Extractivisme, croissance sans bénéfice social

Un puits de pétrole dans Baku,
l'Azerbaïdjan.
(Photo : Robert Thomson/Flickr)

La croissance économique qui dispose des secteurs extractifs comme principal moteur, encouragés par la hausse de prix des produits de base, « ne bénéficie pas les majorités » de la population des pays en développement, selon le Rapport  de Social  Watch 2012, qui sera présenté vers mi- décembre à New York.

« Dans un effort pour attirer les investisseurs, les sauvegardes et les conditions sur l'exercice sont restées sans effet et la conséquence a été une détérioration environnementale sans bénéfice social » dans des pays comme l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Bolivie, le Chili, le Vénézuéla et la Zambie, a écrit dans l’avant-propos  Roberto Bissio, coordinateur de Social Watch et rédacteur responsable du rapport.

Les industries extractives, la monoculture dans des grandes extensions de terre et les grands projets d'énergie sont quelques aspects de la priorité qu'assignent les gouvernements à la croissance économique. « La description de la situation au Vietnam peut être appliquée à beaucoup d'autres lieux », a ajouté Bissio, qui a cité le rapport national rédigé par le point focal de Social Watch dans ce pays, VUFO-NGO Ressource Centre : « La croissance économique rapide ajoute des tensions énormes à l'atmosphère naturelle […]. Au fur et à mesure que la population, l'économie et l'urbanisation s’accroissent […], les principales menaces à l'atmosphère incluent la surexploitation des forêts, la perte de terres fertiles, la pollution de l'eau et de l'air, de l'érosion du sol a cause des pratiques agricoles insoutenables,  la perte de biodiversité en raison de la chasse furtive dans des parcs nationaux et des dommages environnementaux par l'industrie minière. »

« L'inégalité est  la raison pour laquelle, contre toutes les théories et modèles, la pauvreté ne diminue pas, ou le fait avec  très  lentement encore dans des pays où l'économie croît très rapidement », a signalé Bissio dans l’avant-propos,  intitulé, comme cette édition du Rapport, « le droit au futur ».

Ensuite quelques passages des apports nationaux  au rapport en relation aux conséquences des activités extractives son reproduits:

Arménie : En minant l'environnement

Malgré la croissance économique récente, l'Arménie continue à faire face à des défis économiques, sociaux et environnementaux. Le Gouvernement a mis en marche un programme de Développement Soutenable, mais en même temps a effectué d'importants investissements en industrie minière et dans d'autres industries extractives. […] Le Gouvernement n'a pas abordé non plus la pollution, la déforestation, la dégradation du sol ou autres problèmes environnementaux. […]Seulement 7% du territoire reste boisé, très en dessous du 35% d'il y a deux siècles, et une grande partie des forêts sont dégradées.

Les principales causes incluent l'utilisation du bois comme combustible […] et la décision du Gouvernement de permettre l'industrie minière dans des secteurs écologiquement sensibles […]. Une grande quantité de problèmes environnementaux de l'Arménie sont liée à la corruption, principalement en ce qui concerne le boisement et l'industrie minière. Par exemple, les restrictions environnementales ne sont pas accomplies dans la majorité des opérations minières ; dans la période comprise entre 2001 et 2007, le Ministre de Protection de la Nature a accordé plusieurs licences minières à des membres de sa famille. 

Le Gouvernement applique un modèle de développement  basé sur l'extraction, comme le démontre sa  volonté de permettre l'investissement massif en industrie minière. Le Programme Arménien du Cuivre (PAC), par exemple, a accordé une licence de 24 ans pour extraire des minéraux de cuivre et molybdène des Montagnes Teghut […]. Le PAC a déclaré qu’il va compenser les dommages provoqués par la plantation d'arbres à Yerevan, mais […] les nouveaux arbres ne peuvent pas remplacer les habitats forestiers établis ; les arbres mûrs ne peuvent pas survivre un déplacement. […]Les opérations minières produiront des déchets de roches et résidus qui peuvent contenir de l'argent, de l'or, du rhénium, du plomb, de l'arsenic, du cuivre, du molybdène, du zinc et des produits chimiques de soufre. [Rapport national élaboré par le Centre pour le Développement de la Société Civile.]

Azerbaïdjan : L'effondrement du modèle extractif

L'Azerbaïdjan, un des territoires industriellement plus contaminés du monde, doit changer son ancienne économie extractiviste par une soutenable. Il doit adopter en outre de nouvelles politiques environnementales et améliorer le dialogue entre le gouvernement et la société civile. […] La dépendance dans l'industrie pétrolière et la pétrochimie continue à causer des dommages environnementaux graves, de la dégradation du sol jusqu'à la pollution l'eau et de l'air. […]

Comme un des berceaux de l'industrie du pétrole brut, l'Azerbaïdjan a une longue histoire de dépendance économique de l'extraction de pétrole. Il existe des preuves du commerce de pétrole dans les siècles III et IV A.C., et les oeuvres de l’homme de sciences et  voyageur turc du siècle XVII Evilya Celebi mentionnent des activités de raffinage.
[…]

De nos jours l'industrie pétrochimique est encore la plus importante du pays, mais en 2010 elle avait déjà atteint son bout de production, à 1.12 millions de tonneaux par jour. Quelques prévisions montrent qu'il y aura une importante chute dans les niveaux de production entre 2015 et 2025. [Rapport national élaboré par le Centre de Suivi des Finances Publiques et le Centre de Droit Environnemental « Ecolex ».]

