10 ans du Forum social mondial: célébrations et discussions

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Par: Jana Silverman Coordinatrice de Campagnes et communications Secrétariat international de Social Watch

En janvier 2010, presque dix ans après du premier Forum social mondial (FSM), plus de 35.000 activistes sociaux se sont réunis à Porto Alegre au Brésil, pour débattre sur des sujets aussi divers tels que la conférence sur le changement climatique qui a eu lieu à Copenhague en 2009, la reprise de l’agression militaire des États-Unis en Amérique latine et la croissante criminalisation de la protestation sociale. Le futur du FSM a été analysé ainsi que le rapport entre le Forum, les organisations sociales et les gouvernements progressistes. Le séminaire a été le point de départ d’une série d’activités prévues pour cette année 2010 dans plus de 40 localités différentes dans le monde, comme préparation pour le FSM de 2011 à Dakar, Sénégal. Les membres du réseau Social Watch participeront à ces forums décentralisés ainsi qu’au Forum de 2011 à Dakar.  

En janvier 2001, lorsque le mouvement contre la mondialisation néolibérale était à son apogée, 12.000 personnes se sont réunies dans la ville brésilienne de Porto Alegre pour proclamer qu’« un autre monde est possible » face aux croissants excès du capitalisme, à cette époque représentés par les scandales de corruption qui ont secoué les méga corporations telles qu’Enron et WorldCom. Pour confronter la réunion de Porto Alegre avec celle que les élites patronales tenaient au Forum social économique de Davos, en Suisse, la rencontre a été nommée « Forum social mondial » (FSM), et depuis lors, le FSM a été un important point de rencontre pour les acteurs de la société civile du monde entier. Après presque dix ans de ce point de départ, le FSM est revenu à ses racines brésiliennes lors de la réalisation d’un séminaire, en janvier 2010, pour discuter sur les obstacles et les réussites de ce « mouvement de mouvements ».

Appelé « 10 ans après: défis et propositions pour un autre monde possible », le séminaire international réalisé dans la région du grand Porto Alegre a offert un espace pour que les 35.000 participants, principalement latino-américains, aient pu discuter sur le futur du FSM et de la gauche mondiale en général dans la conjoncture politique mondiale encore touchée par les crises économiques, énergétiques et environnementales. Entre les manifestations d’ouverture et de clôture du séminaire, les activistes sociaux qui y ont participé, y compris Watchers du Brésil et d’Italie, ont analysé divers sujets allant de l’échec de la conférence sur le changement climatique de 2009 à Copenhague jusqu’à la résurgence de l’agression militaire des Etats-Unis en Amérique latine et la croissante criminalisation de la protestation sociale.

En ce qui concerne le forum même, il a été question de sa propre structure (ou de son manque de structure), du besoin de meilleures stratégies dans l’élaboration des politiques sociales et économiques alternatives préconisées par les membres du Forum ainsi que du rapport entre les mouvements sociaux et les ONG qui conforment le Forum et les gouvernements progressistes. Alors quelques-uns des participants, comme Joao Stedile du Mouvement sans terre (MST) du Brésil, ont lancé un appel pour plus d’actions concrètes de la part des  mouvements qui font partie du FSM afin d’encourager la transformation sociale, d’autres, comme Candido Gryzbowski de Ibase (référence de Social Watch au Brésil), ont insisté pour maintenir le Forum comme un générateur d’idées et comme soutien des luttes sociales, au lieu d’être une organisation qui réalise des campagnes elle même. Cependant un accord a été parvenu pour préserver le Forum comme un espace d’élaboration des agendas communes tout en conservant la diversité des mouvements sociaux et des organisations de la société civile qui luttent pour les changements sociaux dans le monde.

Le séminaire de Porto Alegre en janvier a seulement été le point de départ pour une série de Forums décentralisés prévus tout au long de l’année 2010 qui se tiendrons dans plus de 40 localités différentes, allant de la Palestine jusqu’au Paraguay. Les Watchers des pays comme la République Tchèque et les Etats-Unis participeront activement des Forums organisés cette année dans leurs communautés.

Il faut ajouter que les membres de Social Watch Sénégal sont en train de collaborer dans l’organisation du FSM de 2011 à Dakar, qui, quatre ans après le Forum 2007 à Nairobi, Kenya, retourne en Afrique. Selon les organisateurs sénégalais des commissions visant la logistique, les finances, les communications, les mobilisations et la méthodologie ont déjà été établies. Au cours des prochaines semaines, la réservation de l’emplacement où les principales activités du Forum auront lieu sera assurée. En mai, le site web du Forum 2011 sera présenté publiquement. Les expectatives du Forum 2011 au Sénégal sont celles de réussir à diversifier le contenu et les participants du processus FSM ainsi que de permettre une plus grande visibilité dans la société civile au Sénégal et en Afrique Occidentale. Ceci est particulièrement important dans les pays tels que la Guinée et la Côte d’Ivoire, où les organisations de la société civile ont été poursuivies pendant des décennies par des gouvernements répressifs.

Dix ans après, le Forum Social Mondial continue d’être une source d’inspiration et d’énergie pour les activistes progressistes du monde, offrant un espace pour mieux comprendre la conjoncture politique actuelle et pour articuler les initiatives de transformation de la société actuelle vers une société fondée sur les principes de solidarité et de durabilité. Les réseaux internationaux d’ONG, comme Social Watch, doivent continuer de profiter de cet espace pour que l’on puisse ajouter notre voix aux millions de membres de la société civile mondiale qui persistent dans leur lutte pour réaliser leur vision de cet autre monde possible.

Pour plus d’information sur le FSM, voir: www.worldsocialforum.info