Troisième Edition du Forum Social Congolais

Photo : Forum Social Congolais

Le Troisième Forum Social Congolais s’est révélé une expérience riche en enseignements et en défis. Si pour les deux précédentes éditions, la présence des grandes ONG a été très remarquable frôlant même l’exclusion ou l’absence des petites associations des quartiers et des pauvres citoyens, la 3e édition a connu un effet inverse : les grandes ONG ont brillé par leur absence et le Forum a été celui des associations citoyennes des quartiers et des citoyens chômeurs, fonctionnaires, étudiants, etc qui voulaient parler, donner leur avis, apprendre, écouter, exprimer leur ras-le-bol…

Du 26 au 29 octobre 2011, Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, a abrité la troisième édition du Forum Social Congolais après celles de 2007 à Kinshasa et de 2009 à Lubumbashi.

S’il a fallu 4 jours pour réunir en un seul lieu à savoir le Carrefour des Jeunes de Matongé de Kinshasa, différents participants venus de toutes les provinces de la RDC, le processus ayant abouti à cet événement a été très long et jalonné de beaucoup de péripéties, notamment la sensibilisation des acteurs, les négociations pour la mobilisation des fonds, la méfiance des acteurs, la réticence des autorités à accorder les autorisations administratives et politiques, etc.

L’appui financier et méthodologique de nos partenaires a été déterminant pour la réalisation et la réussite de cette troisième édition du Forum Social congolais. Il s’agit notamment de Solidarité Socialiste/Belgique, DIAKONIA-Bureau de Kinshasa, et le Centre National pour la Coopération au Développement, CNCD/Belgique.

Outre les partenaires étrangers, les acteurs impliqués dans la construction du Forum Social Congolais ont mis en place un Fonds de Solidarité auquel ont contribué 7 organisations congolaises : Le Réseau PRODDES, la Confédération Syndicale du Congo, le CATSR, l’UNTC, la CDT, EDD, Fondation Alain Lubamba et la Maison de Laicite de Kinshasa

Le Forum Social congolais a bénéficié d’un appui méthodologique et/ ou moral de la Délégation Wallonie Bruxelles à Kinshasa, Laïcité et Humanisme en Afrique Centrale/Belgique et CADTM.

 

Contexte de realisation de la troisieme edition du Forum social congolais

La troisième édition du Forum social congolais s’est organisée dans un contexte particulier marqué par la préparation des nouvelles élections présidentielle et législatives qui correspondait paradoxalement à l’inactivité de la société civile poussant le commun de congolais à s’interroger sur l’existence réelle et l’efficacité de cette société civile.

Par l’organisation de ce forum social congolais, la société civile a encore pu démontrer sa capacité mobilisatrice face aux enjeux contextuels de l’heure. Il a été l’un des rares et véritables espaces où les populations ont pu s’exprimer librement sur leur vécu quotidien en analysant les causes réelles de leurs difficultés au regard des promesses électorales passées.

Elles ont pu exprimer leurs craintes en rapport avec les échéances de novembre 2011.

Contrairement aux éditions précédentes de 2007 et 2009, ce troisième forum social a connu une grande affluence des organisations citoyennes, des associations des quartiers, des associations des jeunes et des personnalités indépendantes. Les grandes ONG de la société civile étaient certes représentées mais par une faible participation de plus ou moins une demi-dizaine de personnes par organisation présente. Mais les syndicats n’ont pas dérogés à leur prestation et mobilisation.

Plusieurs personnes, dont c’était la première fois d’entrer en contact avec un Forum Social ont été convaincues des résistances fortes à développer contre la poussée néolibérale dans tous les domaines d’existence.

Pendant 4 jours les nouvelles politiques de reformes des entreprises publiques, l’abandon, par l’État, des structures sociales de base publiques (écoles et hôpitaux), les tracasseries fiscales des opérateurs informels, l’opacité dans la gestion des deniers publics, les critères de passation des marchés publiques, l’efficacité de l’Aide et du développement, l’efficacité des actions de la société civile; la problématique des mouvements sociaux, la laïcité, les droits économiques et sociaux, etc. ont fait l’objet d’une analyse approfondie par les part en vue de dégager les responsabilités de tous les acteurs d’une part mais aussi établir le degré de naïveté populaire face aux choix des élus lors des élections passées et à venir.

Deux principaux appels ont été lancés à l’issue de ce Forum : le premier par le CATSR (Comité d’appui au Travail Social de Rue) pour la protection des Enfants en période électorale, et le deuxième par plus de 200 organisations participantes pour une mobilisation contre le néolibéralisme et pour un Autre Congo.

Après une première édition de démarrage, une deuxième d’approfondissement, la troisième édition qui devrait être celle de consolidation, de systématisation et même d’évaluation du processus du Forum Social Congolais, s’est révélée comme celle de popularisation et de mobilisations des masses oubliées.

 

La Caravane Populaire de Solidarité avec les Victimes du Néolibéralisme

La troisième édition du Forum Social Congolais a été lancée le 23 octobre 2011 aux premières heures de l’après-midi par une « Caravane populaire de solidarité avec les victimes du néolibéralisme » qui a parcouru, sans incidents, trois kilomètres sur deux artères principales des communes de Kasavubu et Kalamu.

Parti de la Place Symbolique « KIMPWANZA», -«LIBERTE» dans la langue Kikongo- dans la commune de Kasavubu, la caravane populaire de plus ou moins 2.500 personnes a traversé le boulevard Triomphal avant d’emprunter l’avenue de l’Enseignement, puis la Place Elle a connu la participation des membres de plusieurs associations des quartiers, des regroupements syndicaux, des mouvements sociaux, des associations des femmes, des jeunes, des handicapés, des artistes, des délégués des provinces, des représentants des organisations soeurs de Brazzaville et plusieurs curieux.

