NOUVELLES DE SOCIAL WATCH - Nouvelles 33 - 20 avril, 2011

Nouvelles 33 - 20 avril, 2011

Nouvelles 33 - 20 avril, 2011

La France peut résorber la très grande pauvreté


FrancoisSoulage-Photo-MichelRoux 
>Le président du Secours Catholique François Soulage, dans cette interview à l’hebdomadaire L’Express du 13 au 19 avril, livre son analyse sur les causes de la pauvreté et les solutions que l’on peut apporter. Soulage revient sur les grands sujets de l’actualité sociale et donne sa vision de la crise que traverse la société française : « L’école est devenue un lieu de reproduction sociale dramatique », estime-t-il, accusant l’État de se désengager dans les zones de pauvreté. « L’islamisation résulte d’un abandon du terrain par les pouvoirs publics », dénonce-t-il encore.
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Social Watch Bénin: «L’élection présidentielle est achevée »
La coordinatrice de Social Watch Bénin, Huguette Akplogan Dossa, s’est félicitée du travail effectué par ce réseau pour garantir la transparence, la justice et l’équité autour des élections du 13 mars, au cours desquelles Boni Yayi a été élu président. Dans une lettre ouverte adressée aux membres et aux sympathisants de Social Watch, Akplogan Dossa a fait référence également aux tâches que Social Watch a développées dans son pays et aux plans d’avenir.
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Canada: les chiffres de mortalité maternelle en hausse
Les femmes de Bosnie-Herzégovine ont aujourd’hui plus de chances de survivre à l’accouchement que les femmes au Canada, a dit l’Alliance canadienne féministe pour l’action internationale (AFAI), point focal de Social Watch au Canada.
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Mille économistes recommandent le taux Robin Hood

Mille économistes ont adhéré à l’impôt Robin Hood pour les transactions financières spéculatives au moyen d’une lettre remise aux ministres d’Économie du G-20 réunis à Washington. Parmi les signataires, figurent des personnalités académiques d’universités telles que celles d’Oxford, de Cambridge, de Harvard, de Berkeley et de la Sorbonne.
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France : « La situation de pauvres en très grande difficulté se dégrade »

Par Claire Chartier et Corinne Lhaïk/L’Express

François Soulage, président national du Secours catholique, surprend. A 64 ans, il est devenu le patron d'une oeuvre caritative qu'il dirige comme une entreprise... de l'économie sociale. Entretien.
 
De gauche, tendance réaliste. Chrétien, option terrain. Le président national du Secours catholique surprend. Pas de discours larmoyant sur les pauvres, pas de dramatisation à outrance, pas de sébile tendue aux puissants. Il veut juste les placer face à leurs responsabilités. Parce que cette misère qu'il côtoie au quotidien, il sait que l'on pourrait la dominer. Le militant de toujours connaît les politiques, l'économie, les rouages administratifs et leurs grippages Jean Castex, le nouveau secrétaire général adjoint de l'Elysée, vient ainsi de le consulter sur les minima sociaux. Enfant de Nanterre, où il est très actif, proche de Michel Rocard, promoteur et acteur de l'économie sociale, François Soulage a entamé une nouvelle vie, en 2008, devenant à 64 ans le patron d'une oeuvre caritative qu'il dirige comme une entreprise... de l'économie sociale.

Y a-t-il plus de pauvres aujourd'hui qu'hier?
En chiffres absolus, non, mais la situation de ceux qui sont en très grande difficulté se dégrade. Même si le taux de pauvreté globale s'est stabilisé, après avoir diminué de 15% à 13,2% en cinq ans. De plus, les situations sont très variables selon, par exemple, que les gens ont un emploi, même mal rémunéré, ou pas d'emploi du tout. Aussi tous les dispositifs qui se limitent au versement de prestations accroissent-ils le risque d'exclusion durable. Je suis réservé vis-à-vis des politiques d'assistance, non parce que l'on donnerait beaucoup d'argent à des personnes qui ne feraient rien, mais parce que les laisser s'installer durablement dans ce type de situation, c'est l'aggraver.

