Le Bénin: Pour un cadre de developpement post 2015 efficace

Projet d'agriculture durable au
Bénin: les pauvres ne sont pas
toujours bénéficiés.
(Photo: Eskinder Debebe/NU)

« Les OMD n’ont guère induit les changements et résultats escomptés notamment au Bénin » conclut le rapport de la coalition Social Watch dans ce pays ouest-africain, car « le modèle actuel de croissance alimentée par le haut ne bénéficie pas assez à la population ».

Après avoir surveillé la mise en œuvre des politiques sociales au niveau national, régional et local depuis de nombreuses années, Social Watch-Bénin se sent maintenant en droit de conclure que, en dépit de l'engagement solennel pris par la Déclaration du Millénaire de mettre l'accent sur l'extrême pauvreté, « les OMD ont négligé des secteurs essentiels pour les plus pauvres, comme l’agriculture, alors que trois quarts des plus pauvres en vivent et que la pauvreté urbaine découle en partie de l’insuffisance du développement rural ».

Gustave Assah, coordinateur national de Social Watch-Bénin et principal auteur du rapport, conclut que « l’approche des OMD reste essentiellement quantitative. Ceci ne permet pas de prendre pleinement en compte une approche pluridimensionnelle de la pauvreté. L’interdépendance entre l’éradication de la pauvreté et la prise en compte des inégalités, notamment par des politiques de redistribution, est insuffisante dans les OMD. » Au lieu de considérer des politiques de redistribution, « la logique des OMD a essentiellement favorisé l’essor de politiques ciblant les populations se situant à proximité du seuil de pauvreté et pouvant donc le plus rapidement le dépasser ».

Dans le secteur de l’éducation, par exemple, la pauvreté reste le principal obstacle à l’atteinte de l’objectif de scolarisation universelle et les principaux bénéficiaires des politiques menées depuis dix ans ont été « les moins pauvres des plus pauvres ». La réalisation des OMD est mesurée au niveau national sans prise en compte des disparités fortes qui existent entre les milieux rural et urbain.

Selon Social Watch-Bénin, les OMD ont été « essentiellement conçus par les pays développés sans la participation effective des pays pauvres concernés ». Le cadre général « perd en cohérence en mêlant et plaçant sur le même plan des objectifs  hétérogènes ». En plus, l’approche quantitative des OMD « a également fortement influencé le cadre opérationnel mis en place pour atteindre ces objectifs, générant une forte dépendance externe en termes d’expertise ».  Les OMD se concentrent sur l’accès au détriment de la qualité dans certains secteurs, comme celui de l’éducation.

Le rapport conclut qu’un « développement endogène » a été absent de l'agenda des OMD, et qu'une nouvelle approche devrait être plus qualitative, inclusive et prendre en compte les inégalités.

Un cadre futur post-2015 devrait être de portée universelle, conclut Social Watch-Bénin, avec des objectifs de développement durable partagés par tous les pays, pendant que les objectifs et les cibles tiennent compte des différents niveaux de développement.

Ce nouvel agenda du développement doit intégrer la représentation des organisations de la société civile dans la gouvernance mondiale et prendre en compte tous les acteurs organisés, publics et privés, mais aussi consulter et intégrer pleinement les préoccupations des personnes vivant dans la pauvreté qui manquent souvent de représentation institutionnalisée.
Social Watch-Bénin met l'accent sur la nécessité de diversifier les sources de financement du développement durable, avec « une plus grande mobilisation des ressources domestiques, par un appui notamment aux réformes fiscales, au développement des financements privés, et des financements innovants ». Le suivi du cadre « doit être plus participatif et transparent que ne l’a été l’évaluation de la réalisation des OMD » et en vue d'accroître la responsabilisation des gouvernements, le système de suivi doit prendre en compte, ainsi que les rapports établis par les bureaux gouvernementaux et les agences des Nations Unies, les évaluations menées par des acteurs non étatiques de développement et en particulier les retours des populations concernées, par l’intermédiaire des organisations de la société civile.

Source
Social Watch Benin Rapport 2013 : http://bit.ly/Tkq1aj