Les pas des caravaniers ont été animés par deux fanfares et un orchestre mobile jouant la musique et des messages sur le FSC en français et dans les quatre langues nationales : Tshiluba, kikongo, swahili et lingala.

 

Les messages de bienvenue

Les mots de bienvenue et de présentation du Forum Social Congolais et des ses objectifs, mais aussi d’accueil des délégations présentes, ont été successivement présentés par Messieurs Danny Singoma et Martin Lofete respectivement Secrétaire Permanent et Coordonnateur du Forum Social Congolais.

Par leurs mots, ils ont permis d’immerger les participants dans l’esprit du Forum Social pour en approfondir le sens, l’objet et la finalité.

Ainsi, Monsieur Danny Singoma, premier à prendre la parole, a souhaité une cordiale bienvenue aux uns et autres, en leur réitérant les remerciements militants pour leur disponibilité, avant de présenter l’objet ainsi que la carte postale du Forum social congolais.

Il a insisté sur la nature de ce Forum Social en tant qu’ espace démocratique de convergence des Mouvements Sociaux qui militent contre la domination du monde par la force financière. Il a également précisé la lutte mondiale des peuples à travers les Forums Sociaux pour la recherche d’un monde meilleur, de justice et des droits pour tous.

Dans son mot introductif d’orientation, le Coordonnateur du Forum Social Congolais, Monsieur Martin Lofete a insisté, dans sa peau de syndicaliste, à titre illustratif, sur les conséquences aussi sinistres que macabres de la mondialisation économique sur les vies des travailleuses, travailleurs et populations de l’hémisphère sud, en ce qu’elle ne privilégie strictement que la quête effrénée du gain jusqu’à sacrifier la main d’oeuvre et hypothéquer le social.

Il a indiqué que ces politiques aménagées par les Institutions Financières Internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale n’ont jamais contribué à la réalisation des meilleures conditions de vies des populations.

Sur le plan local, il a épinglé, avec insistances quelques secteurs de la vie nationale, notamment l’agriculture, les petites et moyennes entreprises ainsi que les entreprises du portefeuille de l’Etat, dans lesquels les travailleurs subissent les politiques machiavéliques de ces Institutions. Et, ce en dépit des richesses fabuleuses que regorgent le sol et sous-sol de la République Démocratique du Congo.

 

La sécurité des enfants pendant la période électorale

L’exposé sur « la sécurité des enfants pendant la période électorale » a été conduit avec les soins de CATSR. L’Orateur, Monsieur Edho MUKENDI, Coordonnateur du CATSR, a structuré son message autour de trois points : · Un mot sur l’organisation CATSR et sa raison d’être, la vision des travailleurs sociaux de rue sur la question de sécurisation des enfants en période électorale, et plaidoyer relatif à la protection des enfants congolais en période électorale.

Concernant sa carte postale, le CATSR existe depuis 5 ans et signifie « comité d’appui au travail social de rue ». Il s’agit d’une plate forme de prés de 60 organisations sociales qui travaillent sur les questions de l’enfance en République Démocratique du Congo.

Considérant la maltraitance endémique des enfants, ces Organisations fondent leur action pour lutter contre les conditions de vies difficiles de ceux-ci.

Par rapport à la problématique de protection des enfants pendant la période électorale, Mr Edho MUKENDI a ciblé trois moments sensibles ou la sécurité des enfants peut être troublée, à savoir : pendant la campagne électorale, le jour des scrutins et après les verdicts des urnes.

Pour justifier la préoccupation du CATSR sur les exigences de protection des enfants durant ces trois moments, il s’est référé sur ce qui s’est passé durant le processus électoral de 2006 – 2007 où les enfants en général et les enfants dits de la rue ont fait les frais des violences post –électorales et même pendant la campagne électorale du premier tour de la présidentielle en 2006. Pour l’orateur, ces enfants en rupture familiale ont péri parce qu’ils ont été impliqués de force ou par manipulation dans les affrontements sanglants entre les forces de Jean- Pierre Bemba et les FARDC à Kinshasa et entre les forces de l’ordre et les adeptes du mouvement politico-spirituel "Bundu - dia – Kongo" au Bas Congo, qui ne savaient où aller se réfugier.

Avec le concours des participants, Le CATSR a pu dégager quelques recommandations pressantes à l’endroit des pouvoirs publics sur cette situation et a pu élaborer un APPEL du Forum Social Congolais. La privatisation des services publics essentiels : eau, électricité, logement, éducation, santé et transport en commun (OMD) et qui sont des droits constitutionnels en RDC, Placé dans l’axe Monde syndicale, le thème relatif à la privatisation des services publics essentiels : eau, électricité, logement, éducation, santé et transport en commun et, qui sont des droits constitutionnels, a été animé tour à tour par Messieurs Iyolo Yav du syndicat Confédération Démocratique du Travail, CDT et Martin Lofete de la Confédération Syndicale du Congo et S’appuyant sur une approche historique, Monsieur Martin LOFETE a relevé que pour avoir échoué dans sa tâche constitutionnelle d’assurer à chaque citoyen de l’eau, de l’électricité, le logement, l’Etat Congolais est amené aujourd’hui par obligation de céder l’exercice de sa tâche à des privés.