Quelles nouvelles catégories de pauvres voyez-vous apparaître?
Il y en a trois. D'abord, les moins de 25 ans, qui, pour la plupart, n'ont pas droit au RSA [revenu de solidarité active]. Ils vivent le plus souvent d'intérim. Ces cas, fréquents en région parisienne, où ces jeunes ont quitté leur famille ou la font vivre avec leur seul salaire, sont plus rares en province, car la désocialisation y est moindre. Ensuite, les familles monoparentales, avec le plus souvent des femmes à leur tête. Moins de 10% d'entre elles ont un emploi stable. Enfin, les hommes de plus de 50 ans, victimes d'un plan social. On les rencontre plutôt en province. Ils nous disent: "Ne me racontez pas d'histoires, c'est fini, je ne retrouverai rien." Quelquefois, ils se proposent comme bénévoles parce que tout à coup, à 52 ou 53 ans, ils n'ont plus rien à faire. A 35 ans, on peut encore apprendre à manier une machine à commande numérique. Pour les plus de 50 ans, un clavier est un monstre.

Quel est le rôle de la crise dans cette aggravation?
L'augmentation régulière du chômage depuis trente-cinq ans s'est fortement accélérée, mais 70% de la population ont été épargnés. La crise a été moins ressentie en France que dans d'autres pays. Pourquoi? Parce que nous bénéficions d'un vrai socle social. La crise n'a pas empêché les enfants d'aller à l'école ni les gens de se soigner parce que ces services sont fondamentalement publics. A l'hôpital ou aux urgences, on ne vous demande pas votre carte bancaire. Le logement, en général, va moins mal qu'on ne le dit. Le Dalo [droit au logement opposable] fonctionne bien en province. Et les HLM n'expulsent pas ceux qui ne peuvent plus payer leur loyer. Notre modèle est donc clairement d'inspiration sociale-démocrate. Il a un coût et, pour cette raison, la France affiche un niveau de prélèvements obligatoires élevé, de l'ordre de 42%. Mais si l'on transférait ces activités au privé, tous ceux dont les revenus sont insuffisants n'accéderaient plus à l'éducation ou à la santé. Cela dit, pour redistribuer, il faut produire, et c'est un sacré enjeu pour lequel notre pays paraît mal armé.

Pourtant, les gens ont l'impression que ce socle social se fissure...
Ils ont cette impression parce que, par exemple, les urgences dans les hôpitaux sont débordées. Et elles le sont car le médecin libéral ne vient plus à domicile. Même chose pour l'école. On dit que le niveau s'est déglingué. Cela n'est vrai qu'à certains endroits, ghettoïsés faute de mixité sociale.

Pourquoi le RSA ne marche-t-il pas?
Il est trop compliqué, il n'y a pas suffisamment de gens capables d'écouter les personnes en difficulté, qui ne s'y retrouvent pas dans les papiers ou les comptes à fournir, trop compliqués pour eux. Autre explication: une bonne partie des revenus est au noir, et les gens ne veulent pas se faire repérer. Ou alors, ils redoutent de perdre un petit boulot, non déclaré mais stable, pour un job officiel leur donnant accès au RSA, et à seulement 150 euros de plus par mois. D'autres se font discrets par peur de payer des impôts. Alors qu'ils en sont très loin!

Comment améliorer ces mécanismes de protection?
Actuellement, les minima sociaux ne tiennent pas vraiment compte de la situation réelle de chacun et sont même, dans certains cas, totalement insuffisants. Il faudrait s'inspirer de l'allocation personnalisée d'autonomie [APA], calculée en fonction de la localisation, du niveau de dépendance et de revenu. Il ne s'agit pas de créer de nouveaux droits, mais de les faire connaître aux intéressés et de simplifier leur gestion. Souvent les interlocuteurs varient quand on passe de la santé, à l'emploi ou à l'éducation. Notre pays est riche et doit dégager les moyens pour résorber la très grande pauvreté, qui ne concerne que 6 à 7 % de la population.

