Développement durable: Plaidoyer pour une intégration politique du genre

Author: 
Robert Demanou

 

 

 

 

« Il y a nécessité de favoriser l’implication de toutes les couches sociales dans la sphère politique ». Ces propos sont de Jean Mballa Mballa, co- délégué national de la Fédération des organisations de la société civile camerounaise (FOSCAM). C’était à l‘ouverture du forum – plaidoyer multi acteurs sur le genre tenu le 19
mars 2010 à la maison provinciale CICM de Mvolyé à Yaoundé, sur le thème : « plaidoyer pour une intégration politique de la promotion du genre, la femme et la famille dans les stratégies de croissance et de l’emploi et la vision 2035 ». Outre la participation des membres du FOSCAM, l’événement a réuni les parlementaires, les représentants des administrations publiques, les partis politiques, les institutions internationales, le secteur privé, les organisations et personnalités de la société civile. L’objectif était de militer pour une intégration plus accrue du genre, de la femme et de la croissance dans les stratégies de développement à l’horizon 2035.

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Cette action s’inscrit en droite ligne du programme national de réduction de la pauvreté sociale, économique et politique de la femme camerounaise, appuyé par le Nepad – Spanish fund for african women empowment, une organisation de la coopération espagnole. L’objectif du programme est d’analyser sous un angle critique, le statut, la place et le rôle de la femme africaine en général et camerounaise en particulier dans les stratégies nationales de réduction de la pauvreté, de la bonne gouvernance et l’atteinte des objectifs du millénaire pour
le développement (OMD). Bien que la femme camerounaise joue un rôle important dans la mobilisation de la masse sur le politique, il se pose toujours une question sur son intégration véritable au niveau des instances de décision politique ou technique (mairie, Assemblée nationale, gouvernement, diplomatie,
etc.).

Nécessaire intégration politique …

Malgré une légère avancée relevée par les récents rapports mondiaux sur le développement, il n’en demeure pas moins que cette progression se situe encore en deçà des résolutions de la plate forme de Beijing et des autres instruments continentaux et internationaux. Au Cameroun, pour un gouvernement de 47 membres, 6 seulement sont des femmes. La chambre des députés compte à peine 25 femmes sur 180 parlementaires. Soit des pourcentages respectifs de 14%. A contrario, dans les grands lacs comme Rwanda, l’Ouganda et la Tanzanie en Afrique de l’Est, ont harmonisé leur législation pour mieux tenir compte de la participation de la femme. Au Rwanda par exemple, les femmes sont représentées à 53,3% dans la chambre des députés. En mai 2009, un atelier sur la « Place et rôles de la femme camerounaise dans la tratégie de réduction de la pauvreté et de la gouvernance » a réuni plus de 60 participants venus des organisations de la société civile des 10 régions du Cameroun. En février 2010, un voyage d’échanges d’expériences sur la promotion du genre et de la femme a mobilisé une délégation de 4 organisations de la société civile (Club-union africaine, Codas caritas de Douala, Codas Caritas de Garoua, Cradec de Yaoundé et Reach-out de Buea). Les résultats de ces deux activités constituent selon la FOSCAM une base argumentaire suffisante pour un plaidoyer en vue de l’intégration politique du genre dans les stratégies de croissance et de l’emploi et la vision 2035.

Non

L’objectif de la rencontre de Mvolyé est donc de partager la moisson du voyage rwandais, et de soumettre l’avant projet de loi préparé par la FOSCAM à l’appréciation des différents dépositaires d’enjeux. A terme, il est question d’avoir un mécanisme de contrôle sur l’évolution du genre au Cameroun. Pour Christine Andela du Cosader, « il y a nécessité d’intégrer le genre dans les trois pouvoirs à savoir, le pouvoir de (pouvoir d’agir), le pouvoir avec (pouvoir de participation) et le pouvoir dans (confiance et respect de soi). ». Une préoccupation partagée par l’honorable Pehipahouo Riratou, car selon l’élue du Noun centre, « nous ne sommes plus des sexes faibles, nous nous battons sur le terrain afin que les femmes comprennent que nous représentons 52% de la population. Si les hommes ne veulent pas nous concéder notre quota dans la
sphère politique, nous nous battrons pour l’avoir ». Les travaux se sont achevés sur une note de compréhension générale de chaque détenteur d’enjeu présent de son rôle dans le processus décisionnel afin de faciliter l’adoption de cette loi. Dommage que l’absence d’une étude alternative sérieuse assortie de statistiques convaincantes sur le Genre au Cameroun peut constituer une épine au pied de la FOSCAM. Par ailleurs, une faible représentation des médias, principaux alliés dans une stratégie de plaidoyer a suscité quelques interrogations sur les capacités de la FOSCAM à éveiller la conscience citoyenne des millions de bénéficiaires sur la thématique. En attendant que l’objectif fixé soit atteint, il y a lieu de saluer cette action alternative en plus, dans un monde où les droits fondamentaux et les libertés sont de plus en plus bafoués sous le regard bienveillant des décideurs politiques sensés les préserver. Il est peut-être déjà temps de se lever comme un seul homme et commencer à dire non.

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