Pour mieux étayer son argumentaire, il a démontré les raisons de l’émergence du secteur privé notamment les exigences des institutions de Bretton woods pour le dégraissage du personnel comme condition d’acquisition d’appuis financiers. Sur le plan local, il a rappelé la lettre d’intention signée en 2001 par le gouvernement congolais pour la libéralisation de l’économie. La privatisation des entreprises publiques a été opérée au gré de la mesure de création du Comité de Pilotage de la reforme des entreprises publiques légitimé par les accords de Sun City sur la Paix et la reconstruction de la RDC.

Renchérissant, Monsieur Iyolo Yav du syndicat CDT a parlé de l’expérience de son Syndicat dans la Province du Katanga. Il a relevé deux aspects particuliers: l’un concernant les ouvriers, l’autre les populations en général. Pour les ouvriers, il a soutenu qu’il a été dénombré 3000 travailleurs licenciés injustement suite à la politique d’ajustement structurel, plongeant des familles entières dans la misère. Tandis que pour les la population, il a évoqué une initiative de son syndicat qui a lancé des équipes dans les quartiers de Lubumbashi afin d’identifier les difficultés liées à l’accès à l’eau, l’électricité et aux soins de santé qu’éprouvent les habitants d’une ville abritant plusieurs grandes entreprises minières.

Après les enquêtes, des structures ont été mises sur pied pour la recherche participative des voies de résolution des problèmes : ainsi ont vu le jour une structure de suivi d’eau, une brigade des ordures, une équipe des mamans nutritionnistes ainsi qu’une équipe d’autodéfense.

 

La jeunesse Congolaise face au processus électorale

Animé par l’Association Internationale de la Défense de la Démocratie et des Droits Humains, AIDDH, le thème sur la Jeunesse Congolaise Face au processus électorale a porté sur les points suivants : a. La démocratie, b. La décentralisation, c. La participation citoyenne.

A cet effet, l’orateur et les participants ont retenu la définition suivante pour la démocratie : « la gouvernance qui permet au peuple d’exercer sa souveraineté ». Ils sont ensemble abordé les formes, le fonctionnement, les piliers ainsi que les acteurs de la démocratie.

L‘orateur a déploré la sous-information dont est victime la jeunesse congolaise et pourtant elle constitue, affirme-t-il la majorité de ceux qui devront voter. Cet état de choses, a-t-il déploré, empêche à la jeunesse de jouir de sa souveraineté !

Pour ce qui est de la décentralisation, l’intervenant note avec amertume que le Gouvernement n’est pas prête à assumer les exigences constitutionnelles y relatives. Il a cru comprendre que les dirigeants ont peur de la décentralisation car ils veulent continuer à concentrer le pouvoir. En même temps il a stigmatisé les politiciens véreux qui veulent trouver dans la décentralisation le prétexte de séparatisme et de renforcement de la corde tribale.

Echangeant avec le public sur la notion de la participation citoyenne, l’ensemble de participants ont estimé que les quatre éléments suivants sont indispensables et devront être satisfaite pour la population : 1. L’Accès à l’information correcte 2. L’Exercice sans contrainte des libertés publiques 3. L’Education civique engageante et responsable 4. La Mise sur pied des structures des participations citoyennes En guise de conclusion, le Représentant de l’AIDDH souligné que la jeunesse doit s’approprier le processus car voter est un acte civique et un droit citoyen.

 

Les Mutuelles de Santé Comme Outil de lutte contre la Pauvreté

Cet atelier a été animé par deux organisations : la MUSALING et l’ACGT.

Répondant tour à tour aux questions des participants, les deux mutuelles ont insisté sur les bonnes raisons d’adhérer à une Mutuelle de santé. L’adhésion à une mutuelle est à la fois un acte de prévention et un acte de solidarité, ont-ils affirmé.

Face à la Pauvreté, ont-ils dit, la Mutuelle de Santé est une vraie réponse car elle permet avec peu de moyens d’accéder aux soins. Mais il est nécessaire de savoir que l’on cotise non pas pour se faire soigner immédiatement mais pour prévenir des jours sombres.

 

L’efficacité de l’aide et du Développement

Animé par Mr Martin, Cet atelier a porté sur l’historique de l’aide publique au développement, la déclaration de Paris et le plan d’action d’Accra, les principes et critères d’efficacité. Il a mis l’accent mis sur la gouvernance de l’Aide en RDC dont l’opacité ne favorise pas le développement par l’aide.

L’orateur a regretté que la population soit très peu intéressée au suivi de l’aide suite à une mauvaise information ou à la rétention de celle-ci même par certaines organisations de la société civile.

Il a défini l’aide comme sources de financement du développement qui sont de deux ordres : recettes locales et apports extérieurs fondant l’aide publique au développement (APD). Il a précisé que ces aides et apports extérieurs deviennent des investissements dans le cadre des divers programmes de développement. L’APD est un ensemble des aides financières prévues au budget d’un Etat et qui lui sont transférées.

L’orateur a relevé que l’OCDE bras séculier de la mondialisation canalise les investissements du nord et l’APD se compose des dons et prêts prévus aux budgets à transférer au sud.

Cependant, l’efficacité de l’APD dépend de la capacité d’un gouvernement de satisfaire les besoins de sa population. Il a malheureusement constaté que la RDC a reçu beaucoup d’aides sans impacts sur la vie des populations. Pour lui, l’efficacité de l’aide doit se traduire par la satisfaction des objectifs du millénaire que sont entre autres : la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, la promotion de l’égalité et de la chance, la réduction de la mortalité infantile, le combat contre le Sida, l’établissement du partenariat au développement.

 

Campagne de sensibilisation contre toute forme de violence faite à la femme

Animé Madame Josée SHIMBI du Syndicat CSC, « la campagne de sensibilisation contre toute forme de violence faite à la femme surtout à l’Est de la République Démocratique du Congo » a attiré un grand monde. Ladite campagne est une réponse à l’une des recommandations de la MARCHE MONDIALE DES FEMMES organisée à Bukavu.