Vous pointez donc la trop forte centralisation de la machine étatique française?
Oui, et elle est accentuée par l'hyperprésidentialisation, caractéristique de ce quinquennat. Traditionnellement, quand une mesure concerne plusieurs ministères, leurs représentants se réunissent à Matignon, sous l'autorité d'un conseiller du Premier ministre, pour que soit prise une décision interministérielle. On l'appelle "un bleu", de la couleur du document. Il s'impose alors à toute l'administration. Aujourd'hui, tout remonte à l'Elysée, dont les conseillers tranchent. Souvent, on saute l'étape des réunions interministérielles. Du coup, certaines décisions ne sont pas prises, ou, si elles le sont, restent sans conséquences pratiques.

Un exemple concret?
L'hébergement d'urgence des personnes en grande difficulté. Il relève de plusieurs ministères et il n'y a pas de décisions interministérielles à Matignon.
Comment lutter contre la ségrégation dans les quartiers difficiles?
Les liens sociaux y sont très faibles, les familles souvent désunies, l'habitat a vieilli. Il faudrait relancer les zones franches, mais en les implantant à l'extérieur des quartiers, et non à l'intérieur, comme cela a été le cas, pour permettre aux habitants de sortir de leur cité. Il faudrait aussi mettre l'accent sur la rénovation urbaine, en relogeant des familles et en favorisant l'arrivée de populations nouvelles. C'est un travail cage d'escalier par cage d'escalier, à mener avec une assistante sociale, comme nous l'avons fait à Nanterre. Je me souviens de deux familles qui posaient des problèmes, dont l'une de sept enfants qui vivait dans un trois-pièces. Ces deux familles ont été relogées dans un pavillon en centre-ville, et on a eu la tranquillité dans l'escalier.

Ne faut-il pas agir aussi sur l'école?
Bien sûr, c'est même un point prioritaire. L'école est devenue un lieu de reproduction sociale dramatique. Pour introduire davantage de mixité, je n'ai pas d'autre réponse que le "busing" [des élèves sont acheminés en bus vers un établissement de bon niveau, hors de leur cité, mais souvent à proximité]. Si on ne change pas l'école, on aura beau rénover les logements, le problème restera entier.

Devrait-on par ailleurs davantage tenir compte des différences culturelles?
Absolument! Je suis tout à fait favorable à l'approche multiculturaliste. La vie de tous les jours - son rythme, la manière dont on éduque les enfants, dont on aborde la santé, la culture - ne se bâtit pas sur un modèle unique. Au Secours catholique, nous accueillons les familles telles qu'elles sont, parce que, pour nous, accompagner les personnes, c'est aller avec elles là où elles veulent aller. C'est d'ailleurs abominablement compliqué: lorsque ces personnes vont dans le mur, il faut trouver le moyen de le leur faire comprendre par elles-mêmes! La diversité est un enjeu formidable dans la société française, qui est une société multiculturelle. Ce n'est pas une opinion, mais un constat. Société dans laquelle l'islamisme trouve de plus en plus sa place... Environ 15% de la population d'origine maghrébine est touchée par une islamisation de fond. C'est un pourcentage important, certes, mais moins élevé que certains pourraient le craindre. Dans certains quartiers, l'islamisme est un mode de domination. Comme l'Etat s'est largement retiré, que le Parti communiste a disparu, et que l'Eglise y est quasiment inexistante, les habitants d'origine musulmane se raccrochent aux islamistes parce qu'ils ont besoin de se sentir protégés.

En favorisant le multiculturalisme, ne risque-t-on pas d'encourager ces enclaves?
Non, il s'agit de deux réalités différentes. Dans le cas de l'islamisme, je ne suis pas du tout certain que les populations qui suivent cette voie adhèrent aux valeurs des prédicateurs. L'islamisation résulte d'un abandon du terrain par les pouvoirs publics. L'Etat doit réinvestir ces territoires, montrer que l'autorité publique s'occupe de leurs habitants. Au Secours catholique, 50 % des personnes que nous recevons dans nos accueils de jour sont de confession musulmane. Je peux vous dire qu'on ne voit pas beaucoup d'islamistes parmi eux! Ce sont surtout des femmes qui se battent pour leurs gamins, ou des jeunes sans boussole.

