Inondations en Amérique Centrale font augmenter la dette environnementale du Nord industriel

Inondations en Salvador.
(Photo: Ricardo Segura/Flicrk)

Les gouvernements de l’Amérique Centrale, où les inondations ont provoqué la mort de plus d’une centaine de personnes au cours de trois semaines, ont exigé mardi au Nord riche d’observer “l’obligation morale” de “payer sa dette environnementale”. “Le développement industriel qui a débuté en 1850 est le principal responsable du changement climatique que nous subissons à présent” et les pays qui ont tiré profit de ce processus ont “le devoir de contribuer aux dépenses de prévention et de reconstruction », ont-ils déclaré dans un sommet tenu à San Salvador.

Les pays industrialisés « sont responsables des émissions de dioxyde de carbone » et les pays pauvres « nous ne pouvons pas continuer à en recueillir les effets en termes de morts et de destruction » de cultures et d’infrastructure, a averti Mauricio Funes, président d’El Salvador, après la tenue du sommet. 

L’augmentation de la fréquence des événements météorologiques extrêmes tels que les ouragans, les inondations et les sécheresses est attribuée par la plupart des scientifiques à l’émission de gaz à effet de serre. C’est-à-dire que les responsables sont les pays riches et ceux qui souffrent sont les pays les plus pauvres.

Cependant, la combustion des énergies fossiles ne contribue pas au développement économique des pays. Certes, cela a été mis en évidence à l’occasion de la publication du mois en cours de l’Index de Capacités Basiques 2011 de Social Watch. « Il y a des pays qui ont diminué l’indice de mortalité infantile à des niveaux similaires à ceux des États-Unis mais en émettant dix fois moins de gaz à effet de serre que ce dernier », a dit Roberto Bissio, coordinateur de ce réseau mondial d’organisations de la société civile. « Par conséquent, nous ne devons pas croire qu’une meilleure qualité de vie exige des types de consommation et de production qui détruisent l’environnement. »

Le scientifique Friedrich-Wilhelm Gerstengarbe, de l’Institut pour la Recherche sur l’Impact du Climat de Postdam, a dit à l’agence de presse IPS que le changement climatique et les températures globales de plus en plus élevées qui en résultent, ont accentué les phénomènes d’El Niño et de La Niña, qui ont lieu régulièrement, ce qui a eu comme conséquence de sévères inondations en Australie et en Asie méridionale, et la sécheresse intense qui a fait que la Corne de l’Afrique s’enfonce dans la famine cette année.

« Pendant des années, les pluies ont été au-dessous de la moyenne en Afrique oriental à cause de La Niña. Mais cette année la sécheresse a été extrême et a provoqué la catastrophe humanitaire actuelle en Somalie et dans d’autres régions environnantes », a dit, aussi à IPS, Jean-Cyril Dagorn, responsable des programmes environnementaux d’Oxfam France.

 Dans la Déclaration de Comalapa, les représentants des gouvernements centraméricains touchés par les inondations sans précédents ont averti le monde développé sur le fait qu’il lui faut « réduire de manière significative les gaz à effet de serre » et reconnaitre « la région comme une zone vulnérable à cause de ses émissions ».

En outre, ils ont demandé du « soutien pour la reconstruction » au Fonds Monétaire International, à la Banque Mondiale, à la Banque Interaméricaine de Développement, à l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture et au Programme des Nations Unies pour le Développement.

Ainsi, les gouvernements ont assumé la conviction prédominante entre les scientifiques de la région selon laquelle l’actuelle dépression tropicale 12-E, qui a laissé sans foyer plus d’un million des 42 millions d’habitants de la région, est  due au changement climatique. Divers organismes de l’Organisation des Nations Unies (ONU) considèrent l’Amérique Centrale comme une des régions les plus touchées par ce phénomène d’origine humaine.