L’oratrice a informé les participants de grandes activités retenues pour la matérialisation de cette campagne : la journée de l’élimination des violences faites à la femme fixée au 25 novembre 2011, et la campagne sur ce thème à l’occasion de la journée internationale du 8 mars 2012. Pour l’intervenante, il est de bon gré que cette campagne cesse d’être féminine, pour être assurée également par l’homme.

Pour des raisons de compréhension conceptuelle, l’oratrice a défini la violence comme le fait de pousser quelqu’un à faire quelque chose qui est contre sa volonté. Ensuite, elle a évoqué les différentes formes de violences entre autre : violence verbale, violence physique, violence sexuelle, violence économique, etc Concluant son exposé, Madame Josée SHIMBI a invité l’assistance à devoir éliminer les violences en famille ce qui fera recycler le même élan dans la société.

 

Les accords de partenariat économique avec l’Union européenne

L’atelier sur « les accords de Cotonou » a été animé conjointement par Monsieur Antoine MASSAMBA du CNONGD et Monsieur Dany SINGOMA du PRODDES. Se complétant, ils ont donné l’historique de l’accord de Cotonou qui est parti de Yaoundé 1, 2, 3, 4, ensuite des débats se sont poursuivis dans Lomé 1 et 2 vers les années 1970 pour aboutir à l’accord de Cotonou en 2000.

Ces accords, basés sur les échanges commerciaux par l’ouverture des frontières, pour une libre circulation des marchandises, préconisent des négociations devant aboutir à un libre marché entre l’Europe et les pays d’Asie, des Caraïbes et du Pacifique connus sous l’acronyme ACP. Ces accords sont censés contribuer au développement de ces pays, selon ses initiateurs. Trois piliers fondent l’esprit de ces accords, à savoir : la coopération politique, le commerce et le développement.

En dépit de la date butoir du 31 décembre 2007, pour son entrée en vigueur, la République Démocratique du Congo et plusieurs pays n’ont jamais signé ces accords, du reste, controversés à cause de ses options reflétant la la domination commerciale européenne et le démantèlement de l’appareil de production des Pays ACP. Des grands mouvements de la Société civile dans tous les pays ACP ont conduit à ce que les négociations soient bloquées.

Réagissant à cette double-intervention, les participants ont dénoncé les autres coopérations, en l’occurrence avec la Chine, l’Inde et autres, qui ne tiennent pas en compte les aspirations des populations.

Le débat est alors passé de la Coopération avec l’union européenne aux impositions des grandes puissances et des grands bailleurs des fonds et à la faiblesse des dirigeants qui hypothèquent l’Avenir de leurs peuples.

Plusieurs personnes ont appelé à poursuivre ce genre des débats dans les quartiers pour que la population prenne grandement conscience de ce qu’il ignore.

 

Quel avenir pour l’économie sociale et solidaire en RDC ? Faut-il formaliser l’informel ?

L’atelier a été animé par Monsieur KIKIV KIKADI de l’ONG UMOJA DEVELOPPEMENT. L’orateur a fourni d’abord la compréhension conceptuelle de l’économie sociale, relevé ensuite les problèmes entre le formel et l’informel. L’atelier a dégagé enfin quelques recommandations.

 

La laïcité en République Démocratique du Congo : une notion constitutionnelle

Animé conjointement par Messieurs Nicaise CHIKURU, président de la MAISON DE LAICITE DE KINSHASA et Freddy JACQUET de LAICITE ET HUMANISME EN AFRIQUE CENTRALE (LHAC-Belgique). Ils ont défini le concept de laïcité relevant du champ politique et reposant principalement sur la notion de la séparation de l’Etat et de la religion.

A cet effet, l’orateur a dégagé le principe de la laïcité qui est le fait d’un Etat neutre en matière de religions. Par ce fait, il a souligné que la souveraineté de l’Etat à travers l’idéal laïc repose sur trois paramètres : La liberté de conscience, l’autonomie d’action et de jugement, l’égalité des droits sans discrimination, donc liberté des droits, et la finalité de la loi commune pour toute citoyenne et tout citoyen.

Ils ont conclu leur présentation en soulignant que la laïcité est la conséquence de la neutralité de l’Etat qui ne peut pas mettre, par exemple, son enseignement au service d’une confession religieuse. Elle sait promouvoir le civisme comme fondement de paix et horizon d’universalité.

Plusieurs participants ont admis ne pas bien comprendre avant cet atelier la notion de la Laïcité et qu’ils voudraient bien l’approfondir malgré les insinuations de plusieurs personnes qui classent ce concept dans le lot de ceux qui nient l’existence d’un Dieu.

 

Sécurité et dignité dans le secteur minier industriel et artisanal en RDC

Mr Jean Baptiste LUBAMBA du CENADEP a animé cet atelier. D’entrée de jeu, l’orateur a relevé que l’exploitation artisanale est très importante et mérite un encadrement efficient. Ce secteur, a-t-il dit emploi un tr`s grand nombre de personnes qui luttent contre la pauvreté dans leurs milieux et qui contribuent aux recettes de l’Etat par les taxes qu’elles payent.

Cependant, dans notre pays, a fait remarqué Mr LUBAMBA, les conditions sécuritaires et de dignité nécessaires ne sont pas réunies. Les creuseurs artisanaux creusent de longues galeries dans lesquelles ils pénètrent sans équipement adéquat au vu et au su de toutes les autorités. Partant du cas de la Province orientale où le CENADEP accompagne les coopératives des creuseurs artisanaux, il a dépeint le triste tableau de l’environnement du secteur minier tant industriel qu’artisanal en dénonçant : Les tracasseries militaires et administratives, le désordre sexuel avec les maladies sexuellement transmissibles, et la méconnaissance de la loi.