Vous venez de publier un livre sur l'immigration (1). Pour faire passer quel message?
Devant les préfectures de France, chaque matin, des immigrés font la queue pour obtenir des papiers. Notre devoir de chrétien est de tout faire pour que ces gens accèdent à des droits. Mais si, au bout de dix ans, ils n'ont rien obtenu alors que toutes les voies ont été explorées, notre responsabilité est de leur dire : "On ne peut plus vous aider, il vaudrait mieux rentrer chez vous plutôt que de continuer dans cette galère." Notre tâche n'est pas de les forcer à rentrer, mais de les soutenir dans cette démarche s'ils le veulent, et d'aider à leur accueil sur place. 

Et que pensez-vous de l'immigration choisie?
Je suis contre! N'oublions pas ces mots de Michel Rocard, auprès duquel j'ai longtemps travaillé. "On ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais on doit y prendre notre juste part." Malheureusement, ce débat sur "notre juste part" n'a pas eu lieu, on a opté pour l'immigration choisie. Résultat: au Sud-Soudan, par exemple, il n'y a plus de médecins! Ils sont en Europe.

Vit-on une crise des valeurs?
Je ne parlerais pas d'une "crise", mais d'une moindre référence aux valeurs humaines et sociales, comme la solidarité ou la fraternité. Le "nous" tient de moins en moins de place par rapport au "je". Néanmoins, je suis frappé de l'écho grandissant rencontré par le thème de l'économie sociale et solidaire auprès des étudiants, notamment dans les écoles de commerce. La crise a permis de prendre conscience de l'importance des relations humaines car les gens qui s'en sortent bien sont ceux qui ont un réseau de connaissances et d'amis. 

La religion catholique laisse aujourd'hui beaucoup de Français indifférents. Qu'en dit le chrétien?
Nous sommes sortis d'une époque où l'attachement à l'Eglise était plus culturel que véritablement spirituel. Mais l'indifférence a tendance à diminuer. Dès lors que les catholiques s'intéressent aux problèmes de la société, ils retrouvent des gens qui adhèrent à ces valeurs, sans être pour autant cathos. Sur l'immigration, je dialogue avec le Gisti [Groupement d'information et de soutien des immigrés] et la Ligue des droits de l'homme. Je peux vous dire que ce n'était pas comme ça il y a vingt ans! 

(1) Immigration. Pourquoi les chrétiens ne peuvent pas se taire (éd. de l'Atelier). 

Lire l’interview a L’Express : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-france-peut-resorber-la-tres-grande-pauvrete_982013.html 

Lettre de la coordonnatrice du Social Watch Bénin

Lundi, 18 Avril 2011
Chers membres du réseau Social Watch Bénin,

L’élection présidentielle est achevée. Il y a eu plus de peur que de mal. Grâce à la clairvoyance et à l’esprit de tolérance des Béninois, aucun incident majeur n’a été recensé car tous les regards étaient braqués sur le Bénin quant à l’issue que prendrait la présidentielle du 13 mars 2011. Le suspens est passé et le peuple béninois est sorti victorieux.

Je puis vous assurer que les organisations de la société civile dont Social Watch Bénin, dans leur rôle d’éveilleur de conscience, ont travaillé pour la transparence, la justice et l’équité lors de ce processus électoral. En effet, Social Watch a œuvré aux côtés de Fors élections dans le cadre du déroulement normal du scrutin avec le nouvel outil qu’est la Liste Permanente Electorale Informatisée (LEPI).

Certes, il est difficile de marquer la limite entre l’engagement citoyen et la politique et dans une certaine mesure ma démarche a été interprétée comme partisane, je regrette qu’il en soit ainsi.

