ajoute la lettre.

Les groupes de la société civile ont également dit qu'ils ont été « extrêmement consternés » que la seule institution internationale concentrée à veiller à ce que le commerce serve les objectifs de développement, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), ait été exclue de ce groupe de réflexion.

« L'exclusion de la CNUCED ne sert qu'à fournir une preuve supplémentaire que le Secrétariat de l'OMC a l'intention d'utiliser le groupe de réflexion pour élaborer une voie pour les négociations à venir qui exclut la notion même de développement de l'objectif d'expansion du commerce de l'OMC », a souligné la lettre.

Selon les groupes, l'OMC est, par la loi, une organisation dirigée par ses membres. Ainsi, toutes les initiatives visant à aller de l'avant en ce qui concerne les négociations à venir devraient provenir des membres.

« Nous trouvons que le processus de composition du groupe de réflexion a été autocratique et ne correspond pas à la rhétorique d'une organisation dirigée par ses membres », disaient-ils.

« Nous sommes également extrêmement conscients du fait qu'un groupe de réflexion similaire, le soi-disant rapport du groupe de réflexion Leutweiler chargée par le Directeur général de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) à ce moment-là, Arthur Dunkel, a également manqué de légitimité, mais a néanmoins été utilisé à évincer un processus véritablement dirigée par ses membres avec la participation des parties prenantes, ce qui aurait conduit à un résultat beaucoup plus axé sur le développement », ont ajouté les groupes de la société civile.

Pour plus d’informations
Groupe de réflexion sur la Définition de l’avenir du commerce : http://bit.ly/NsQETn

 

Source
TWN : http://bit.ly/S4xnee