Plusieurs réactions ont suivi son intervention qui a étonné les participants dont la majorité à Kinshasa ne connaît pas cette problématique.

En guise de conclusion, les participants ont unanimement appelé à : La mise en place de la politique de gouvernance participative dans le secteur minier artisanal

 

L’efficacité de la politique nationale de lutte contre le Sida

Monsieur Michel LAY de PASCO (Parlons Sida au communautaire) a animé cet atelier. Mr LAY a tenu à présenter le travail de son organisation PASCO qui a mis en place un module de sensibilisation sur le VIH/SIDA en milieu scolaire. Cette sensibilisation, a-t-il précisé, est assurée en milieu scolaire en raison de la forte concentration des jeunes. Selon le modus operandi adopté, l’orateur a précisé que les jeunes sont informés sur ce fléau du siècle par des conseils sur la sexualité, des activités théâtrales, des ateliers de sensibilisation en leur prévenant que la contamination du Sida est souvent consécutive au comportement.

D’où, il y a lieu d’adopter un comportement sexuel responsable en usant du préservatif ou carrément en s’abstenant pour ne pas contracter cette maladie.

Dans les échanges avec les participants, la discussion a été centrée sur le fait que la lutte contre le VIH SIDA en RDC repose principalement sur l’appui financier extérieur. La problématique d’accès aux antirétroviraux et les violations des femmes par des personnes atteintes a aussi été abordée

 

Comment réussir sa vie et contribuer au développement de son pays

Monsieur Franck Songolo a tenu à partager avec les participants au Forum ce sujet qu’il dit le tenir à coeur. Exposé à forte tonalité d’éthique et civisme, l’orateur, tenant compte de la pauvreté endémique de la population congolaise, a voulu réfléchir avec les participants sur les solutions à systématiser.

De la dynamique des débats et des échanges, il s’est dégagé comme un consensus sur la nécessité de cultiver la culture du courage et d’éviter la résignation en s’investissant dans la participation au suivi de la gestion de la chose publique. La patience, la loyauté, la ponctualité, la courtoisie ainsi que la confiance en soi doivent être des valeurs à exploiter et à encourager sans qu’elles soient assimilés à faiblesse. La détermination, la décision, l’entretien sanitaire du son corps par une équilibrée alimentaire et de l’exercice physique sont des attitudes positives à ne pas oublier.

A la fin de cet atelier, les participants ont convenu d’organiser autour de Mr Songolo un Club de réflexion et d’action.

 

Le travail décent

Dans la suite des exposés rangés sur l’axe travail décent, les Présidents des Organisations syndicales CSC, UNTC et CDT ont animé conjointement le thème : « Travail décent ».

Complémentairement Monsieur Symphorien DUNIA de la CSC a défini le travail décent par rapport aux critères suivants : assure la garantie d’un revenu qui subvient aux besoins essentiels de la vie ; respecte les droits fondamentaux du travail notamment la liberté syndicale, le droit de s’organiser et négocier ; garantit la protection sociale (maladie, accident, retraite, paiement de la femme pendant la grossesse). Monsieur Modeste NDONGALA de l’UNTC en a dépeint l’état des lieux qui s’est révélé boiteux. L’on en retiendra une quasi-absence des conditions fondamentales a-t-il noté.

A son tour, Mr AMIGO SESE du Programme FADOC, a animé un autre atelier sur le même thème et axé son intervention sur les conditions précaires de travail des travailleurs domestiques, des artisans, des femmes vendeuses et de tous les acteurs du secteur informel.

Mr AMIGO a dénoncé le fait qu’il n’existe aucune structure pouvant accompagner ces personnes à assurer la sécurité dans leurs milieux de travail qui les procurent à peine de quoi subvenir à leurs besoins.

Il a insisté sur le cas des travailleurs domestiques dont les droits sont mal respectés. Il a cité le cas des travailleurs qui ne sont pas syndiqués, qui ne bénéficient pas des soins médicaux, qui travaillent plus de 12 heures, qui n’ont pas droit de manger sur le lieu de travail, etc.

Il a informé les participants de l’initiative de son organisation de promouvoir la notion de travail décent pour tous.

 

Les défis de l’agriculture paysanne en RDC

Animé par Monsieur Daniel Elembe, paysan de la Province de l’Equateur, président de la Fédération des Pêcheurs et Membre de la COPADE (Convention Paysanne pour le Développement de l’Equateur). Cet atelier a connu la participation de plusieurs paysans venus du Bas-Congo, du Bandundu, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de la Province Orientale.

Avec les autres participants, Mr Elembe a soutenu qu’il existe trois sortes d’intervenant directs dans l’Agriculture, à savoir : les cultivateurs, les éleveurs, les pécheurs. l’Orateur qui essayé d’expliciter les spécialités de chaque domaine s’est arrêté pour faire connaitre son indignation face au faible développement de ces trois domaines dans notre pays.

L’ensemble des participants ont dénoncé le manque de considération dont est victime le métier d’agriculteur et principalement le Paysan. Le manque de production quantitative, la faible organisation des paysans, l’absence d’un cadre légal régissant l’agriculture, le manque de structure de transformation et de conservation, la faible maîtrise du circuit de commercialisation, les importations massives des produits alimentaires, constituent les grandes difficultés de l’Agriculture paysanne.

L’orateur a conclu en appelant l’ensemble d’acteurs politiques et sociaux à soutenir le processus d’élaboration du Code agricole afin qu’il aboutisse pour le bien être des agriculteurs.

