En dix ans, la pauvreté s’est ancrée davantage dans la société française

En dix ans, non seulement la pauvreté n’a pas diminué mais elle s’est ancrée davantage dans la société française. Dans son nouveau rapport, le Secours Catholique analyse les évolutions de la pauvreté au cours de la dernière décennie. Depuis 2001, le Secours Catholique a soutenu chaque année, près d’un million et demi de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.

Bien que le nombre de personnes rencontrées dans les accueils du Secours Catholique en France ait finalement assez peu varié entre 2001 (1 387 000 personnes) et 2011 (1 422 000 dont 668 000 enfants), avec une légère hausse entre 2008 et 2010, cela ne peut être interprété comme une stabilité ou une baisse de la pauvreté, car « l’indéniable dégradation du marché du travail a rendu encore plus hypothétique la sortie de la précarité pour les familles en difficulté ».

Alors qu’en 2001, la situation de pauvreté apparaît comme la conséquence immédiate d’une difficulté soit familiale soit liée à l’emploi, en 2011, pour 65 % des ménages rencontrés, cette situation apparaît installée durablement, c’est-à-dire n’étant pas la conséquence immédiate d’une difficulté. Par ailleurs, le nombre de familles rencontrées augmente en dix ans (53 % des ménages rencontrés en 2011 contre 47 % en 2001). Cette hausse s’explique par l’augmentation du nombre de familles monoparentales et également par la féminisation des situations rencontrées. En effet, 57 % des adultes rencontrés en 2011 sont des femmes, contre environ 50 % en 2001.

Le chômage a par ailleurs gagné du terrain. En 2001, presque un quart des adultes rencontrés avaient un emploi. Ils ne sont plus que 18 % en 2011. Le taux de chômage des personnes rencontrées par le Secours Catholique est passé en dix ans de 58 % à 66 %. Toutefois, la part des ménages sans aucune ressource a diminué de 18 % à 15 % entre 2001 et 2010, mais remonte légèrement à 16 % en 2011.

Le Secours Catholique tire un autre constat de son analyse : les charges des ménages en situation de pauvreté ont fortement augmenté. Entre 2001 et 2011, les loyers acquittés par les ménages locataires rencontrés par le Secours Catholique ont augmenté de 21 % dans le parc HLM et de 26 % dans le privé. Par ailleurs, le prix de l’eau a subi une forte hausse (+ 38 % entre 2001 et 2011, soit 19 points de plus que l’inflation) ainsi que celui de l’électricité, du gaz et autres combustibles (+ 48 % pour la même période, soit 29 points de plus que l’inflation). Par conséquent, environ 60 % des ménages rencontrés déclarent des impayés, ce qui entraîne une hausse du recours au travail informel.

Enfin, les conditions de vie des étrangers (30 % des situations de pauvreté rencontrées au Secours Catholique) se sont considérablement dégradées. Il s’agit de plus en plus de familles, surtout de couples avec enfants. 98 % des étrangers accueillis sont pauvres au sens de la pauvreté monétaire et 86 % sont en situation de grande pauvreté, c’est-à-dire qu’ils disposent d’un niveau de vie inférieur à 40 % du niveau de vie moyen.

Comme chaque année, le Secours Catholique publie son rapport statistique annuel qui permet de rendre compte de l’évolution des différentes formes de pauvreté qu’il rencontre. Cette année, nous avons choisi de porter un regard sur dix ans d’actions auprès des personnes accueillies par l’association. Dans un premier temps ce document présente une série de constats d’ordre général : niveau de vie, évolution des situations, visages de la pauvreté, puis dans un second temps nous mettons l’accent sur la situation des familles. Depuis 2001, le Secours Catholique a soutenu chaque année, près d’un million et demi de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté.

 

La précarité s’installe durablement et se durcit

Si un tiers des personnes rencontrées en 2001 comme en 2011 avait déjà fréquenté les lieux d’accueil du Secours Catholique l’année précédente, elles sont de plus en plus nombreuses à être orientées par les services sociaux (50% en 2011 Vs 42 % en 2001) et à ne pas avoir connu de changement majeur de leur situation.

 

Les situations de précarité se transmettant de génération en génération

A travers ses accueils, le Secours Catholique constate également que les situations de pauvreté ne sont plus la conséquence immédiate d’une difficulté particulière mais un cumul de problématiques (emploi, logement, santé…) et nécessitent un accompagnement des bénévoles de plus en plus long. Alors que le seuil de pauvreté est de 964 euros, depuis 10 ans 68 % des ménages rencontrés par le Secours Catholique vivent dans une très grande pauvreté, avec moins de 640 euros par mois.

 

La pauvreté féminine augmente

Si en 2001, le Secours Catholique rencontrait autant de femmes que d’hommes, dix ans plus tard 57 % des adultes en situation de pauvreté sont des femmes. L’augmentation de la pauvreté féminine est essentiellement due à l’augmentation du nombre des familles monoparentales accueillies par l’association.

 

Une précarisation des familles

Le constat est sans appel, la situation des familles que nous rencontrons s’est considérablement dégradée ces dix dernières années. Entre 2001 et 2011 on note une augmentation de 6 points du nombre de familles qui ont fait appel à l’association.

La crise économique a eu un effet accélérateur sur les couples avec enfants mais surtout sur les familles monoparentales durablement ancrées dans la pauvreté, une situation qui se répercute aussi durablement sur les enfants. L’augmentation des familles rencontrées s’explique également par l’arrivée de couples avec enfants venus d’Europe de l’Est.

 

Les dépenses contraintes pèsent de plus en plus lourd

Les ménages en situation de pauvreté ont subi très fortement les hausses des prix des loyers, de l’énergie et des produits de première nécessité. Les chiffres du Secours Catholique indiquent notamment que la part des dépenses consacrées au logement et aux charges qui y sont liées grève fortement leur budget : 60% des ménages déclarent avoir des impayés, liés dans 40 % des cas à des dépenses contraintes comme le loyer.

Il suffit parfois d’un accident professionnel ou personnel pour que la spirale de la pauvreté s’enclenche. Emploi, logement, santé, éducation… Les difficultés s’accumulent, les situations se complexifient, l’espoir de s’en sortir s’amenuise. Le cercle vicieux est alors de plus en plus dur à briser. Les chiffres du rapport, mais aussi les constats de terrain des équipes du Secours Catholique, le montrent : les situations de précarité perdurent, se transmettant parfois de génération en génération.

Plus d-information
Rapport Statistique : http://bit.ly/QqKsUn

Source
Secours Catholique : http://bit.ly/VHlIIJ

 

 


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