Afrique : Les moyens de subsistance des populations autochtones et pasteurs sont menacés
Published on Mon, 2012-11-26 08:23
Du 7 au 8 novembre, 95 participants venus de 22 pays se sont réunis à l’Hôtel Franco, à Yaoundé, Cameroun, à l’occasion du 1er Forum foncier Afrique, autour du thème « Sécuriser les droits fonciers des peuples autochtones et des communautés rurales ». Ce forum était organisé par MBOSCUDA (Association pour le développement social et culturel des Mbororos du Cameroun) et par la Coalition internationale pour l’accès à la terre (ILC). Le Forum foncier Afrique comprenait des exposés présentés par des militants reconnus sur le plan national et par des spécialistes des questions foncières au Cameroun, dont le Dr Manu Ibrahim, professeur à l’Université de Dschang, M. Abdoulaye Harrissou, auteur acclamé de la publication « La terre, un droit fondamental : micro-propriétés, paix sociale et développement », et le très estimé Hawa Bouba, de l’association MUSAB Cameroon. Des membres de l’ILC Afrique venus de plusieurs pays ont fait part de leurs succès et des enseignements tirés de leurs expériences de promotion d’une gouvernance foncière nationale centrée sur l’individu. L’importance de l’égalité des sexes et des droits fonciers des femmes a été au cœur des débats pendant tout le forum. Pendant son discours d’introduction, le Président national de MBOSCUDA, M. El Hadj Jaji Manu Gidado, a déclaré : « Notre pays, le Cameroun, est constitué de 240 ethnies différentes, dont les Mbororos et les Pygmées. MBOSCUDA est l’une des principales organisations plaidant en faveur de leur émancipation politique, sociale et économique ». Il s’est ensuite exclamé « La terre devient chaque jour plus précieuse. Les riches s’intéressent de plus en plus aux terres appartenant aux communautés rurales pauvres et aux autochtones, désormais considérés comme des étrangers perpétuels, sommés du jour au lendemain de quitter leurs terres. Nous disons non à cette situation, nous sommes tous Camerounais, nous sommes tous Africains, et nous avons tous les mêmes droits. » Le deuxième jour du forum, une délégation constituée de dix participants au forum, dont le Président de l’ILC Afrique M. Odenda Lumumba, M. Gidado, des représentants de populations autochtones du Kenya et de Madagascar et des représentants du Secrétariat de l’ILC, a été convoquée par le Premier Ministre du Cameroun, M. Philémon Yunji Yang, afin de discuter des questions touchant aux réformes agraires nationales et aux peuples autochtones. M. Musa Usman, le Vice-président de MBOSCUDA, a exprimé au Premier Ministre le mécontentement de son organisation face à la mise à l’écart des populations autochtones camerounaises dans les processus décisionnels. M. Lumumba a expliqué comment le programme de l’ILC soutient le développement de Stratégies Nationales d’Engagement (SNE) en faveur de processus concertés de réforme des politiques foncières réunissant diverses parties prenantes, y compris les gouvernements, et comment un tel processus pourrait se révéler intéressant pour les réformes foncières menées au Cameroun. Mettant en avant sa volonté d’engager MBOSCUDA dans le processus de réforme foncière, M. Yang a déclaré : « J’ai bon espoir que des organisations comme la vôtre puissent nous aider dans le processus de réforme agraire. À cet égard, l’ILC peut apporter un soutien aux gouvernements en leur faisant partager les enseignements tirés des expériences d’autres pays. » À la fin du forum, les participants ont approuvé à l’unanimité la Déclaration de Yaoundé, qui identifie les défis et les enjeux émergents de la question foncière, et qui présente huit recommandations spécifiquement adressées aux gouvernements africains, et en particulier au Gouvernement camerounais. La Déclaration de Yaoundé souligne l’importance du Cadre sur la politique foncière en Afrique et des Directives volontaires pour une gouvernance responsable des terres, des pêches et des forêts dans le cadre de la sécurité alimentaire nationale, et appelle les gouvernements à les appliquer dans leurs processus nationaux de réforme agraire. Le Président de l’ILC Afrique, M. Odenda Lumumba, s’est exprimé ainsi : « Cette déclaration guidera nos actions et nos préoccupations futures sur les questions foncières en Afrique. Cela ne sera pas facile, étant donné qu’en Afrique, les terres agricoles servent essentiellement des intérêts personnels ». De nombreux pays africains développent actuellement de nouveaux cadres fonciers nationaux. Plus d’information Sources » |