 

Expériences sur le contrôle citoyen dans les entités décentralisées

Mr Aimé BAKILA, Président de l’association JADI (Jeunes Associés pour le Développement Intégral), a développé autrement ce thème sous l’énoncé interpellateur « la jeunesse Congolaise, où allons-nous ? »

Dans son intervention, Mr BAKILA s’est indigné de l’oisiveté dont sont victimes les jeunes d’une part et du registre des antivaleurs que développe la jeunesse d’autre part. Il a déploré cet état de choses, alors que tout le monde s’accorde à dire que la jeunesse constitue l’avenir. Il a ainsi considéré que les responsabilités sont partagées quant à la situation décadente de la jeunesse dans notre pays.

Il a souligné le fait que même si les certains jeunes sont perdus, d’autres par contre ne croisent pas les bras et ne baissent pas la tête : ils se battent chaque jour pour l’avenir de leurs quartiers, communes, villes et pays. Il a parlé de l’expérience des jeunes dans la commune de Barumbu.

A l’issue des débats, les participants se sont convenus sur la nécessité de mettre sur pieds des stratégies ou mécanismes se basant sur : a. L’Activation des échanges culturels, b. L’Encadrement scolaire et académique, c. La Conscientisation pour la promotion de la créativité et de l’entreprenariat.

 

Protection sociale

Un panel de trois experts syndicaux de la CSC, de la CDT et de l’UNTC ont animé cet atelier. En guise d’introduction, le premier intervenant a voulu jeter un regard rétrospectif sur la protection sociale en RDC depuis l’indépendance en 1960. Il a conclu que cela n’est que regret et désolation.

Dans leurs interventions, Monsieur Prosper Vangu de l’UNTC a abordé le contexte général de la protection sociale en RDC, tandis que Monsieur Francis Kikongi de la CSC a fourni l’état des lieux de la protection sociale en RDC et Monsieur Michel Mokwa de la CDT s’est attardé sur les stratégies à mettre en oeuvre.

Ensemble, les participants ont recommandé de militer pour le socle de protection sociale participatif en RDC.

 

Assemblée plénière sur la mondialisation néolibérale

Trois sujets ont fait l’objet de cette assemblée : le concept mondialisation, l’aide publique au Développement et la Dette.

Tour à tour, les participants ont abordé la problématique de la mondialisation et sa définition présentée souvent sous sa bonne valeur en oubliant le sens lui accordée par ses initiateurs : la mondialisation de l’économie.

Unanimement les participants ont reconnu que l’Organisation mondiale du Commerce en incarne le gendarme de cette mondialisation économique dans la mesure où, tout pays des nations Unies se conforme aux règles de la réciprocité commerciale édictées par l’OMC.

Mais, a-t-il constaté que les pays riches subventionnent leurs agriculteurs alors que les restrictions des Institutions financières internationales l’empêchent aux pays pauvres. Ce qui créent un déséquilibre sur le marché en faveur des pays riches et amène ipso facto l’inondation des marchés des Etats du sud par des produits importés.

Conscients des inégalités constatées dans le système, les participants en ont appelé à un grand approfondissement de la question en termes de journées de résistances qui seraient organisées régulièrement dans les quartiers populaires.

Abordant la question de la dette, les participants au Forum ont souligné le fait que la RDC est victime de son indépendance politique qui a été accordée sans indépendance économique. C’est ce qui justifie, selon eux, l’accumulation de la dette depuis cette époque jusqu’aujourd’hui, car l’État colonial a transformé ses propres dettes pour la colonie en passif hérité par le jeune état congolais. Les mécanismes de remboursement de cette dette sont controversés. Prenant en exemple certains pays de l’Amérique latine, les participants se sont interrogés pourquoi l’Etat congolais ne peut pas se défaire de sa dette comme l’Argentine qui l’a répudié, le Brésil qui a payé anticipativement et la Colombie qui a refusé catégoriquement cette dette, la jugeant odieuse.

Un des participants a lancé : "Cette dette, a-t-il précisé, est tributaire de la manigance des colonisateurs et des pays riches pour avoir une main mise sur les Etats du sud. C’est ainsi qu’ils ont créé l’aide au développement avec des conditionnalités austères telles que les gestionnaires de cette aide doivent provenir de chez eux, les outils qui accompagneront cette aide viennent toujours de chez eux. Ce qui revient à dire que presque 45% de cette aide retournent au prétendu donateur"

Un autre participant a ajouté : " la suite des dénonciations des mouvements sociaux altermondialistes, les pays riches ont timidement pris en compte les revendications des OSC à partir du 3éme Forum de Haut niveau d’Accra Je demande à la société civile de tenir à l’oeil les gouvernants, à qui a été confiée la gestion de cette aide. L’Aide n’est pas une mauvaise chose si elle est accordée et gérée selon les besoins réels des peuples et en les satisfaisant".

En définitive, les participants ont recommandé la réactivation de l’Espace de la société civile sur l’efficacité de l’aide et du Développement mis sur pied en juin 2011 au CEPAS à l’initiative du PRODDES.

 

L’habitat social et politique de l’habitat en RDC.

Animé par Jean Jacques BENAMAYI, de la LIGUE DES LOCATAIRES, l’atelier a porté sur quatre points ci-après : 1. Définition du logement social, 2. Régularité des rapports entre locataires et bailleurs, 3. Gestion de l’habitat, 25 4. Remède.

Mr Jean Jacques a présenté le logement social comme un abri ou appui permettant à tout être humain de se protéger des intempéries occasionnelles ou périodiques. Il a rappelé que le logement social doit être accessible et favorable à toute catégorie sociale de la population.

