Tunisia : L’Atfd produit rapport sous la répression des soulèvements populaires

Quand les femmes de l’Association tunisienne des femmes démocrates (Atfd) se mobilisent pour enquêter sur la répression des soulèvements populaires 2010-2011, elles produisent un rapport sous la forme d’un fascicule de près de 130 pages (en langues arabe et française) retraçant les témoignages et les récits de femmes membres des familles des blessés et des martyrs de la Révolution, selon un article en le journal La Presse.

Qu’il s’agisse des insultes et des violences qu’elles ont subies de la part des policiers de Ben Ali, du harcèlement sexuel et des intimidations dont elles ont été l’objet et des poursuites qu’elles ont encourues pour les empêcher de transporter leurs blessées aux hôpitaux ou même pour enterrer leurs enfants ou leurs maris tombés sous les balles de la répression, elles ont tout déballé, n’hésitant pas à entrer dans les détails les plus intimes, dans un langage des plus crus, reproduit dans le dialecte tunisien, dans l’objectif de souligner l’ampleur et l’atrocité des exactions commises par l’appareil répressif du régime déchu.

Hier, Ahlem Belhaj, présidente de l’Atfd, entourée de ses principales lieutenantes, dont Sana Ben Achour, Neïla Zoghlami, Dr Raja Mrad et Hayet El Jazar (qui ont mené l’enquête sur le terrain, objet du rapport en question) a organisé une table ronde pour présenter le contenu du rapport et pour inviter les participantes et les participants (et ils étaient venus nombreux soutenir les femmes en cette période de menaces sérieuses ciblant leurs acquis) à une réflexion sur le thème : «Quelle justice transitionnelle pour les femmes ?».

La présidente de l’Association est revenue, dans son mot d’introduction, sur la mobilisation des femmes démocrates dès le premier jour du déclenchement des événements qui ont abouti à la révolution en créant une «cellule d’urgence» qui avait pour mission de suivre le développement de la situation dans l’ensemble du pays, au jour le jour.

«Nous avons été la première organisation à se rendre sur le terrain, auprès des victimes, pour les écouter, découvrir la réalité et leur permettre de faire entendre leur voix. Aujourd’hui et près de deux ans après la révolution, nous sommes inquiètes pour le traitement réservé par le gouvernement à la question de la justice transitionnelle que nous considérons comme un tout indivisible et dont la résolution ne peut être dissociée des dossiers de la magistrature, de l’information, etc.», ajoute-t-elle.

Sana Ben Achour a fait une brève présentation du rapport contenant les témoignages des familles des blessés et des martyrs de la révolution et a insisté notamment sur la nécessité d’intégrer la question de la femme dans le processus de la justice transitionnelle. «Beaucoup oublient sciemment ou involontairement qu’il y a des femmes martyres parmi ceux qui sont tombés pour que triomphe la révolution», a-t-elle dit en substance.

Neïla Zoghlami, membre de l’Atfd, a précisé que «l’accompagnement par l’Association des femmes victimes des exactions policières a montré que même dans la répression et les intimidations, les femmes sont traitées d’une manière inférieure aux hommes».

Hayet El Jazar a parlé du soutien juridique apporté par l’Atfd aux familles des martyrs lors des procès devant les tribunaux militaires de Tunis, de Sfax et du Kef.

Quant à Dr Raja Mrad, elle a insisté sur la situation désastreuse de l’hôpital régional de Thala. «Le martyr Wajdi Saïhi, tombé sous les balles de la police le 8 janvier 2011, aurait été sauvé si l’hôpital de Thala disposait des équipements nécessaires», a-t-elle martelé.

Sources
La Presse: http://bit.ly/Q2ETpR