La reconfiguration de la scène globale : la voix du G-24 et le silence du G-20

Auteur: 
Maria José Romero, Social Watch Networking Team

La crise économique et financière actuelle nous a procuré la reconfiguration de la scène de pouvoir au niveau global. Le Groupe des 20 (G-20), constitué comme une extension du Groupe des 8 (G-8), s´est autoproclamé le principal forum de coopération internationale. Toutefois, les mesures adoptées par le groupe n'ont pas apporté de solutions réelles aux multiples crises qui nous affectent. Le Groupe des 24 (G24) qui représente la vois des pays en développement, a assumé des positions plus fermes et de plus longue portée que celles du G-20.

Dans le cadre des dernières Réunions de printemps du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale, tenues le 24 et 25 avril à Washington DC, les membres du G-20 et du G-24 se sont réunis. On espérait que les deux groupes se prononcent sur le règlement des finances globales, les réformes de l'architecture financière internationale, le rôle de la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. Toutefois, tandis que le G-24 s'est centré sur rôle et la gouvernance du FMI et la Banque Mondiale, le G-20 a omis de se prononcer sur la majorité de ces sujets.

Le silence du G-20

Le G-20 a été créé à Berlin en 1999 et il est intégré par l'Allemagne, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la France, l'Inde, l'Indonésie, l'Italie, le Japon, le Mexique, la Russie, l'Afrique du Sud, la Corée du Sud, la Turquie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Ce groupe de pays représente 85% du PIB global et 80% du commerce mondial (en incluant le commerce à l'intérieur de l'Union Européenne) et deux tiers des habitants du monde. Avec ces chiffres comme principal argument, le groupe s’attribue le pouvoir pour prendre des décisions qui affectent le reste des pays de la planète.

Par rapport au G-8, le G-20 reflète un changement dans le bilan global de pouvoir. Toutefois, le G-20 exclut encore plus de 170 membres des Nations Unies, dont beaucoup souffrent des impacts disproportionnés suite à la crise. Le caractère exclusif et antidémocratique du G-20 lui ôte de la légitimité pour décider sur les questions globales.

D'autre part, beaucoup des réformes que le groupe essaye de promouvoir ont été sérieusement remises en cause. L'urgence de la crise a réaffirmé la réclamation réitérée par des réformes structurelles et profondes du système financier et les mesures adoptées par le groupe peuvent être qualifiées comme « davantage la même chose », n’apportant pas de solutions réelles aux multiples crises qui affectent la planète.

La réunion des ministres de Finances et Gouverneurs des Banques Centrales du G-20, tenu à Washington le 23 avril, a émis un communiqué timide qui n'est pas à la hauteur des nécessités et des urgences qu’impose l'actuelle crise. On suppose que le G-20 doit avancer autour de la réforme financière et le règlement du cadre pour la « croissance équitable et équilibrée » ; toutefois, le communiqué n'a pas réussi à montrer des avances concrètes après la réunion de ministres de novembre 2009, en Ecosse.

Malgré un rapport reçu du FMI sur comment le système financier pourrait contribuer à payer les coûts de la crise, le communiqué du G-20 n'accuse pas réception de ce dernier, retardant ainsi un avis explicite sur le sujet.

Le seul paragraphe qui consacre le communiqué à la réforme de la gouvernance des IFIs, sollicite au FMI d’avancer le délai donné à l'institution pour qu'il complète le paquet de réformes : au lieu de janvier 2011, comme il était fixé, il est établi comme délai novembre 2010, dans le Sommet du G-20 de Séoul, Corée. Il faut remarquer, de toute façon, le manque de référence à des pourcentages spécifiques par rapport à la réforme de la structure de vote du FMI, puisque dans le Sommet de Pittsburgh le groupe s'est prononcé pour redistribuer 5% des votes.