L’orateur a dénoncé l’anormalité de la situation actuelle créant de sans abris et de sans logements. Une famille sans logement, a-t-il dit est une famille en voie d’éclatement et un SDF (sans domicile fixe) est une personne en perte d’identité.

Quant à la régularité des rapports entre locataires et bailleurs, Mr BENAMAYI a épinglé les causes et bases du déficit dans ces rapports en évoquant notamment l’absence de politique appropriée en matière de logement.

Par rapport à la gestion de l’habitat, il a indiqué qu’il relève de la compétence du Ministère de l’Habitat de donner l’impulsion au Ministère des Affaires foncières pour réordonner ou reformer l’urbanisation des quartiers. Ce sont ces deux Ministères a-t-il insisté qui se doivent de coordonner la politique sociale de l’habitat et de distribuer de manière planifiée avec prévision les terres.

Les échanges qui ont suivi ont dénoté premièrement la satisfaction de plusieurs personnes d’apprendre l’existence de la LIGUE DES LOCATAIRES. Ensuite, il ya l’inquiétude et l’amertume des habitants liées à la difficulté de pouvoir accéder à un Logement soit en tant que propriétaire soit en tant que locataire.

Les participants ont regretté la liquidation de l’ONL (Office National de Logement) et ont dénoncé toutes les initiatives du Gouvernement non abouties en termes d’habitat social. Ils ont rappelé un projet de construction d’Habitats sociaux du Ministère de l’urbanisme et Habitat qui s’est avéré un véritable fiasco en laissant des maisons inachevées dans plusieurs provinces comme `Mbandaka et ailleurs. En plus, un participant a lancé : et quand ils parlent d’habitats sociaux, c’est pour eux-mêmes qu’ils construisent des maisons et non pour les simples citoyens.

La Ligue des Locataires a été unanimement chargée de poursuivre le débat en organisant des rencontres régulières.

 

La signature de l’appel principal et de l’appel en faveur des enfants

Après la fin du travail d’une équipe mixte de 4 hommes et 3 femmes mis en place pour élaborer un PROJET de l’appel des participants au 3e Forum Social Congolais, le document a 27 été soumis à la relecture dans 5 différents groupes de travail élaborés suivant les 5 axes thématiques du Forum. Le document a été appelé : Appel à une mobilisation citoyenne contre le néolibéralisme pour un Congo juste, prospère et fort ou Appel de Kinshasa La relecture de l’Appel terminée, plus ou moins 1.000 participants au Forum se sont réunis sur l’esplanade du Carrefour des Jeunes pour apposer leur signature au document, au nom de leurs organisations respectives (au total 155 organisations).

La Signature finie, le document a été lu par Mr Danny SINGOMA, Secrétaire Permanent du Forum Social Congolais, devant tout le monde et principalement la presse écrite et audiovisuelle.

Un deuxième appel émanant des associations membres du CATSR (Comité d’Appui au Travail Social de la Rue) en faveur de la protection des enfants en période électoral a recueilli la signature des participants au Forum.

Les mots des délégations Prenant la parole, Mr Martin LOFETE, Coordonnateur du Conseil du Forum Social Congolais a remercié l’ensemble des participants présents et a salué la signature de l’Appel à une mobilisation citoyenne contre le néolibéralisme pour un Congo juste, prospère et fort ou Appel de Kinshasa. Il a ensuite félicité tous les participants en dépit du fait que ceux que l’on pense être des grands leaders de la Société civile n’aient pas répondu au rendez-vous suite à l’engagement de beaucoup d’entre eux à se présenter aux élections législatives de novembre 2011 sous la bannière des partis politiques. Il l’a souhaité une bonne chance à tous ces candidats issus de la société civile en disant qu’il espère qu’ils se souviendront du peuple pour lequel ils se sont longtemps dévoué.

Le Coordonnateur LOFETE a ensuite remercié l’ensemble de participants venus des provinces et a demandé à Madame Yvonne NGOY de UFDH/CADTM Mbuji-Mayi de prendre la parole en militante dure de la lutte contre la dette et surtout qu’elle est arrivée en retard au Forum suite aux difficultés de connexion par avion.

Madame Yvonne NGOYI a remercié et salué l’ensemble des participants en stigmatisant les mécanismes de la dette et la non-vérité des différentes remises ou annulation ou réduction de la dette. Elle a dit comprendre plusieurs personnes qui se demandent pourquoi les Mécanismes PPTE ne portent pas ces fruits ? Ce Mécanisme PPTE, a-t-elle souligné, est un leurre plus que tout. Ces effets seront plus médiatiques que réelles !

Elle a ensuite évoqué la Marche Mondiale des Femmes organisée à Bukavu en octobre 2010 en rappelant qu’il est nécessaire de ne pas oublier ce moment.

Après elle, Madame Josée MUGOTO du Sud-Kivu a pris la parole suivie par Mme Gina MUTANDA de la diaspora congolaise de Dakar et Me EVARISTE de Village Artisanat de Brazaville.

Plusieurs autres personnes se sont succéder au micro pour lancer un message à l’endroit de participants et appeler à la poursuite du processus du Forum Social Congolais.

Le Secrétaire Permanent du Forum a ensuite terminé en appelant les uns et les autres à garder courage et foi au combat altermondialiste et à poursuivre l’oeuvre commencée au Carrefour des Jeunes. Ce Forum a-t-il déclaré a été un véritable forum social populaire, un forum des plus exclus. Il a réitéré son voeu de voir la RDC accueillir le prochain Forum Social Africain et l’Artiste altermondialiste TIKEN JAH FAKOLI.