Mesdames et Messieurs, Chers membres et sympathisants de Social Watch Bénin, comme vous devez le constater, la période électorale a sérieusement perturbé le déroulement normal des activités du réseau. Le Secrétariat exécutif, aussitôt après l’élection présidentielle, a sorti un planning d’exécution des activités inscrites dans le plan d’action de cette année. Ainsi, la stratégie de communication de Social Watch Bénin au titre de cette année a été validée le 28 mars 2011 au siège en présence de certains membres du comité de coordination, de la cellule de communication et du secrétariat exécutif.

Les contrats de partenariat avec les médias sont finalisés. Pour ce qui concerne le concours de théâtre citoyen 2011, tous les documents y afférents à savoir : règlement intérieur, communiqué de presse, fiche d’inscription sont élaborés et le lancement a eu lieu au cours de la cérémonie du lancement du sixième rapport alternatif 2010, le vendredi 08 avril 2011 dernier.

La formation des organisations de la société civile membres du réseau par zone sud, centre et nord est prévue pour se dérouler après les élections législatives. L’innovation de cette année a consisté à un lancement d’appel à candidature pour la sélection des organisateurs de chaque atelier. Ceci participe du membership qui doit caractériser le fonctionnement d’un réseau.

La formation des professionnels des médias pour cette année a connu également de l’innovation. La sélection des participants à la formation se fera sur la base d’un dossier de candidature déposé au Secrétariat exécutif du réseau. Il en sera de même pour les formateurs qui doivent postuler en prouvant leurs aptitudes, compétences et intérêts pour les thématiques à développer au cours de la formation. Celle-ci se déroulera en deux phases à savoir une session pour les professionnels de la presse écrite et une pour ceux de l’audiovisuel.

Les ateliers communaux dans le cadre du projet ASOSC/CCAP appuyé par la Coopération suisse dans le département du Borgou sont programmés pour ce mois et le niveau des préparatifs est avancé.

Le projet santé prévoit dans la troisième semaine de ce mois une formation préparatoire dans le cadre du plaidoyer en vue de l’instauration de la reddition des comptes dans le secteur de la santé particulièrement dans les trois zones sanitaires d’étude du projet.

Enfin, il est important de rappeler que cette année marque la fin de notre plan d’action avec l’Ambassade et nous devons mener les activités dans les délais afin de pouvoir respecter nos engagements avec nos partenaires. Je ne doute pas un seul instant du dévouement des uns et des autres, mais j’exhorte tout un chacun à œuvrer d’avantage et avec détermination pour le rayonnement du réseau au Bénin et dans le monde entier.

Chaleureuses salutations.

Huguette AKPLOGAN DOSSA,
Coordonnatrice Social Watch Bénin

Canada : Le monde à l’envers


Même si le premier ministre identifie la réduction de la mortalité maternelle et infantile dans le monde comme notre «plus importante initiative à l’heure actuelle», les taux de mortalité maternelle augmentent ici même, au Canada. L’Organisation mondiale de la Santé nous apprend que le ratio de mortalité maternelle n’a cessé de croître pendant la dernière décennie. Les femmes de Bosnie-Herzégovine ont aujourd’hui plus de chances de survivre à l’accouchement que les femmes au Canada.

Malgré les 1,1 milliard de dollars promis pour la santé maternelle et infantile dans le monde, aucun investissement ne semble destiné à corriger cette aggravation au pays. Le budget fédéral 2011 aurait plutôt choisi d’investir 24 millions dans la recherche visant à réduire le taux de mortalité des porcelets.

L’économie est peut-être la principale préoccupation de l’électorat canadien, mais au cœur du débat sur les dépenses et les impôts, se trouvent des priorités qui se traduisent par des choix économiques. Le Plan d’action économique du gouvernement Harper favorise la création d’emplois dans des secteurs où peu de femmes travaillent, érode les filets de sécurité qui protègent les Canadiennes et les Canadiens pendant les périodes économiques difficiles et offre des allègements fiscaux dont bénéficient très peu de femmes.