Après cette rencontre, les ministres du groupe se sont réunis encore le 5 juin, à Busan, Corée, en préparation du Sommet de Toronto de chefs de gouvernement. Le nouveau communiqué a surtout souligné la nécessité d'avoir des budgets équilibrés, et a retardé pour le Sommet de Toronto un avis sur la possibilité d'appliquer un impôt au secteur financier.                                                                                                                 

La prochaine réunion des leaders du G-20 aura lieu à Toronto, Canada,  du 26 à au 27 juin. De toute façon, depuis Pittsburgh jusqu'à présent le groupe n'a pas pris de décisions significatives. En préparation du prochain Sommet le gouvernement canadien essaye de focaliser le débat dans le règlement des frais publics, la planification des stratégies de sortie de tous les paquets de stimulant, la réforme régulatrice du secteur financier national, la crise européenne de dette souveraine, et la coordination de politiques vers une récupération soutenable. S’il s’agissait de la seule volonté des hôtes, de sujets comme l'impôt aux transactions financières, les paradis fiscaux, les combustibles fossiles et le changement climatique ils resteraient encore une fois sans considération

La voix du G-24

Le Groupe Intergouvernemental des Vingt-quatre pour Affaires Monétaires Internationales et Développement, mieux connu comme le G-24, a été établi en 1971, dans le but de concerter la position des pays en développement. Le groupe est présidé actuellement par Guido Mantega, ministre de Finances du Brésil et seulement cinq pays du groupe sont aussi des membres du G-20 : L'Argentine, le Brésil, l'Inde, le Mexique et l'Afrique du Sud.

La liste complète de pays membres du G-24 inclut aussi à l'Algérie, la Colombie, la Côte d'Ivoire, l'Egypte, l'Ethiopie, les Philippines, le Gabon, le Ghana, le Guatemala, l'Iran, le Liban, le Nigéria, le Pakistan, le Pérou, la République Démocratique du Congo, la Syrie, le Sri Lanka, la Trinité Tobago et le Venezuela.

La dernière réunion du groupe a eu lieu à Washington le 22 avril. À cette occasion, contrairement au G-20, le G-24 s'est prononcé avec fermeté sur la réforme de la gouvernance des IFIs et le mandat du FMI. A ce sujet, les positions et les recommandations du groupe ont été dans plusieurs cas plus fermes et de plus longue portée que celles de G-20 lui-même.

Le G-24 a affirmé que « la crise a mis en évidence la nécessité d'appliquer des réformes fondamentales dans les IFIs ». Selon le communiqué, l'approbation et la mise en oeuvre de ces réformes doit être un des points fondamentaux du programme de travail de cette année.

Les ministres ont souligné la nécessité d'une réforme dans la distribution des quotes-parts du FMI et dans leur formule de calcul, afin de bénéficier les pays en développement. Contrairement au G-20, les ministres du G24 ont réitéré leur appel dont «  7% des quotes-parts relatives des pays développés aux pays en développement soient redistribués, en protégeant le pouvoir de vote des pays a faible revenue  », puisque « la légitimité, l'importance et l'efficacité du FMI dépend fondamentalement du fait qu’on corrige les déséquilibres en ce qui concerne la participation et la représentation ».

Les ministres se sont montrés pour la révision du mandat du FMI, « en prenant comme base les enseignements dérivés de la crise ». Ils coïncident dans « la nécessité de renforcer la fonction de supervision qu'effectue le FMI, afin de garantir une supervision équitable et efficace des pays avancés et les marchés qui ont une importance systémique ».

En ce qui concerne la Banque Mondiale, le G-24 demande une extension de capital plus grand, tant du BIRF comme de la Corporation Financière Internationale (CFI). Dans son communiqué, le groupe prend note seulement de la réforme de la gouvernance de la Banque Mondiale, au lieu de donner la bienvenu aux modifications approuvées. « Ils considèrent que la prochaine révision doit suivre un calendrier ambitieux, et que son résultat doit être une parité dans le nombre de votes entre les pays développés et les pays en développement ».