 

Les difficultes rencontrees

La réalisation de la première édition du Forum Social Congolais a été marquée par plusieurs difficultés dont les plus importantes sont les suivantes :

a. La faible participation des grandes organisations de la Société Civile Organisé dans un contexte purement électoral, plusieurs personnalités de la société civile n’ont pas trouvé utile de participer au Forum Social Congolais car étant personnellement candidats aux élections ou proche de certains candidats. D’autres ont cru que le Forum pouvait dégénérer en cette période sensible si les participants s’en prenaient trop aux dirigeants en place.

b. L’identification des points focaux dans les provinces
Les mécanismes de coordination du Forum Social Congolais ayant été localisés à Kinshasa, une réelle difficulté de créer des liens avec les éventuelles dynamiques provinciales s’est fait toujours sentir. Seul le contact avec la Dynamique de Lubumbashi est facile suite à l’engagement des acteurs de la place. La faible implication des grands réseaux de la société civile a été aussi à la base de cette situation.

c. La mobilisation des congolais de la diaspora
Les congolais vivant dans les pays extérieurs ont été peu réceptifs à l’appel pour le Forum Social Congolais. Et ceux qui ont pu adhérer à l’idée n’ont pas tous eu les possibilités de se déplacer jusqu’à Kinshasa.

d. La faible mobilisation des moyens financements

e. La faible implication des autorités politiques

f. Le déplacement des délégués des provinces
Il a été difficile de faire vvenir des délégués des provinces par manque des moyens pour la prise en charge de leurs transports et de leurs fraius de nséjour à Kinshasa. Les quelques participants des provinces sont arrivés car nous ils ont pour les uns été pris en charge par le CATSR et d’autres sont arrivés dans le cadre du Carrefour paysan organisé par le PRODDES.

Seuls 4 personnes de Lubumbashi et 1 du Kasaï Orientale ont pu bénéficier des facilités de transport de la MONUSCO.

g. La surenchère des médias
L’accès aux médias a été un des problèmes majeurs du Forum, suite aux frais exigés par leurs tenants qui ne font pas la différence entre les activités à caractère sociale, politique ou économique.

Outre cet aspect, il existe aussi une certaine légèreté dans le traitement de l’information par les journalistes qui ont tendance à être plus subjectifs qu’objectif, privilégiant la personne qu’ils jugent nécessaires au détriment de l’information elle-même. Lors des reportages télés, on privilégie une seule interview au lieu et place de l’évènement qui n’est montré que trop partiellement. Et cela en trop petite séquence. Ceci n’a pas permis de bien sensibiliser la population. Mais la Radio OKAPI et la RTCE nous ont quand même soutenu.

 

Les perspectives

En vue de consolider les acquis du forum social congolais depuis sa première édition en 2007 et de permettre un réel changement social en République Démocratique du Congo, il est prévu les actions suivantes : renforcement du Secrétariat du Forum Social Congolais ; actualisation et renforcement du Conseil du Forum Social Congolais ; large diffusion de l’Appel du Forum Social Congolais ; encourager l’émergence des forums sociaux locaux sur l’ensemble du territoire national ; obtenir l’organisation du Forum Social Africain en RDC ; organisation d’un 4e Forum Social Congolais ; créer un Fonds de Solidarité permanent ; réalisation d’un Centre d’Information sur l’altermondialisme ; mMise en relation des campagnes nationales entre elles d’une part, et entre les campagnes congolaises et internationales d’autre part ; identification en provinces des points de relais du Secrétariat du Forum Social Congolais ; large participation des acteurs congolais aux différents forums en Afrique et dans le monde

 

Conclusion

Le 3e Forum Social Congolais s’est révélé une expérience riche en enseignements et en défis.

Si pour les deux précédentes éditions, la présence des grandes ONG a été très remarquable frôlant même l’exclusion ou l’absence des petites associations des quartiers et des pauvres citoyens, la 3e édition a connu un effet inverse : les grandes ONG ont brillé par leur absence et le Forum a été celui des associations citoyennes des quartiers et des citoyens chômeurs, fonctionnaires, étudiants, etc qui voulaient parler, donner leur avis, apprendre, écouter, exprimer leur ras-le-bol… Le Forum s’est alors présenté comme un lieu de nouvel apprentissage, de nouvelle sensibilisation et de nouveaux partages.

Pour cette 3e édition, les engagements n’ont plus été pris directement dans une assemblée globale. Il a été organisé des assemblées par axe central au cours desquelles les organisations présentes et les personnes ont pu prendre des engagement personnels et formuler certaines recommandations.

Face à la complexité de la participation avec un public large et peu maîtrisée, les organisateurs du Forum ont recouru à une autre formule : celle de l’Appel. Au lieu d’un seul appel, il y en a eu 2.

Il est tr`s intéressant de remarquer l’engouement populaire pour ce Forum. Mais il est aussi de comprendre que plusieurs organisations de la société civile aient pu débrayer dans leur engagement et démonstration altermondialiste. Des mécanismes plus solides de nouvelle sensibilisation devront être mis en placer pour réarmer les ONG et autres mouvements sans oublier de garder un contact maximum avec les milliers des personnes ayant consacré 4 journées entières à la cause altermondialiste.

L’implication des partenaires traditionnels du Forum Social Congolais a été, une fois de plus déterminante pour la réussite de ce troisième Forum. Il importe maintenant travailler ensemble pour la consolidation du processus afin qu’il donne lieu à une véritable dynamique altermondialiste dans toutes les entités administratives de la République Démocratique du Congo avec des répercussions au-delà des frontières nationales.

 

Source : Réseau PRODDES