Au Canada, les deux tiers de toutes les mères ayant des enfants de moins de six ans occupent des emplois rémunérés. Le gouvernement Harper a annulé un plan pancanadien de services de garde qui fournirait aujourd’hui à tous les parents qui travaillent à l’extérieur un accès à des services de garde sécuritaires et abordables.

«Dans les régions nordiques et rurales du Canada, des femmes n’ont pas accès aux services médicaux de base. Des femmes enceintes sont obligées de parcourir seules de longues distances, laissant souvent à la maison leurs enfants plus âgés, pour attendre durant des semaines d’accoucher dans des centres régionaux», explique Mira Hall, présidente de l’AFAI. «Notre gouvernement devrait travailler à ce que toutes les Canadiennes et Canadiens aient accès aux services essentiels et puissent combler leurs besoins de base, au lieu de prioriser le bien-être des personnes déjà bien nanties.»

Source : Alliance canadienne féministe pour l’action internationale (AFAI)

Un impôt contre la faim, le changement climatique et la crise économique
Le 13 avril, plus de 1.000 économistes de 53 pays ont adressé une lettre aux ministres d’Économie du G-20, qui se sont réunis le jour après à Washington, pour les inciter à mettre en marche le taux Robin Hood en vue de lutter contre la pauvreté, les effets du changement climatique et la réduction des inégalités sociales.  

La missive a également été adressée à l’entrepreneur Bill Gates, à qui le président français Nicolas Sarkozy, en qualité de président du G-20 en 2010, a commandé une étude sur les voies innovatrices de financement au développement.

Cette initiative a de plus en plus le soutien de gouvernements tels que ceux de France et d’Allemagne, qui appuient la mise en place d’un impôt de 0,05% aux transactions financières spéculatives, et d’économistes de renom tels que les prix Nobel Paul Krugman et Joseph Stiglitz.

Parmi les signataires, Jeffrey Sachs, directeur de l’Earth Institute de l’Université de Columbia et conseiller spécial du secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) Ban Ki Moon, Christian Fauliau, ancien responsable à  la Banque Mondiale, Dani Rodrik, de l’Université de Harvard et Ha Joon Chang, de celle de Cambridge, sont à souligner.

“Il est temps que le G-20 arrive à un consensus en faveur du taux [Robin Hood] aux transactions financières pour aider les pays en voie de développement qui luttent contre la faim, le changement climatique et la crise économique qu’ils ont provoqués. Ce taux doit contribuer aussi de manière plus juste et efficace à la consolidation fiscale de nos pays”, a dit Sachs.

L’initiative a aussi le soutien de personnalités d’universités espagnoles telles que l’université Complutense, la Pontificia Comillas et celle du Pays Basque. Des économistes d’institutions académiques espagnoles telles que le Real Instituto Elcano et les fondations Alternativas e IDEAS ont également rejoint cette initiative.

La lettre remise aux ministres rappelle que “la crise a mis en évidence les risques dérivés du manque de régulation de l’activité financière et de la déconnexion de plus en plus croissante face à l’économie réelle. Le secteur financier a maintenant la responsabilité de contribuer à réparer le dommage que ses excès ont causé et de rendre à la société une juste part des bénéfices obtenus. L’application d’un taux de 0.05% découragerait aussi la spéculation excessive qui sont à l’origine des déséquilibres économiques actuels”.
 
Selon la missive, on pourrait, en appliquant le taux Robin Hood, réunir plus de 300.000 millions d’euros annuels pour aider des milliers des personnes qui souffrent les effets de la crise économique et le changement climatique.

“Le G20 doit écouter ce mouvement international qui grandit chaque jour et auquel viennent s’ajouter les spécialistes en matière économique. La grande quantité d’adhésions de cette initiative, au niveau de l’élite de la pensée économique mondiale, la rend incontestable”, a dit le porte-parole d’Intermón Oxfam, Susana Ruiz.

Source: Intermón Oxfam

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