La Bolivie : Avances et reculs dans la défense de la Pachamama

Malgré le compromis exprimé par l'actuel Gouvernement pour une politique cohérente sur le changement climatique, le modèle mis en oeuvre en Bolivie est basé sur l’extractivisme et consacre la production pétrolière et minière comme la base de l'économie nationale […].

La production pétrolière et minière s'est transformée en la base de l'économie nationale, le soutien des finances publiques…]. Plus d’un tiers des recettes des gouvernements départementaux provient du revenu des hydrocarbures (35.6% en 2005, 43.3% en 2006 et 43.2% en 2007), selon CEDLA. […] Les ventes externes de produits primaires provenant des hydrocarbures et de l’industrie minière sont devenu dominants, en concentrant approximativement 69% du total, face à une participation plus équilibrée en vigueur le quinquennat précédent, où ces secteurs représentaient 47%. […] Entre 2006 et 2009, l'activité minière a atteint un taux moyen annuel d'un peu plus  de 20% et il s'est transformé en principal facteur de la production nationale. [Rapport national élaboré par le Centre d'Études pour le Développement De travail et Agricole (CEDLA)]

Chili : Modèle extractif continue virtuellement sans changement

Le modèle de développement appliqué dans le Chili continue ancré aux préceptes de l'extractivisme, pendant que le Gouvernement insiste sur des sources d'énergie comme le charbon, de haut impact écologique. […] Le Chili a besoin urgemment de mettre en oeuvre un nouveau caractère institutionnel environnemental, de concevoir une nouvelle politique énergétique, de produire des règlements relatifs à la biodiversité, de modifier la matrice électrique et d'inclure la société civile dans le débat sur le développement soutenable.

Depuis 1992 […], Le Chili a éprouvé des forts changements dans le cadre politique, économique, environnemental et social, le modèle économique extractiviste a persisté. En maintenant comme axe de l'économie les exportations de ressources naturelles avec un faible niveau de traitement,  le Chili continu à encourager l'exploitation de l'environnement, particulièrement dans des secteurs comme l’industrie minière, la pêche, l’aquaculture, l’agriculture et la sylviculture. […]

En ce qui concerne le cuivre, il y a encore une série d’aspects en suspens dans les règlements de ce secteur : Le Chili n'a pas royalties mais seulement impôt spécifique ; les opérations minières considèrent seulement la fermeture de tâches depuis la pleine entrée en utilisation de la loi environnementale (1997) ; il y a des projets qui s’opèrent actuellement mais qui n'ont jamais été évalués du point de vue de l’environnement ; il n'y a pas non plus un registre public de lieux contaminés par l'industrie minière ni un plan pour se charger des tâches minières fermées et/ou abandonnées. [Rapport national élaboré par la Fondation Terram.]

Vénézuéla: Les infortunes de l’extractivisme

Le modèle [vénézuélien] risque des forts impacts environnementaux et […] il est, en outre, insuffisant au moment de s'occuper des urgences de la société. Malgré quelques améliorations en éducation, il y a eu des reculs dans d'autres secteurs de droits de base, comme la santé et le loyer. […] Le pays a besoin de concevoir un modèle de développement réellement soutenable.

Depuis le début du XX siècle, les modèles de développement appliqués au Vénézuéla ont été basés sur l'économie extractive et exportatrice de ressources énergétiques. […] La récupération actuelle des prix internationaux du pétrole brut se produit après une période de crise économique pendant laquelle le Vénézuéla a éprouvé, selon des chiffres officielles, 18 mois consécutifs de décroissance économique, [qui a provoqué une réduction du] budget destiné aux politiques sociales. […]

Le modèle de développement mis en oeuvre par le Gouvernement se fonde sur de grands projets de développement pétrolier, gazéifier, minier et d'infrastructure, que provoquent d'importants impacts socio-environnementaux et qui, basés sur des préceptes extractifs, ne sont pas soutenables. La possibilité d'exploiter les richesses énergétiques présentes dans le sol vénézuélien a interféré, en outre, dans des politiques qui profiteraient à différents secteurs sociaux dans le pays. Un exemple clair est constitué par la délimitation de territoires indigènes établie dans l'article 119 de la Constitution et qui, bien qu'elle ait dû avoir fini durant l'année 2002, elle reste stagnante. [Rapport national élaboré par le Programme vénézuélien d'éducation-Action dans des Droits Humains (Provea)]

Zambie : Déforestation et développement soutenable

L'économie du pays croît depuis 2000, mais la pauvreté est encore un problème urgent […]. Bien que le Gouvernement ait démontré une certaine préoccupation pour les défis environnementaux, les plans appliqués n'ont pas réussit à sensibiliser le public sur l'érosion du sol, la perte de la biomasse, le changement climatique et la déforestation. […]

Les hauts niveaux de pauvreté et le manque de sources de soutien alternatives exacerbent la dégradation environnementale par la dépendance des pauvres des ressources naturelles. […] Pendant les 40 dernières  années les forêts ont été réduites par l'augmentation de la population, les impératifs économiques, la production de charbon végétal, la demande de plus de terres agricoles et les incendies incontrôlés. […]

L'augmentation des activités de l’industrie minière et de la construction contribue aussi beaucoup à la déforestation. Pour nourrir une population en croissance la pratique de l'agriculture de coupe pour brûler s’est généralisée. En plus, l'exploitation forestière augmente aussi. [Rapport national élaboré par Women for Change]

Plus d’information:
Rapports antérieurs de Social Watch : http://bit.ly/tHR8So

Source:
Social Watch: http://bit.ly/sFZPcK