Honduras: Commission contre les Fémicides réclament une législation adéquate

Conférence de presse de la
Commission contre les Fémicides
-Honduras. (Photo : CEM-H)

Sources: CEM-H, Minga Informativa de Movimientos Sociales, El Heraldo

Les organisations de la société civile intégrant la Commission contre les Fémicides au Honduras ont manifesté leur indignation et leur inquiétude face à l’augmentation du phénomène dans le pays et le « peu ou le manque d’intérêt » qu’elles reçoivent à ce sujet de la part des autorités.

« Le fémicide continue à être l’expression extrême de la violence contre les femmes basée sur le pouvoir de contrôle et l’emprise des hommes sur nous, nos corps et nos vies », ont-elles averti.

« Les agressions et meurtres contre les femmes sont devenus des faits systématiques et habituels dans le pays », a signalé la Commission dans une conférence de presse ; parmi ses intégrants figure le Centre d’Études de la Femme (CEM-H, point focal de Social Watch). « Selon la Fiscalía Especial de la Mujer (Bureau du Procureur spécial de la femme), de janvier à juin 2010, 178 fémicides ont été enregistrés et dans la même période de 2011, leur nombre atteignait 192, c’est-à-dire qu’il y a eu une augmentation de huit pourcent en un lapsus de temps très court ».

Le mandataire des Droits de l’homme du Honduras, Ramón Custodio, a informé qu’entre 2002 et le premier semestre 2011, environ 2.400 femmes sont décédées de manière violente. Soixante-dix pourcent des victimes avaient entre 15 et 40 ans et celles qui étaient le plus exposées au meurtre avaient entre 20 et 24 ans, selon le journal El Heraldo.

La Commission de la société civile a rappelé lors de la conférence de presse que le 23 août le projet de loi contre le Fémicide et d’autres Formes de Violence contre la Femme est entré au Congrès national. Ce projet typifie, entre autres dispositions, le fémicide comme délit.

Cependant, selon les organisations, « plutôt que d’avoir des lois irréfléchies, il faut de l’intérêt et de l’engagement réels de la part des responsables de la gestion du pays, de ceux/celles qui travaillent pour la justice et de ceux qui sont censés garantir la sécurité des citoyen(ne)s. En somme, il faut des institutions renforcées et dynamiques, éthiquement responsables et politiquement cohérentes avec les principes des droits de l’Homme, des qualités dont on est malheureusement démuni, surtout depuis le coup d’État, ont-elles averti.     

« Pour qu’une loi contre le fémicide et la violence contre les femmes soit efficace, il faut effectuer une consultation, il faut une large consultation et le consensus auprès d’organisations de femmes et de féministes, en marge de tout intérêt partisan ou sous l’excuse d’un plan de sécurité régionale qui ne fera qu’augmenter des budgets destinés à l’armement et à contrôler la vie des citoyen(ne)s », ont-elles ajouté.      

 

 

En outre, elles ont considéré que l’initiative législative « part de principes selon lesquels les femmes ne sont pas considérées comme étant des sujets de droit ; elle contient une série d’incohérences et d’imprécisions qui pourraient laisser des lacunes légales favorisant l’impunité et plaçant le fémicide comme synonyme d’homicide, ce qui dépolitise le terme adopté par le mouvement féministe, sur le plan international et national, du moment où les rapports inégaux de pouvoir et les causes structurelles de la violence contre les femmes sont cachés et ne sont pas considérés.»

« Nous avons exigé au Congrès national de ne pas approuver une loi typifiant le fémicide, sans avoir effectué une large consultation auprès d’organisation et d’institutions qui défendent les droits des femmes », ont-elles conclu. 

Ce prononcé a été rendu public le 31 août, deux jours après que le Réseau féministe centraméricain contre la violence envers les femmes, réunie à Antigua Guatemala, exprime son effroi « pour le recul évident quant à la reconnaissance et à la garantie des droits humains des Femmes, en particulier, pour la violence spécifique que vivons nous les femmes dans différents contextes, laquelle demeure invisible, spécialement à cause de la surenchère des scénarios où il y a des conflits politiques, des réseaux du crime organisé et du militarisme ».

« Nous sommes également inquiets par la position des perspectives fondamentalistes et familistes existantes dans nos États majoritairement laïcs, qui portent atteinte aux droits sexuels et reproductifs et à la vie et à la santé des femmes de tous les âges », ajoute la déclaration du Réseau.

« Cette situation favorise dans la région l’augmentation soutenue du nombre de fémicides qui se produisent non seulement dans les relations de couple mais aussi dans toutes les relations de pouvoir inégal entre hommes et femmes, ce qui touche particulièrement les femmes adolescentes, une situation qui provoque en plus une aggravation des cas de violence sexuelle, d’exploitation sexuelle et de la traite des femmes. Face à ce panorama inquiétant, nous soulignons la faiblesse des institutions responsables quant à l’application de la justice et à la garantie de la sécurité pour toutes les femmes, ce qui ne fait que légitimer et encourager l’impunité des agresseurs, provoquer le désespoir et aggraver le manque de confiance à l’égard des institutions des États ».