La météorologue Lorena Soriano, du Service National d’Études sur le Territoire d’El Salvador,  a affirmé cette semaine que la « pluie extrême », est liée « aux changements climatiques qui sont en train de se produire dans le climat ». Pour sa part, Raúl Artiga, de la Commission centraméricaine de l’environnement et du développement, a dit à l’agence de presse AFP que « le changement climatique n’est pas quelque chose à venir », car « c’est quelque chose que nous souffrons déjà ».

En Amérique Centrale il y a à présent « un inquiétant mélange de variabilité climatique avec beaucoup d’effets du changement climatique » d’origine humaine, selon Maureen Ballestero, coordinatrice pour l’Amérique Centrale de l’Association mondiale pour l’Eau. « Nous vivons les effets » du phénomène et « nous ne pouvons pas fermer les yeux », a-t-elle averti.

« Notre climat est détraqué. Dans la décennie des années 60 et 70 nous avons eu l’impact d’un phénomène atmosphérique dans chaque décennie respectivement. Dans les années 80 il y en eu deux. Entre 2000 et 2010, il y a eu sept phénomènes et dans cette nouvelle décennie nous avons déjà le premier. La question qu’il convient de se poser : combien seront-ils ? se demande Herman Rosa Chávez, le ministre de l’Environnement et des Ressources Naturelles d’El Salvador.

Les 42 millions d’habitants de l’Amérique Centrale attendent maintenant un front froid qui a été annoncé et qui permette de mettre fin aux pluies torrentielles, mais les autorités craignent que cela, une fois survenu, ne produise des poussées de grippe, de dengue et de leptospirose à cause de la situation précaire dans laquelle les orages ont laissé la région. Par-dessus le marché, un autre événement météorologique extrême, l’ouragan Rina, frappe déjà les portes de la région.

La Commission économique des Nations Unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) a averti cette année que l’impact fiscal du changement climatique « touchera les finances publiques pendant plusieurs générations », avec un coût accumulé pour l’année 2100 de 73.000 millions de dollars courants, près de 54% du produit brut régional de 2008. Cependant, Artiga a affirmé que dans les faits les pires prévisions ont déjà été dépassées.

Au-delà du résultat en termes de vies humaines, les inondations ont détruit des ponts, des milliers de kilomètres de chemins et de routes et des millions de dollars en cultures à but commercial et de survie.

Eva Urbina, coordinatrice du Centre d’Études de la Mujer-Honduras (Femme-Honduras) (CEM-H, point focal de Social Watch), a averti mercredi que la faiblesse économique  de divers secteurs de son pays « aggrave les risques environnementaux et les effets du changement climatique », traduits par « les catastrophes cycliques » qui provoquent « de grandes souffrances et des surcharges pour les femmes qui sont à la tête de 95% des foyers ».

La Coordination d’ONG et Coopératives du Guatemala (Congcoop, point focal de Social Watch) avait déjà averti au mois de mai que « le changement climatique influe sans aucun doute sur le manque de sécurité alimentaire » du moment où il provoque une augmentation du prix des céréales et aggrave la pénurie et la malnutrition. La Congcoop et plusieurs organisations d’agriculteurs ont accusé vendredi 21 l’État de la « vulnérabilité environnementale, sociale et économique des paysans nationaux » dont les familles se voient obligées « de  cultiver et de vivre sur les coteaux et sur les rivages de rivières », où ils sont victimes d’inondations et de glissements de terrains à cause du changement climatique.

Ce rapport est basé sur les données provenant des sources ci-dessous :

La Voix de Russie: http://bit.ly/bjzBo5

Agence péruvienne de Presse: http://bit.ly/bCaMUf

El País: http://bit.ly/na1v7k

Observador Global: http://bit.ly/1Wn3rN

Agence AFP

Agence Efe

Proceso Digital: http://bit.ly/QPKji

La Presse Graphique: http://bit.ly/57lFb

Presse Latine: http://bit.ly/mrMq5

Défenseurs en Ligne: http://bit.ly/w1yKCV

La Hora (L’Heure): http://bit.ly/4fCxVe

Association pour l’Unité de Notre Amérique : http://bit.ly/mWu2pO